Vote du 24 novembre –
L’élargissement de l’autoroute A1 engorgerait Genève et Nyon
Une étude commandée par l’ATE estime que la construction d’une 3e voie entre Nyon et Le Vengeron déséquilibrerait la mobilité sur l’ensemble du bassin lémanique.
Publié aujourd’hui à 10h55
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- Une étude commandée par l’ATE critique l’élargissement de l’A1 entre Nyon et Le Vengeron.
- L’impact le plus négatif concernerait essentiellement Genève et les carrefours de Nyon et Coppet.
- Pour Brenda Tuosto (PS/VD), c’est la preuve qu’un tel projet va à l’encontre de la mobilité de demain.
- Dans le camp du oui, Mauro Poggia (MCG/GE) estime au contraire cet élargissement nécessaire pour fluidifier la circulation.
L’élargissement de l’A1 est-il la solution miracle pour améliorer la fluidité du trafic ou un cauchemar qui entraînera des embouteillages dans les villes ? Cette question, inhérente au vote du 24 novembre, est au cœur d’une étude indépendante commandée par l’ATE. Vingt-sept pages que nous avons pu consulter et dont la conclusion est sans appel.
«En induisant un volume de trafic supplémentaire important, le prolongement de l’A1 entre Nyon et Le Vengeron va déséquilibrer un ensemble cohérent dans la mobilité lémanique», écrit l’auteur de l’étude, Yves Delacrétaz, professeur à la Haute École spécialisée d’Yverdon. Pour lui, l’impact sera particulièrement négatif pour Genève et autour des carrefours de Nyon et Coppet (VD).
Pour parvenir à ce résultat, l’étude brise les idées reçues sur cet itinéraire très emprunté par les navetteurs. Une autoroute surchargée ? Faux, selon l’auteur. « La capacité maximale de l’A1 est de 4 000 véhicules par heure et par sens. Toutefois, cette valeur est rarement atteinte, selon les décomptes fédéraux. Évidemment, plus on se rapproche de la saturation, plus un événement ponctuel – accident ou chantier – peut provoquer des embouteillages.»
Aucun rapport de trafic
Il note cependant un point noir, le goulot d’étranglement du Vengeron à l’entrée de Genève. «Avec 3.800 véhicules par heure matin et soir en provenance de Lausanne, des embouteillages s’y forment en raison de la configuration de l’échangeur, qui oblige les véhicules à changer de voie. Cela réduit la capacité localement. Elle réfute également l’argument d’un transfert du trafic de l’autoroute vers les routes cantonales. « Cela n’arrive que lors d’événements ponctuels. Les chiffres du canton de Vaud montrent que le trafic routier sur ces tronçons est en baisse.
Pour Yves Delacretaz, élargir l’autoroute est donc un non-sens. «Les chiffres, tant vaudois que genevois, montrent que les flux automobiles n’ont pas augmenté depuis une dizaine d’années, malgré une forte croissance démographique.» Il conteste ainsi les prévisions de l’Office fédéral des routes, qui se fonderaient « sur la perpétuation de tendances anciennes et non actualisées ».
Comme un jeu de dominos
Si l’élargissement de l’A1 n’est pas indispensable, sa réalisation aurait un effet néfaste. Parce qu’une telle infrastructure va « auto-générer son propre trafic » (le fameux trafic induit) et en raison d’un report modal « inversé », à savoir des navetteurs qui quittent le train pour prendre la voiture. « À contre-courant des objectifs climatiques », précise l’auteur.
Tel un jeu de dominos, ce trafic supplémentaire poserait d’autres problèmes, notamment à Genève. «Alors que le Canton souhaite réduire de 40% la circulation sur son territoire et élargir son autoroute de contournement pour en faire un périphérique efficace et ainsi empêcher les véhicules d’entrer en ville, ce flux supplémentaire en provenance du Canton de Vaud ruinerait les efforts consentis. en saturant à nouveau cet axe. En contradiction avec la vision des pouvoirs publics.
Le projet d’élargissement provoqué par l’élargissement de l’A1 aurait enfin des conséquences pour les communes situées à proximité des carrefours de Coppet – où arrive le trafic transfrontalier en provenance de Divonne – et de Nyon, où commence (et finit) la route. 3e voie, car les routes d’accès devront être adaptées pour absorber ce trafic supplémentaire. « Pour limiter les nuisances, il faudrait sans doute construire de nouvelles infrastructures qui généreraient à leur tour plus de trafic », craint Yves Delacrétaz.
Pour le camp du non, “cette expertise confirme que ce vote ne résoudra pas les problèmes d’embouteillages, au contraire il va les aggraver”, réagit Brenda Tuosto (PS/VD). Elle rappelle que « les fonds fédéraux ne sont pas extensibles, tout comme le territoire. La concurrence entre route et rail sera inévitable dans la région lémanique, freinant ainsi le développement du rail en Suisse romande. À l’heure où les défis budgétaires et climatiques mettent à mal notre société, les politiques doivent pouvoir privilégier les investissements plutôt que les solutions pragmatiques et durables.»
“C’est urgent”
En revanche, ce rapport n’ébranle pas le camp du oui. “Le problème de ces études, c’est qu’elles reposent sur des projections”, réagit Mauro Poggia (MCG/GE). Cependant, personne ne sait à quoi ressembleront les modes de transport et la mobilité de demain. Entre le télétravail, les véhicules autonomes et l’utilisation des autoroutes par les transports publics, beaucoup de choses peuvent changer. Sans oublier la réservation éventuelle d’une voie pour le covoiturage aux heures de pointe. En revanche, il y a des faits, à savoir que l’axe Lausanne-Genève est surchargé. Sachant que le rail ne pourra pas résoudre ces problèmes de fluidité avant 2060, il est juste de se concentrer sur l’élargissement de l’autoroute là où cela est urgent.
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Florent Quiquerez est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2015. Spécialisé en politique, il couvre principalement l’actualité fédérale. Auparavant, il a travaillé comme correspondant parlementaire des Radios Régionales Romandes.Plus d’informations
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