“Quand j’étais plus jeune, j’avais un peu honte de parler de ma passion pour la météo”

“Quand j’étais plus jeune, j’avais un peu honte de parler de ma passion pour la météo”
“Quand j’étais plus jeune, j’avais un peu honte de parler de ma passion pour la météo”

Farid, vous avez un parcours assez atypique. Racontez-nous comment vous êtes devenu Weatherman 2.0 ?

Je suis passionné par la météo depuis que je suis petit. Déjà à l’école primaire, j’avais mon petit thermomètre dans la cour de récréation et j’adorais lire des cartes et des atlas. Je suis né en 1985, j’ai donc pu avoir accès aux premiers programmes informatiques comme PC Globe, qui m’a toujours beaucoup intéressé. Sur le plan scolaire, j’ai toujours bien réussi et j’ai quitté la formation générale sans problème. J’étais évidemment assez fort en sciences et j’ai commencé à étudier la médecine. Malheureusement, cela ne s’est pas passé comme prévu. J’ai passé ma première année par le trou de l’aiguille et j’ai échoué en deuxième année parce que je travaillais en même temps comme étudiante dans un restaurant. La situation était un peu compliquée à la maison donc j’avais besoin de cet argent de poche.

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Farid El Mokaddem Fondateur de la page Facebook Météo-Mons et présentateur météo.

Donc tu n’as pas de diplôme scientifique ?

J’ai travaillé quelques années et repris des études en commerce international en 2009. Je souhaitais surtout avoir un diplôme car je viens d’une famille où tout le est diplômé. C’est aussi le cas de ma famille qui est toujours au Maroc. Mon père est venu étudier l’ingénierie commerciale ici à Mons et c’est comme ça qu’il a rencontré ma mère, dans les années 80. Pour en revenir à moi, j’ai donc suivi un autre chemin, mais la météorologie est toujours restée dans un coin de ma tête. J’ai toujours été intéressé par la thermodynamique, j’ai lu beaucoup de livres et j’ai profité de l’avènement d’internet pour avoir accès à plein d’informations ou observer des webcams. Avant ça, je n’avais que la chaîne télétexte 500 sur la RTBF et Luc Trullemans (rires). J’ai aussi regardé le fameux bulletin météo d’Euronews qui donnait tous les bulletins d’information du monde.

Est-ce une passion que vous aimiez partager, déjà à cette époque ?

Non, je dois avouer que j’avais un peu honte de cette passion. A 15 ans, mes amis parlaient surtout de foot, de cinéma et de filles. Moi aussi – j’ai joué au futsal jusqu’au 1er national – mais je n’en ai pas parlé. C’était un peu geek et c’est en découvrant internet que j’ai rencontré des passionnés comme moi sur les forums. J’ai découvert des gens aussi fous que moi (rires).

Et sur le plan professionnel alors, comment ça s’est passé ?

Après mes études, j’ai tout de suite trouvé un travail dans le conseil, mais cela s’est très mal terminé. J’ai fait un grave burn-out. Je n’ai pas honte de le dire, je suis restée au lit pendant 6 mois et j’ai fait une grosse dépression. Je n’avais aucune confiance en moi à cette époque, peut-être que cela venait du décès de ma mère suite à un cancer lorsque j’avais 11 ans. J’ai toujours été fragile face à cela, mais j’ai pu m’en sortir en étant très bien accompagné. Je me suis reconstruite à partir de 2014, lorsque j’ai commencé à travailler chez IKEA à Mons. J’y ai rencontré des gens magnifiques, très humains. Entre-temps, j’avais créé un petit blog météo où je postais quelques prévisions. C’était sympa, mais il n’y avait que 30 personnes qui me suivaient !

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Comment passer d’un blog suivi par 30 personnes à une communauté de 350 000 personnes ?

Tout a commencé avec le Nouvel An 2015. Nous fêtions la fête avec des amis et ma femme m’a demandé pourquoi je n’avais pas créé de page Facebook. C’était définitivement l’apogée de ce réseau social à l’époque, et j’ai suivi ses conseils. J’ai demandé à mes amis de me suivre. J’ai dit à ma femme au bout de quelques jours que mon objectif ultime était d’atteindre 10 000 abonnés. Cela me paraissait énorme. J’ai vite atteint les 1 000, 2 000, 3 000 abonnés, mais dur. J’avais aussi une chaîne YouTube que j’ai en quelque sorte abandonnée. C’est en 2017 que j’ai créé un énorme buzz lors du Doudou. J’avais annoncé l’arrivée d’un énorme orage dans le centre de Mons sur ma page Facebook une heure avant et le message a été partagé 4 000 fois. J’ai gagné 10 à 15 000 abonnés en une seule journée. Une chose en a entraîné une autre et tout a continué à grandir et je faisais des bulletins météorologiques tous les jours.

Farid El Mokaddem Fondateur de la page Facebook Météo-Mons et présentateur météo ©Mathieu Golinvaux

Cela a dû prendre de la place dans votre vie, petit à petit ?

Oui. J’ai fait ma journée chez IKEA puis j’ai fait un suivi avec ma page Facebook pour les bulletins météo, mais aussi pour répondre aux nombreuses questions de ma communauté. Ma fille est née en 2017 et cela a commencé à faire des ravages. En 2021, j’ai eu l’opportunité par l’intermédiaire de mon agent, qui était alors directeur de la télévision locale Télé MB, de rejoindre cette chaîne pour une petite émission qui tourne autour de la météo, les lundis et vendredis. En septembre 2021, une nouvelle collaboration voit le jour avec le journal l’Avenir pour répondre aux questions des gens via des articles et des vidéos. Cela a commencé à faire beaucoup de choses, d’autant plus que mon fils est né au début de la même année. J’ai donc créé ma propre entreprise et décidé d’interrompre ma carrière chez IKEA pour me consacrer entièrement à mon nouveau travail. Et en septembre 2022, c’est sur LN24 que j’ai commencé à travailler plusieurs chroniques par jour.

Êtes-vous seulement devenu le météorologue de 5 Monde ?

En fait, cela a été réalisé pratiquement en même temps que LN24. Je suis partie en vacances en juillet et Daniela Prepeliuc m’a contacté pour me dire qu’ils cherchaient des présentateurs et qu’elle était sûre que je pouvais le faire. J’y suis allé avec la peur au ventre, pour être honnête, mais ça s’est bien passé. Les journées sont donc très chargées !

Sans oublier les réseaux sociaux…

Je n’oublie pas ma communauté. Je dis toujours que sans elle, je ne serais arrivé nulle part, alors je me sens redevable. Je continue de publier des newsletters tous les jours, de répondre aux questions sur Messenger et de publier parfois du contenu un peu plus personnel. Je fais vraiment ça pour m’amuser car je ne tire aucun argent du trafic sur ma page. Je fais du contenu commercial avec des partenaires, mais je suis très transparent là-dessus et je limite le nombre de publications par rapport aux bulletins météo.

On parle parfois de vous comme d’un influenceur, vous considérez-vous comme tel ?

Je n’aime pas vraiment ce mot, même s’il n’est pas entièrement faux. Je ne peux pas non plus dire que je suis météorologue, car je n’ai aucun diplôme et je n’ai pas la prétention de faire ce que font les experts. Je me présente comme un météorologue amateur ou – comme l’a si bien dit un ami – comme un vulgarisateur.

Farid El Mokaddem Fondateur de la page Facebook Météo-Mons et présentateur météo
Farid El Mokaddem Fondateur de la page Facebook Météo-Mons et présentateur météo ©Mathieu Golinvaux

Et puis, vous n’hésitez pas à parler aussi de votre vie privée.

En effet, c’est lié à l’attachement que j’ai pour les personnes qui me suivent. J’aborde des sujets parfois tabous comme la greffe de cheveux que j’ai décidé de me faire il y a quelques années, ou encore ma religion. Je le fais assez rarement, mais c’est surtout pour diffuser des messages de paix pour le Ramadan par exemple. Vous savez, ma femme est belge et catholique, et ma mère était belge. Je suis donc baignée dans plusieurs cultures en même temps et j’adore ça.

Il faut savoir gérer cette exposition. Vous faites certainement face à des commentaires négatifs, voire à des agressions…

Bien sûr. J’ai dû apprendre à gérer cela au cours des premières années. Au début, il suffisait d’un mauvais commentaire pour gâcher ma soirée. J’ai vraiment dû travailler sur moi-même pour apprendre à m’en sortir et j’ai développé ma propre technique de réponse. Il y a en fait trois façons de répondre. La première est d’être agressif. Il ne faut pas tomber dans ce piège car cela réconforte ceux qui vous critiquent ou vous insultent, et cela donne une mauvaise image de vous. On peut aussi ne pas répondre, mais cela renforce aussi l’autre dans son discours, car il peut penser qu’il a gagné. Je choisis souvent l’humour pour répondre. Cependant, vous ne devez pas humilier la personne, mais réagir avec beaucoup de second degré. Cela fonctionne vraiment bien et fait rire les gens. Racisme? J’en suis victime, mais c’est quand même assez rare, j’ai de la chance. On m’a reproché un jour de vouloir supprimer Noël, alors que je le fête chaque année, ou de tabasser un Saint Nicolas ! Mais j’ai une communauté super bienveillante qui me défend quand il y a ce genre de commentaire stupide.

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Vous avez dû recevoir des messages lunaires, non ?

Le souvenir le plus fou est celui d’un monsieur qui m’a envoyé son reçu de Renmans pour se faire rembourser. J’avais prédit une soirée calme et chaude, avec un très léger risque d’orages autour de Mons. Il y a eu une tempête isolée et elle s’est abattue sur son village. Ça a gâché son barbecue et il a menacé de me poursuivre si je ne le remboursais pas (rires). Globalement, il faut aussi composer avec les fausses nouvelles sur le climat qui pullulent sur les réseaux sociaux. Beaucoup de gens pensent qu’il s’agit d’un complot mondial, qu’il n’y a pas de réchauffement climatique et que nous leur mentons constamment. Nous devons constamment nous rappeler comment le climat évolue, quels sont ses effets et surtout qu’un été légèrement plus frais et plus pluvieux peut encore se produire. On pense aussi que l’on peut prédire le temps qu’il fera à la moindre goutte d’eau, mais malgré l’évolution de la situation, ce n’est pas encore le cas. Et puis les gens ont une mémoire sélective. Si l’on sort d’un été très chaud, on ne retient que celui-là pour comparer l’été suivant. Cette année par exemple, on dit qu’il a plu tous les jours alors qu’il y a eu 120 jours de temps sec à Uccle depuis le début de l’année.

Nous venons de sortir des élections municipales, avez-vous été contacté pour faire partie d’une liste dans la région ?

Oui bien sûr. La secrétaire de Georges-Louis Bouchez m’a appelé il y a un an. J’ai promis de le rappeler, mais j’avoue que je n’ai jamais donné suite. Je ne veux vraiment pas me politiser pour le moment. Franchement, je ne comprends pas grand chose au système belge, et ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse, je préfère la météo ! Je ne veux pas non plus perdre d’abonnés. Je passe mon temps à rassembler les gens et j’ai formé une grande communauté, ce n’est pas pour que certaines personnes se sentent déplacées. Je ne ferme pas la porte à l’avenir pour faire quelque chose pour l’écologie ou quelque chose comme ça, mais pas maintenant. Je gagne déjà bien ma vie et je n’aurais absolument pas le temps d’ajouter de la politique à mon emploi du temps.

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