Le remaniement gouvernemental a été réalisé à une échelle raisonnable. Avec la sortie de six ministres et de deux ministres délégués, ce remaniement reste significatif d’un point de vue “qualitatif”, estime Azzeddine Hannoun, professeur de droit public à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université Ibn Tofail.
La composition du gouvernement d’Akhannouch II est désormais connue. Au fond, l’équipe gouvernementale n’a pas beaucoup changé. De nombreux ministres dont la rumeur disait qu’ils partiraient ont finalement été retenus.
Un réaménagement important et de taille raisonnable
Commentant pour Expresso FR Suite à ce remaniement, le professeur de droit public Azzeddine Hannoun souligne tout d’abord qu’il faut prendre en compte deux choses : “l’ampleur de ce remaniement et sa portée”.
En termes de taille, « Le remaniement a concerné près d’un tiers du gouvernement. Six ministres et deux vice-ministres ont quitté le gouvernement. Un tiers, ce n’est pas peu, mais ce n’est pas beaucoup non plus. C’est moyen et a une taille raisonnable »afferma M. Hannoun.
“Nous notons également l’ajout de six secrétaires d’État, dont il a été question dans le communiqué du Cabinet royal de 2021. C’est donc chose faite.”ajoute le professeur de droit public, notant que «la réorganisation, même si elle n’est pas très poussée, reste néanmoins assez significative d’un point de vue “qualitatif”.
Concernant l’ampleur de ce remaniement, le professeur de droit public indique qu’il y a deux leviers :
Le premier est « purement politique » dans la mesure où l’on constate que la majorité n’a pas changé. « Nous avons décidé de ne plus ajouter de partis. Les trois partis qui constituent la majorité continuent et vont terminer leur mandat, ce dont nous n’avions pas conscience ces dernières années car on a souvent vu des majorités se réformer. Il y a là une certaine stabilité de l’Exécutif, ce qui est positif car cette stabilité permet d’éviter certains malentendus”expliqua Hannoun.
“En revanche, et au sein des partis politiques majoritaires, notamment au niveau du parti Istiqlal qui a connu pas mal de soubresauts, ce remaniement offre l’opportunité de rééquilibrer les choses et de revoir certaines affaires internes et configurations de pouvoir au sein de ce parti. . Même au sein du PAM, il y a eu de nombreux bouleversements lors du dernier congrès avec le départ d’Abdellatif Ouahbi. A cela s’ajoutent les récentes frictions avec le membre du triumvirat à la tête du parti, Salaheddine Aboulghali, évincé. Ce remaniement est donc l’occasion de gérer ces frictions qui commencent à apparaître au niveau de ce parti”ajoute le professeur de droit public.
Quant aux autres leviers mentionnés par Hannoun, ils font référence à « efficacité et efficience ». “Nous avons eu des ministres qui ont vraiment eu des difficultés par rapport à certaines questions stratégiques comme l’enseignement supérieur et la question des étudiants en médecine, l’agriculture et la gestion de la sécheresse ou encore le ministre de la Santé qui a hérité du problème des facultés de médecine”dit-il.
En outre, estime l’expert, “nous avons aussi la question de la protection sociale et nous voulons donner une nouvelle vie à ce ministère qui a une portée stratégique très importante, notamment par rapport aux hautes adresses royales”.