Après une semaine derrière les barreaux, un deuxième militant écologiste accusé d’avoir bloqué la circulation sur le pont Jacques-Cartier a été libéré sous conditions mardi. Le troisième militant toujours détenu est un « prisonnier politique », s’insurge la défense.
Les militants écologistes Olivier Huard, Jacob Pirro et Michèle Lavoie ont fait sensation la semaine dernière, lorsque deux d’entre eux ont escaladé le pont Jacques-Cartier, bloquant la circulation pendant quelques heures. Ils ont été accusés de méfait public pour avoir entravé la jouissance du pont.
Michèle Lavoie a été la première à retrouver sa liberté, sous conditions, il y a quelques jours. Les deux hommes sont toutefois restés détenus, la Couronne s’étant opposée à leur libération jusqu’à la fin de leur procès afin de ne pas miner la confiance du public dans le système judiciaire.
Une position tout à fait surprenante puisqu’une peine de prison serait particulièrement lourde pour un tel crime.
Lors d’une brève audience mardi au palais de justice de Montréal, l’avocat de Jacob Pirro a annoncé à la Cour avoir conclu une entente avec la Couronne pour libérer l’accusé.
L’homme de 24 ans devra respecter plusieurs conditions de libération. Il lui sera donc interdit de se trouver sur le pont Jacques-Cartier, sauf à bord d’un véhicule pour le traverser.
Aussi, Jacob Pirro ne pourra pas évoquer les accusations criminelles, notamment sur les réseaux sociaux. Il lui sera interdit de posséder du matériel d’escalade ou autres objets d’escalade. Il lui sera également interdit de participer à une manifestation ou à un rassemblement de plus de trois personnes.
Des conditions strictes qui suscitent la colère de la défense.
« Certaines conditions constituent des violations de ses droits. M. Pirro a accepté ces conditions pour être libéré, mais nous ferons une demande de modification de ces conditions. Par exemple, ne pas parler des accusations portées dans les médias. Même s’il est accusé, il ne peut pas venir discuter de l’affaire avec vous [les médias] », a déploré M.e Barbara Bedont, l’avocate des militants, en point de presse.
L’enquête sur la libération d’Olivier Huard est toujours prévue jeudi au palais de justice de Montréal.
D’après M.e Bedont, Olivier Huard est carrément un « prisonnier politique ».
“M. Pirro a dû accepter ces conditions pour sortir d’un horrible centre de détention. M. Olivier Huard a décidé de ne pas accepter les violations de ses droits et a entamé une grève de la faim. Et il est désormais isolé. M. Huard ne devrait pas être en détention. Il n’y a aucune raison légale pour sa détention », a déclaré M.e Bedont.
La porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), Mme.e Annabelle Sheppard, a défendu l’intégrité de son organisation.
« Le DPCP est indépendant du politique. Toutes les décisions sont prises indépendamment de la politique et sans pression extérieure. C’est basé sur les faits. »
Tableau des conditions à respecter
- Respect d’un couvre-feu la nuit
- Ne contactez pas les coaccusés
- Interdiction de faire référence publiquement à des accusations
- Interdiction de posséder du matériel d’escalade
- Interdiction de participer à une manifestation