Mais qui est Dirk De Block, cet élu local dont la notoriété n’a pas encore dépassé les limites de cette commune bruxelloise multiculturelle et à la précarité rampante ?
A 50 ans, Dirk De Block présente a priori tous les atouts du parfait cadre du PTB.
Il est passé par la Comac (le mouvement étudiant du PTB).
Il possède une solide formation intellectuelle (ingénieur civil de formation).
Cela s’inscrit parfaitement dans la doctrine du parti de la gauche radicale.
Il est un activiste professionnel du PTB (responsable de la formation du PTB).
“J’avais l’impression qu’on voulait mon argent” : au PTB, les militants sont tenus de verser chaque mois une partie de leur salaire
Né et élevé à Alost, il parle néerlandais (même s’il est parfaitement bilingue), comme la plupart des membres du bureau national du PTB. Ce n’est qu’après ses études à l’Université de Gand que cet ancien scout est venu s’installer à Molenbeek, dans le quartier des Etangs Noirs, avec sa compagne (également membre du PTB).
« Aujourd’hui encore, le PTB encourage les militants les plus impliqués à prendre des fonctions en dehors du cadre dans lequel ils se trouvent. Dirk De Block est donc venu vivre à Bruxelles pour contribuer au développement du parti. Molenbeek est une commune dans laquelle le parti investit depuis longtemps, il y a là un centre médical, Médecine pour le Peuple. analyse Pascal Delwit, politologue à l’ULB et spécialiste du PTB.
« Il était membre du parti mais il n’était pas directement impliqué dans la section locale.objet Benjamin Pestieau, membre de la direction quotidienne du PTB. Il n’a donc pas été envoyé par le PTB à Molenbeek.»
Au cœur du PTB, derrière l’arbre Hedebouw : un parti mené par les Flamands
Dirk De Block, contrairement à certains cadres du PTB comme Raoul Hedebouw ou Sofie Merckx, n’est pas un enfant du parti.
“Sa famille n’avait rien à voir avec le PTB, poursuit Benjamin Pestieau. Le point de départ de son engagement fut la lutte contre le racisme, à l’université, en opposition aux premières explosions du Vlaams Belang.. Cela s’est renforcé à son arrivée à Molenbeek, où son cœur a vibré lorsqu’il a été confronté à des jeunes qui ne trouvaient pas de travail, qui avaient du mal à trouver des endroits où sortir.»
Arrivé à Molenbeek, Dirk De Block a travaillé pendant plus de 10 ans comme coordinateur du centre de jeunesse Centrum West. “Cela n’avait rien à voir avec mes études mais j’ai toujours voulu m’impliquer auprès des jeunes», expliquait Dirk De Block à la Capitale en 2019.
En 2012, Dirk De Block est devenu le premier élu du PTB à rejoindre le conseil communal de Molenbeek. Il succède ensuite à Benjamin Pestieau comme président régional du PTB à Bruxelles en 2014.
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“Il m’a donné une brique”
« Lors du premier conseil communal de la législature, en 2012, lorsque je suis devenu bourgmestre, Dirk De Block m’a offert une brique. C’était une manière de me dire : “le logement est une priorité”se souvient Françoise Schepmans, ancienne bourgmestre de Molenbeek et actuelle première échevine. Mais dans les contacts humains, je n’ai jamais eu de difficultés avec lui. C’est un homme gentil.“
Personne, même hors micro, n’aura de mot critique envers Dirk De Block, sur le plan personnel. Un trait de caractère qui n’est pas sans rappeler Raoul Hedebouw.
“Mais il n’a pas du tout le style de Raoul Hedebouw. Dirk n’est pas un showman, il est plus sobre et posé», souligne Benjamin Pestieau.
« C’est parce que Dirk a un profil hyperpositif. C’est une personnalité conciliante qui essaie de trouver des solutions. Et quand il dit qu’il fait quelque chose, il le fait. » assure Emre Smulu, conseiller communal d’Ecolo à Molenbeek.
Le ton ne diffère pas beaucoup de celui de nos sources socialistes »,même s’il a des relations compliquées avec Catherine Moureaux« .
Mais il n’est pas le seul…
Et encore : malgré des négociations avec le bourgmestre qui sont réputées loin d’être faciles, Dirk De Block fait preuve d’une patience qui surprend les socialistes, rassurés par son côté constructif.
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“Il ne s’écarte pas de la ligne.”
Que vaut-il, au fond ? “Dirk s’attaque à des dossiers complexes. Il peut aller très loin en matière technique. Mais Dirk est aussi un homme de terrain, très proche des gens.»assure Giovanni Bordonaro (PTB), président du PTB en Région bruxelloise.
Si les élus du PTB sont souvent qualifiés de sectaires par leurs adversaires, ce type de commentaire ne se pose pas à propos de Dirk De Block. “Je suis déjà allée manger ou boire un verre avec lui. Pour moi, il y a le PTB et il y a Dirk De Block», poursuit Emre Smulu.
« Il reste avant tout un bon soldat du PTBtempère Françoise Schepmans. Oui, Dirk De Block connaît bien les problématiques communales. Mais tout ce qu’il défendait était conforme au PTB, et il ne s’en est jamais écarté d’un pouce.
Sa faute, finalement, ne serait-elle pas trop douce ? Ce trait de caractère est plutôt une qualité au sein d’un parti qui ne tolère aucune dissidence interne.
Après 12 ans au conseil municipal, l’homme semble en tout cas prêt à accéder au pouvoir.
“C’est surtout dans les slogans”
« Tout le monde voit déjà le PTB au pouvoir à Molenbeek. Mais attention, je ne suis pas sûr que ça aille si vite, constate un élu MR. Pour l’instant, il n’y a que deux partenaires, ce qui est très limité en termes de places. Le PS et le PTB devront encore convaincre Team Ahidar ou Ahmed El Khanouss d’embarquer. Dirk De Block est charmant et donne l’impression de maîtriser les dossiers. Mais quand on va au fond de ses pensées, il n’est pas adepte de la realpolitik. C’est surtout dans le « tout ce qui reste à faire », les petites phrases et les slogans.