Les causes du drame de l’école de Bedford sont multiples. Elles vont de l’absence de réaction des chefs d’établissement à la résistance du syndicat en passant par l’ingérence d’une mosquée. À ces causes s’ajoute la faute des anti-projet de loi 21.
Je ne parle pas des parlementaires de l’opposition qui étaient contre cette loi et qui promettaient que s’ils arrivaient au pouvoir, ils la modifieraient. Sans partager l’intégralité de leur avis, je reconnais la légitimité des moyens qu’ils entendent utiliser pour atteindre leur objectif.
Je parle des régisseurs et des manifestants qui associaient cette loi au racisme, à l’islamophobie et à la discrimination. En tant qu’avocat spécialisé en droit religieux, je ne compte plus le nombre de fois où des citoyens m’ont dit avoir renoncé à faire valoir leurs droits prévus par la loi 21 devant les tribunaux en raison des critiques virulentes qui leur étaient adressées ou par peur. que, avant même le procès, cette loi sera invalidée par un tribunal en raison des contestations dont elle fait l’objet.
Dans ce contexte, autant cette loi a été suivie d’effets au sommet de l’État, avec le retrait des crucifix du Parlement et des tribunaux ou le décret supprimant le clergé de l’ordre de préséance des cérémonies par exemple, elle n’a pas été pas suffisamment mis en œuvre sur le terrain. Lorsque, probablement pour des raisons religieuses, l’éducation n’est pas assurée et que les filles sont privées d’activités, c’est le droit fondamental aux services publics laïcs inscrit dans la loi 21 qui est violé.
De toute évidence, dans cette histoire, personne ne se souciait de ce droit. Même le rapport d’enquête sur cette école ignore ce droit dans sa section sur les droits fondamentaux, puisqu’il mentionne simplement la Charte québécoise… pourtant à l’origine de très peu d’accommodements laïques raisonnables. .
Cela montre qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour que triomphe le droit fondamental à des services publics laïcs.