Sous traitement, la charge virale est indétectable
Pourtant, Gisèle Pelicot n’a pas été contaminée par le VIH. Un miracle ? Non, répond Florence Thune, directrice de l’association Sidaction, qui a pris l’initiative d’écrire aux journalistes qui couvrent le procès pour apporter des éclaircissements sur ce point, et dénoncer les contre-vérités. « Il s’agit de savoir si l’accusé séropositif est sous traitement ou non. Sachant qu’une personne séropositive sous traitement ne court aucun risque de transmettre le VIH même si elle a des relations sexuelles sans préservatif », a-t-elle expliqué, ajoutant que « cela ne doit pas faire l’objet de débats ni provoquer de buzz médiatique ». « . Et de poursuivre : « Cet homme est accusé de viol et c’est pour cette raison qu’il est jugé. S’il ne suivait pas le traitement, alors oui il y aurait un risque de contamination. »
« Présenté comme un danger ambulant »
Au fil des débats, il apparaît que Romain V aurait été diagnostiqué en 2004, et commencé un traitement à cette date, bien avant les faits reprochés, en 2019 et 2020, « sa charge virale pourrait alors en effet être indétectable ». « Reste à savoir s’il dit la vérité », rétorquent les journalistes, surpris que « l’avocat de l’accusé ne soit pas intervenu pour éclaircir ce point, et n’ait pas produit de certificats médicaux. » Reste aussi que le mécanisme de la contamination est loin d’être connu du grand public.
Florence Thune, directrice de l’association Sidaction, s’est également émue du traitement médiatique réservé à cet accusé. « La manière dont cet aspect du procès est traité me dégoûte », a-t-elle écrit dans un message aux journalistes. « Les personnes séropositives sont présentées comme des dangers ambulants sans aucune considération de ce qu’est le VIH aujourd’hui », dénonce le réalisateur. « Cet homme est accusé de viol et c’est assez grave sans qu’il soit nécessaire d’ajouter des informations qui alimentent la discrimination et ruinent des années de prévention et de lutte contre la stigmatisation des personnes séropositives. » Florence Thune s’insurge également que les circonstances de sa contamination soient à l’ordre du jour des futurs débats. « Mais qu’est-ce que cela a à voir avec les faits allégués ? » demande-t-elle.