Proxénète coupable | “Sache que tu es fort”

Proxénète coupable | “Sache que tu es fort”
Proxénète coupable | “Sache que tu es fort”

Un juge a voulu mettre en valeur la force de deux jeunes femmes qui ont eu le courage de dénoncer leur bourreau. Ces deux victimes âgées de 17 et 18 ans ont été humiliées, battues et exploitées sexuellement par un proxénète ultraviolent qui a récemment reconnu sa culpabilité.


Publié à 2h03

Mis à jour à 8h00

« Sache que tu es fort. Tu es venu avant moi. Vous avez déposé une plainte. Tu es fort. Je vous encourage à demander de l’aide. Vous avez toute une vie devant vous pour découvrir toutes les beautés de la vie », a insisté la juge Silvie Kovacevich après avoir entendu les témoignages déchirants des deux victimes.

Zion Jean-Charles, un résident de Repentigny âgé de 22 ans, a plaidé coupable la semaine dernière à de nombreuses accusations liées au proxénétisme, dont la traite de personnes, un délit comparé à l’esclavage moderne.

Les victimes ont révélé que les avocats envisageaient de présenter une proposition commune d’une peine de 4 ans de prison lors de la prochaine audience en janvier prochain. Le délinquant reste en liberté jusque-là.

“J’avais peur 24h/24”

Clara* a 18 ans lorsqu’elle tombe dans les griffes de Zion Jean-Charles. Ce dernier lui propose une caution pour la sortir de prison. Il utilisera son geste pour manipuler la jeune femme afin qu’elle vende son corps et lui donne tous ses gains.

La violence augmente. Un jour, Zion Jean-Charles a attrapé Clara par la tête, l’a jetée au sol et l’a traînée par les cheveux. Soutenue par une organisation humanitaire, Clara rentre chez elle lorsque le proxénète publie sur Instagram une photo intime de Clara en train de se livrer à une activité sexuelle.

«Je me sentais séquestré. Je ne pouvais pas aller voir ma famille et mes amis et il contrôlait mon téléphone », a témoigné Clara.

Sous l’influence de Jean-Charles, Clara reçoit des « clients » partout au Canada. Les mois passent et la violence continue. Un jour, le proxénète étrangle Clara et la jette à terre. Une autre fois, il la jette contre une vitre qui se brise.

Il m’a laissé comme une poubelle à Edmonton. Sans téléphone et sans argent. Il m’a frappé, m’a donné des coups de poing et m’a arraché les ongles. Mes doigts saignaient. J’avais peur 24 heures sur 24, parce que je ne savais pas quand ça allait exploser.

Claire

Parallèlement, Zion Jean-Charles recrute Nicky*, une adolescente de 17 ans en 5e secondaire. Elle se retrouve à Vancouver dans le même Airbnb que Clara.

Les deux victimes sont sous le joug de leur proxénète. L’adolescent doit avoir des relations sexuelles avec quatre à sept clients par jour. Nicky n’ose pas dire qu’elle a mal aux parties génitales pour ne pas susciter la colère de son bourreau.

Cauchemars, crises de panique, honte : Nicky a été marqué par le proxénète.

C’est comme si une partie de moi avait disparu. Je n’ai plus la même joie. […] J’ai l’impression que Sion a volé ma jeunesse et mon innocence.

Nicky

La jeune femme a peur que Jean-Charles, toujours en fuite, ne s’en prenne à elle.

Repenti, Sion Jean-Charles s’est dit « sensible » aux témoignages des victimes. « Il ne se passe pas un jour sans que j’y pense. J’ai des remords à ce sujet. Je m’excuse”, murmura-t-il.

Me Delphine Mauger représente le procureur de la République, tandis que Me Didier Pietropaolo défend le fautif.

*Prénoms fictifs pour protéger l’anonymat des victimes

 
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