– Peine de prison avec sursis pour le président de l’UDC Yverdon
Même s’il reconnaît avoir servi d’intermédiaire pour obtenir une quarantaine de fausses attestations, Christophe Loperetti affirme avoir agi contre les discriminations. Il fait appel.
Publié aujourd’hui à 18h59
Qu’il ait agi par idéal libertaire contre les mesures Covid ou par simple cupidité, cela n’aura pas payé. Christophe Loperetti a été condamné, ce mercredi, par le Tribunal correctionnel de la Broye et du Nord Vaudois à 15 mois de prison dont 2 ans avec sursis pour faux en valeurs mobilières et, de la même peine avec sursis, à 60 jours d’amende pour conduite automobile en en état d’ébriété et 30 jours d’amende pour mauvais traitements infligés aux animaux (lire l’encadré). Il a encore une dette de 3’000 francs envers l’Etat de Vaud. Le trentenaire a décidé de faire appel.
En 2022, l’analyse par la police des messageries WhatsApp et Telegram de l’actuel président de l’UDC Yverdon a permis d’identifier la vente de 49 pass Covid falsifiés, achetés en 2021 à un contact en France. Celui qui est également conseiller municipal de la ville thermale les avait revendus entre 350 et 450 francs.
Dans son réquisitoire, le procureur Christian Maire estime que le prévenu « s’est livré à un trafic important de faux certificats de vaccination contre le Covid-19, permettant ainsi aux bénéficiaires de ces faux titres, qui ne sont pas vaccinés, d’obtenir illicitement les avantages liés à la détention d’un tel document.
« Lien essentiel »
Un avis suivi par la Cour contre ce « maillon essentiel » du trafic, supposant s’occuper de « la pointe de l’iceberg ». Le procureur a estimé l’avantage à 3’000 francs, liant la situation financière très difficile du prévenu de près de 37 ans.
«C’est absolument faux. Je n’ai pas acquis de voiture ni changé mes habitudes de vie”, s’est défendu Christophe Loperetti, qui reconnaît avoir organisé le trafic. « J’ai vu des gens privés de leurs droits fondamentaux, ne pouvant plus travailler, étudier ou boire du café parce qu’ils refusaient de s’injecter un vaccin expérimental. C’était une période d’hystérie collective», a-t-il expliqué, paraphrasant l’ancien conseiller fédéral Ueli Maurer.
« Étiez-vous au courant de l’illégalité du processus ? Cela ressemble à certains types de trafics que nous jugeons ici», lui a dit le président du tribunal, Donovan Tésaury, citant les «tondeuses» qui lui ont été commandées en langage codé. « À l’époque, cela me paraissait moins grave que ce qui se passait avec cette discrimination », rétorque le prévenu, dont le propre passeport vaccinal falsifié ne servait à rien, puisqu’il a rapidement contracté le Covid.
Des conséquences dramatiques
Christophe Loperetti finit par admettre : « J’aurais préféré ne pas enfreindre la loi. Cela a eu des conséquences dramatiques sur ma vie professionnelle. J’ai perdu des mandats d’éducateur social suite à des articles de presse.»
« Vous avez affaire à un trafiquant qui a agi par cupidité et au mépris de la santé publique. Il a adopté la même attitude qu’un trafiquant de drogue », a comparé le procureur. Il a requis une peine privative de liberté de 19 mois avec sursis de 3 ans.
“Parce qu’il est un homme politique perturbateur, parce qu’il est l’ami d’un fauteur de troubles de l’UDC, cela conduit à l’acharnement”, a argumenté M.e David Vaucher, pour qui son client est « un philanthrope » qui mérite d’être acquitté et n’a pas lui-même réalisé les faux. Il a cité en exemple la libération du conseiller municipal de l’UDC de Lausanne Patrizia Mori, titulaire d’un des pass.
La grande majorité des acheteurs sont des proches et des relations politiques du représentant municipal de l’UDC ou de son ami et colocataire Ruben Ramchurn. Ce dernier s’est opposé l’ordonnance pénale rendue en décembre dans la même affaire. Parmi la longue liste de clients figurent le député valaisan UDC Jérôme Desmeules ou encore l’écrivain et enseignant Frédéric Vallotton, ex-membre de l’UDC. Entendu lundi, il a nié toute commande et son fournisseur a évoqué un cadeau.
Cette affaire ternit l’image de la section UDC d’Yverdon. En cas de condamnation définitive de son président, récemment reconduit dans ses fonctions, nul doute que des réactions politiques se feront entendre.
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