Elle n’est pas du genre à se morfondre. Et pourtant, sa jeunesse n’a pas été de tout repos. Mathilde Cabanis avait 21 ans lorsque sa vie a basculé. Etudiant à l’École Supérieure de Commerce de La Rochelle, cet étudiant plein de vie, marqué par une enfance heureuse, a toujours eu une ambition sans faille. Seulement voilà : du jour au lendemain, son quotidien se transforme en cauchemar. Alors qu’elle se trouvait à Katmandou au Népal dans le cadre d’une mission humanitaire, la jeune femme a été victime d’un accident vasculaire cérébral, une crise cérébrale qu’elle n’a pas vu venir. “Un matin, je me lève avec le bras gauche un peu engourdi mais je ne suis pas spécialement inquiet”se souvient-elle tout en expliquant qu’elle a déchanté au fil de la journée. Alors qu’elle est à l’école où elle travaille avec les enfants, Mathilde ne peut plus du tout écrire au tableau. Mais encore une fois, elle ne s’alarme pas. Le soir, son « le pied trébuche » quand elle marche. Penser à lui-même “très fatigué”Mathilde pense alors qu’il est grand temps d’aller dormir.
Mais la nuit n’améliore en rien sa situation. Bien au contraire. « Le lendemain matin, je me réveille, je me lève pour aller aux toilettes et je m’effondre, je tombe de mon lit. Je ne peux pas me lever. J’ai tout le côté gauche qui ne répond plus”, explique-t-elle en se remémorant son désarroi face à cette situation. « Quand je m’effondre, je suis à des milliers de kilomètres d’imaginer que je suis en train de faire un accident vasculaire cérébral. Pour ma part, j’ai un nerf pincé”.
A l’hôpital de Katmandou, Mathilde passe un scanner et commence à avoir peur. Les médecins lui parlent d’une hémorragie interne et de la présence possible d’une tumeur au cerveau. A partir de là, un choix s’impose à elle. Celui de réaliser des examens complémentaires sur place ou d’être rapatrié en France. Sans grande surprise, la jeune femme, désorientée par toute cette situation, a choisi de rejoindre sa famille et de poursuivre ses soins en France.
“J’avais peur pour ma vie”
Rapatriée d’urgence fin juin 2011, Mathilde passe alors une IRM, un examen qui permet aux médecins de comprendre l’origine de ses maux… un accident vasculaire cérébral. « On m’explique qu’il n’y a pas d’âge pour avoir un AVC. Que même les fœtus subissent des accidents vasculaires cérébraux dans l’utérus et que nous sommes tous potentiellement à risque. ». A cet instant précis, tout son côté gauche ne répond plus, un véritable coup dur pour cette gauchère qui va devoir apprendre à vivre complètement différemment. Elle craint alors une vie de dépendance. “Je ne sais pas si je réussirai à terminer mes études, à trouver un appartement, à vivre seule, j’envisage tout de suite de vivre aux crochets de mes parents”une idée qu’il n’aime pas du tout.
Concrètement, son accident vasculaire cérébral a été provoqué par une malformation du cerveau, une malformation inopérable. Face à cette nouvelle, Mathilde imagine le pire. Mais les médecins la rassurent et l’informent des conséquences concrètes de cette agression sur son quotidien. Sa vie prendra alors l’un des deux chemins possibles : comme les médecins lui expliquent, sa malformation peut devenir très active et provoquer des accidents vasculaires cérébraux à répétition ou, par hasard, elle peut ne plus répondre et partir libre pendant quelques années. “Je vis avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête et cette menace est assez insupportable à vivre au quotidien car je commence à avoir peur de tout.”
Malheureusement, au cours de l’année suivante, Mathilde subit des accidents vasculaires cérébraux, un phénomène qui ne la rassure pas. “Cela me fait craindre pour ma vie” explique-t-elle tout en partageant son état de détresse. Finalement, les médecins décident de pratiquer une opération au laser sur son cerveau pour tenter de détruire cette malformation, mais à son grand désarroi, l’opération n’a pas l’effet escompté, et la tumeur finit par grossir. “C’est embêtant parce que ça ne marche pas” mais du côté positif, la tumeur devient si grosse dans son cerveau qu’elle peut être retirée beaucoup plus facilement.
Opérée à nouveau en décembre 2012, elle passe ensuite six mois dans un centre de rééducation où elle tente de retrouver une pleine mobilité de son bras et de sa jambe gauche. « Mon objectif était d’être indépendant le plus rapidement possible ». Aujourd’hui, Mathilde marche et a même récemment gravi le Mont Fuji. “Je pense que j’ai réussi à récupérer autant que possible” explique-t-elle en rappelant qu’elle a encore une boiterie et un ascenseur à carbone pour marcher. La mère de 34 ans a également perdu l’usage de sa main gauche, ce qui n’a pas été le cas. “Je n’ai plus jamais réussi à travailler”.
«Je ne me suis jamais autant affirmé»
Mathilde relativise toutefois. « Vivre après un accident vasculaire cérébral n’est pas la chose la plus facile. La convalescence est assez indispensable et assez difficile mais en revanche, ce n’est pas une fin en soi ». Mariée et mère de deux enfants, la trentenaire mène désormais une vie professionnelle « épanouissant ». Pour elle, rien n’est impossible après une agression. Il suffit juste, selon son expérience, d’identifier « ce qui n’allait pas dans la vie d’avant pour l’adapter dans la vie d’après » et bien sûr, pour éliminer tout stress, « grand facteur de risque d’accident vasculaire cérébral ».
Quant au mental, il s’est renforcé chez lui. « On associe toujours le handicap à la faiblesse et pour moi c’est tout le contraire. Quand on traverse des éléments de vie qui sont très difficiles pour certains, et j’ai eu la chance d’en faire partie, ça va renforcer le caractère et je ne me suis jamais autant affirmé. a-t-elle confié, précisant qu’elle n’avait jamais été aussi sûre d’elle qu’aujourd’hui. “Tout peut m’arriver, je peux tout traverser.”
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En cette Journée mondiale de l’AVC, Mathilde a souhaité rappeler les signes avant-coureurs d’un accident vasculaire cérébral, signes facilement détectables grâce à la technique FAST (acronyme anglais de Face, Arm, Speech and Time). Ainsi, si le visage de la personne concernée vous paraît inhabituel, si l’un de ses deux bras reste pendant ou si elle parle de façon étrange, appelez immédiatement les secours pour permettre une prise en charge efficace et rapide.