Mais selon certains principes de la laïcité intégrale, c’est tout l’édifice laïc qui est en train de s’effondrer, la menace religieuse est à nos portes, nous pourrions perdre les acquis de la Révolution tranquille. Attention, Dieu est de retour ! Et il nous attend au coin de la rue, déguisé en Allah.
On se calme.
Oui, le cas de l’école de Bedford est grave, mais nulle part dans le rapport je n’ai lu que les enfants avaient été endoctrinés dans la religion, que le Coran était enseigné pendant les heures de classe, qu’ils étaient obligés de prier, bref que l’école fonctionnait dans les un cadre religieux, à l’image de nos écoles catholiques d’antan où la religion dictait tout ce qui se passait entre leurs murs.
Le rapport parle principalement d’échecs éducatifs, d’intimidations, d’un environnement toxique et du refus de reconnaître que certains enfants ont des besoins particuliers. L’attitude des enseignants sanctionnés et les actions qu’ils ont pu mener se situent davantage sur le plan culturel, voire idéologique, que religieux, même si la dimension culturelle de la religion ne peut être complètement mise de côté.
Quand on apprend que nous avons déjà utilisé dans cette école des manuels scolaires périmés d’Afrique du Nord, on peut se demander s’il ne s’agit pas d’un « c’était mieux au pays » (la communauté d’origine) plutôt que d’un effort concerté pour imposer la pratique. de l’Islam sur les étudiants.
Dans une entrevue avec CTV, une élève d’une autre école faisant l’objet d’une enquête, l’école secondaire La Voie, a déclaré que son professeur avait dit aux élèves que si elle le pouvait, elle les battrait pour qu’ils étudient davantage et réussissent mieux à l’école, donnant ainsi l’exemple du coutumes de leur pays d’origine où les choses se passaient ainsi. “Mais c’est interdit”, a-t-elle ajouté.
On pourrait parler de communautarisme confessionnel.
J’espère que l’enquête ordonnée par le ministre de l’Éducation Bernard Drainville pourra faire la différence entre culture et religion, parce que c’est significatif.
Nous avons beau mettre des dents d’acier dans la loi 21, ce n’est pas d’un renforcement de la laïcité dont nous avons besoin, mais d’une application plus vigoureuse de la loi sur l’enseignement public. Loi qui dicte ce qui doit être enseigné selon le programme du ministère de l’Éducation, comme les sciences et la sexualité.
Que l’enseignant ait des convictions religieuses, c’est son affaire — c’était l’État qui était laïc, pas les individus — les outils pour intervenir existent déjà s’il choisit de les partager ou d’en tenir compte dans son travail. Il ne reste plus qu’à l’utiliser. Les directeurs successifs de l’école de Bedford devaient savoir que peu de sciences étaient enseignées dans certaines classes ! Il fallait que ça finisse bien !
L’école de Bedford est tombée dans un vide institutionnel. C’est pourquoi la faute des autorités, du centre de services scolaire en premier lieu, est si grande.
Évidemment, il ne faut pas non plus minimiser les efforts de certains groupes musulmans fondamentalistes — je pense aux Frères musulmans, très actifs au Canada — pour empêcher les enfants de cette confession de s’intégrer dans notre société perçue, sans doute à juste titre, comme anti-islamique. religion. Étaient-ils au travail à l’école de Bedford ? Il y avait en tout cas des liens avec une mosquée du quartier.
Le cas de l’école de Bedford a remis les subventions aux écoles religieuses privées au cœur du débat. Compte tenu du niveau élevé de participation aux finances publiques dans ces écoles, serait-on en droit d’exiger qu’elles se conforment au principe de laïcité des écoles comme les écoles publiques ? Excellente question à laquelle il n’y a pas de réponse simple.
Il existe une cinquantaine d’écoles religieuses privées subventionnées au Québec – et d’autres qui ne le sont pas et passent inaperçues. La moitié d’entre eux sont d’origine catholique, même si la plupart n’enseignent plus le catéchisme et sont dirigés par des conseils d’administration laïcs.
On ne forme plus des soldats de Dieu à Brébeuf à Montréal, pas plus qu’à l’école de jour Saint-Cœur de Marie à Québec.
Allons-nous leur couper la nourriture à cause de leur héritage catholique ? Ou leur nom ? Prouvez-moi qu’une seule de ces anciennes écoles fondées par le clergé bourre la tête des étudiants d’aujourd’hui d’un enseignement religieux mur à mur et je changerai d’avis. Mais pour une fois, je suis d’accord avec François Legault. L’existence d’écoles privées autrefois religieuses ne peut être mise en péril car deux ou trois écoles protestantes évangéliques subventionnées placent Jésus au cœur de leur programme éducatif. Ou Allah dans le cas des écoles privées musulmanes.
Nous vivons dans une société pluraliste. Il faut endiguer les abus communautaires comme ceux de l’école de Bedford, une situation préoccupante, je le répète, mais il faut aussi reconnaître que dans notre système, les parents ont le droit de payer pour obtenir une éducation religieuse. Même si ça détend. Bonne chance pour changer ça. D’ailleurs, la même chose existe en France, berceau de la laïcité.
Dans le domaine collectif, au Québec, les droits individuels existent toujours.