Toiture sans problème | Un fraudeur en tant que représentant

« Pas de problème » : c’est le nom d’une entreprise de toiture active à Montréal et sur la Rive-Sud. Pourtant, l’entreprise accumule les plaintes de clients stupéfaits de voir leur facture exploser en plein chantier, parmi lesquels plusieurs personnes âgées. Autre problème : son représentant purgeait jusqu’à vendredi dernier une peine de prison à domicile pour fraude.


Publié à 3h14

Mis à jour à 5h00

La sentence contre Marc-André Robitaille est tombée en mai dernier, moins d’un an après une autre condamnation pour voies de fait sur un aîné qu’il avait tenté de forcer à lui vendre sa maison.

No Problem cumule une dizaine de plaintes auprès de l’Office de protection du consommateur (OPC) en deux ans. La presse a voulu savoir si l’Office du bâtiment avait procédé de son côté à des contrôles auprès de l’entreprise, mais l’organisme de surveillance du secteur a simplement répondu qu’il « documentait » son dossier.

La majorité des plaintes déposées auprès de l’OPC concernent une « pratique trompeuse ou déloyale », selon l’organisation.

Barbara Prosper fait partie des clients qui remettent en question le comportement de l’entreprise. Selon son devis initial, No Problem devait remplacer son toit pour 8 624 $. Mais moins d’une demi-heure après le début des travaux, un représentant de l’entreprise est venu lui dire qu’il n’avait « pas de bonnes nouvelles » : « Il m’a dit qu’il y avait de la pourriture, des infiltrations d’eau, de la moisissure et qu’il fallait traiter. »

Bref, les travaux coûteraient finalement 47 000 $ et Barbara Prosper devait prendre une décision dans l’heure. Un scénario qui ressemble à ce que de nombreux autres clients ont vécu.

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PHOTO FOURNIE PAR LA POLICE DE LAVAL

Marc-André Robitaille in 2021

Aujourd’hui, la mère célibataire de Châteauguay apprend de La presse que l’homme qui lui a fait signer le contrat est toujours condamné à 20 mois de prison avec sursis. «Je suis juste sous le choc», a-t-elle déclaré.

Vendredi en fin de journée, Robitaille a recontacté La presse d’affirmer qu’il venait d’être « expulsé » pour « risque de réputation ».

Un passé récent lourd

Selon son dossier judiciaire, Robitaille, 26 ans, a tenté de forcer un aîné souffrant de troubles psychiatriques à lui vendre sa maison à 30 % de moins que l’évaluation municipale, à Dollard-des-Ormeaux. La sœur du vendeur potentiel est intervenue et son aide-soignante a alerté la police.

Lorsque la situation se complique, Robitaille revend son offre d’achat à un investisseur immobilier, Olivier Lepage, pour 115 000 $. En prenant soin de ne pas lui dire que le vendeur, en fait, ne voulait plus vendre…

En mai dernier, la Cour du Québec a acquitté Robitaille de fraude contre l’aîné, qui ne lui a finalement pas vendu sa maison. Mais il a été reconnu coupable de fraude contre Olivier Lepage et de blanchiment de produits de la criminalité. En plus d’être condamné à 20 mois avec sursis, Robitaille a dû rembourser la somme de 115 000 $ volée à l’investisseur immobilier.

Il est également soumis à trois ans de probation à l’issue d’un autre procès, tenu à Laval, pour voies de fait et menaces contre un autre aîné. Il a également été accusé d’enlèvement et d’extorsion, mais la Cour l’a finalement acquitté de ces deux derniers chefs d’accusation.

Lorsqu’il reçut sa sentence dans cette affaire, Robitaille exploitait une autre entreprise de construction, Ferblantier-Couvreur Optimum. Deux jours après sa condamnation en juin 2023, l’OPC lui a refusé une carte de commerçant ambulant, nécessaire pour conclure des contrats de travaux de toiture pour un particulier. Motif de son opposition : assurer « l’exercice honnête et compétent des activités commerciales ».

Toujours sous le coup de deux peines aujourd’hui, Robitaille a conclu des contrats de toiture pour No Problem jusqu’à la semaine dernière.

Employé de son ex-conjoint

Le Droit de la construction interdit aux personnes reconnues coupables de fraude au cours des cinq dernières années d’exploiter une entreprise de construction. Chez No Problem, Robitaille n’agissait donc que comme un simple employé. «Je travaille pour l’entreprise. Je ne dirige pas une entreprise de construction», a-t-il déclaré avant son licenciement vendredi.

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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Un travailleur au travail sur un contrat de toiture sans problème

Selon les archives publiques, No Problem appartient à son ancien partenaire, Francisco Soto Dominguez. Les deux hommes étaient tous deux actionnaires d’une autre société, Summum Construction et Gestion, inactive depuis 2022.

Contacté par téléphone et via l’interphone de l’immeuble où il habite dans le quartier chinois, Soto Dominguez a seulement déclaré qu’il n’avait « aucun commentaire ». Il a ensuite envoyé un SMS à La presse assurant que No Problem lui appartient « à 100 % ».

“M. Robitaille est un représentant de l’entreprise, et son rôle consiste à effectuer des inspections pendant les travaux, à suggérer des travaux correctifs lorsque nécessaire, à assurer le bon déroulement des chantiers et la satisfaction des clients dont il a la responsabilité. responsable », indique le message.

Une autre communication a finalement confirmé le congédiement de Robitaille, pour éviter « des répercussions graves, voire destructrices » sur No Problem. “Cette décision a été difficile à prendre, mais il faut parfois sacrifier une partie pour protéger le tout”, précise son message. M. Robitaille en est conscient et j’espère sincèrement qu’il trouvera une opportunité à la hauteur de ses compétences. Je lui souhaite tout le meilleur. »

« Réinsertion sociale »

En entretien avec La presseMarc-André Robitaille assure qu’il n’a « rien à cacher » et que No Problem appartient bel et bien à son ex-associé, pas à lui.

“Maintenant, je suis en réinsertion sociale, ça va bien, j’ai un bon travail et j’offre le meilleur service au client”, a-t-il déclaré avant d’apprendre son licenciement.

Robitaille n’a pas voulu s’appesantir sur les événements qui lui ont valu ses peines pour voies de fait, menaces et fraude.

«J’ai demandé à trois reprises à la police de passer un test au détecteur de mensonge, et elle ne l’a jamais fait», dit-il.

S’il a plaidé coupable à des accusations d’agressions et de menaces contre un aîné de Laval en 2021, c’était pour mettre un terme aux procédures, affirme Robitaille. «Ils vous mettent dans un entonnoir», dit-il. Vous n’avez pas d’argent pour payer les avocats, vous êtes coincé, vous n’avez plus le choix, c’est ça ou ça continue. »

Avec la collaboration de Marie-Ève ​​Fournier, La presse

 
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