Pour combler les déficits et réduire la dette, l’Etat français, présent dans 85 entreprises, pourrait céder une partie de ses participations évaluées à environ 180 milliards d’euros. Cependant, certains d’entre eux rapportent d’importants dividendes.
Le gouvernement l’a annoncé ce lundi. L’État va investir dans le Doliprane. Bpifrance va acquérir une participation de 1 à 2 % dans le capital d’Opella, la branche santé grand public de Sanofiet sera présent au conseil d’administration du constructeur. Mais alors que le déficit et la dette publique atteignent des niveaux records, l’État ne devrait-il pas faire exactement le contraire et se débarrasser de ses nombreuses participations pour atténuer, par exemple, le « choc fiscal » ? C’est l’idée suggérée la semaine dernière par Gérald Darmanin.
« L’Etat détient des participations évaluées à 150 milliards d’euros, dont 50 milliards dans des sociétés cotées comme Orange, FDJ, Stellantis ou Engie, a expliqué l’ancien ministre de l’Intérieur dans Les Echos. Il vaudrait mieux vendre ces participations plutôt que d’augmenter l’impôt sur les sociétés. L’État n’y est pour rien. »
C’est même un peu plus que ça. L’État possède en réalité 85 participations évaluées à 180 milliards d’euros. Ils sont gérés à Bercy par l’Agence des participations de l’État (APE) mais aussi par Bpifrance et la Caisse des Dépôts. Les principaux sont bien connus : EDF, SNCF, RATP, Engie, La Poste, ADP, Airbus, Safran, Thales, Française des jeux, tous les ports français, un certain nombre d’aéroports régionaux. Mais aussi des participations plus anecdotiques héritées de l’Histoire comme le Casino d’Aix-les-Bains (73). Globalement, l’État est présent dans quatre grands secteurs d’activité : les transports, l’énergie, la finance et l’industrie.
L’État doit-il gérer les centres commerciaux ?
La présence de l’État est-elle justifiée dans toutes ces entreprises ? Si dans l’énergie, alors que le pays relance un important programme nucléaire, la nationalisation d’EDF peut se comprendre, sa présence dans de nombreuses sociétés commerciales, souvent cotées, semble moins justifiée. Renault qui fabrique des voitures, ADP qui au-delà des aéroports est gestionnaire de centres commerciaux ou encore la Française des jeux ont-ils besoin de l’Etat ?
L’État pourrait en théorie se mettre à l’écart dans les secteurs qui prospèrent grâce à la concurrence. Comme les télécoms par exemple ou encore les médias. Mais il aurait aussi vocation à s’effacer lorsqu’on est dans un monopole naturel qui peut très bien être géré par un concessionnaire privé. C’est le cas sur le marché de l’eau ou des autoroutes.
Si l’on considère la situation d’un point de vue financier, on constate que la valeur des avoirs de l’État a considérablement augmenté ces derniers mois. Les 180 milliards d’euros d’aujourd’hui ne valaient que 128 milliards il y a 18 mois, soit 52 milliards de moins. Une progression très significative pour le portefeuille de l’Etat qui est encore plus fort que le CAC 40 depuis un an et qui rapporte de copieux dividendes aux finances publiques. C’est également le cas cette année pour EDF.
Bercy ne s’y oppose pas
La tendance à long terme est cependant à la privatisation et à la sortie de l’État du capital des entreprises du secteur privé. La loi Pacte prévoyait la sortie de l’État de la Française des jeux, d’ADP ou encore d’Engie pour un gain estimé à 17 milliards d’euros. Le ministre du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, s’est dit ouvert sur le sujet.
“Je ne me suis jamais opposé au débat sur la vente des parts de l’Etat”, a-t-il déclaré ce lundi sur France Inter.
Frédéric Bianchi et Nicolas Doze