Deux mois après sa nomination, la méthode Barnier mise à l’épreuve

Deux mois après sa nomination, la méthode Barnier mise à l’épreuve
Deux mois après sa nomination, la méthode Barnier mise à l’épreuve
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Le Premier ministre Michel Barnier et le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, Antoine Armand, à l’issue du conseil des ministres, à l’Elysée, à Paris, le 15 octobre 2024. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »

Michel Barnier n’a pas voulu hausser le ton. C’est sans colère apparente, selon les participants, que le lundi 4 novembre, le Premier ministre a demandé aux membres de son gouvernement de bien vouloir montrer “esprit d’équipe”. “C’est très important de soigner le collectif”, insiste-t-il depuis la salle du conseil de Matignon, où se tient le deuxième séminaire du gouvernement depuis la nomination, le 21 septembre, de ses 41 ministres et secrétaires d’Etat.

Lire la chronique | Article réservé à nos abonnés « L’ambition de Michel Barnier, à ce stade, est plus une méthode qu’un projet de transformation »

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Michel Barnier, qui se sait menacé à tout moment d’une motion de censure, poursuit d’une voix apaisée : « Nous progresserons pour mieux décider ensemble et nous écouter avant de prendre des décisions, malgré les circonstances extrêmement urgentes. » Autour de l’immense table recouverte de rouge, le public n’est guère ému. Pour cause, la déclaration « ne viser personne », on jure rue de Varenne.

Le Premier ministre, qui imagine projeter son gouvernement dans un plan de réformes s’étalant jusqu’en 2027, défend un style qui, contrairement à celui d’Emmanuel Macron, n’est pas ponctué de coups de poing sur la table et de réprimandes envers ses ministres. “Il n’est pas dans la corporalisation”, défend son poste. Dommage si son gouvernement « Frankenstein », selon un proche du chef de l’Etat, est composé de représentants de la droite dure, de centristes et d’anciens socialistes qui peinent à s’entendre, se critiquent en coulisses et contestent parfois ouvertement son pouvoir. autorité.

« Michel Barnier n’est pas un ministre dompteur ! »

L’ancien Parti socialiste (PS) Didier Migaud, devant le tribunal, comme la macroniste Agnès Pannier-Runacher, chargée de la transition écologique, ont laissé entendre, mi-octobre, qu’ils pourraient claquer la porte si leur budget n’était pas adapté ? Il ne décroche pas. Peu importe d’ailleurs que le locataire de la place Beauvau, Bruno Retailleau, du parti Les Républicains (LR), dérange certains de ses homologues de gauche en parlant de « mexicanisation » du pays, au lendemain d’événements dramatiques liés au trafic de drogue.

Le locataire de la rue de Varenne ne cherche pas à faire baisser la tension. Il est également resté silencieux lorsque son ministre chargé de la sécurité au quotidien, Nicolas Daragon (LR), a plaidé, le 31 octobre, pour reprendre le contrôle des flux migratoires en attaquant “l’étranger” de l’Assemblée nationale. « L’agresseur étranger, dehors ! L’étranger qui viole, dehors ! L’étranger islamiste, dehors ! L’étranger voleur, harceleur, agresseur, trois fois éliminé ! »avait affirmé ce proche de Laurent Wauquiez, le chef de file des députés LR à l’Assemblée, recevant une standing ovation des députés du Rassemblement national (RN) et suscitant la crainte d’une autre partie de l’Hémicycle. « Nous étions plusieurs à paniquer »affirme l’ancienne porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot, députée (Renaissance) des Hauts-de-Seine, estimant que“En imitant le RN, certains ministres finiront par devenir RN”.

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