SÉNÉGAL-MER-EROSION / A Diembéring, la riziculture menacée par l’avancée de la mer – Agence de presse sénégalaise – .

Par Modou Fall

Diembéring, 21 avril (APS) – La salinité des eaux et des sols, suite à l’avancée de la mer et à la baisse des précipitations, met en danger la culture du riz pluvial, principale activité agricole de subsistance des communautés de Diembéring, au sud du Sénégal, qui en ont hérité. de leurs ancêtres.

Les phénomènes naturels ont entraîné de profonds bouleversements socio-économiques et environnementaux dans cette commune de l’arrondissement de Kabrousse, dans le département d’Oussouye.

Située sur la côte sud, zone particulièrement vulnérable et très touchée par l’érosion côtière accentuée par l’avancée de la mer, la commune de Diembéring a vu peu à peu sa plage et son couvert végétal disparaître sous les eaux. Le chemin devient ainsi de plus en plus dégagé pour l’eau de mer qui, petit à petit, progresse vers les rizières.

Un processus qui conduit à la salinisation des parcelles de riz dans cette commune de Basse Casamance, au point de remettre en question la riziculture, principale activité agricole de subsistance des communautés locales.

A Diembéring, comme partout ailleurs en Casamance, la culture du riz pluvial reste l’activité agricole dominante avec environ 60% des superficies cultivées. Cependant, la dégradation des conditions climatiques dans la région depuis la fin des années 1960 a mis à rude épreuve cette activité dont la production actuelle parvient à peine à couvrir les besoins alimentaires d’une population de plus en plus en difficulté.

« Nos rizières sont sous l’eau. Nous ne pouvons plus cultiver correctement. La mer a pris nos terres arables. Nous sommes vraiment en difficulté. L’État doit réagir pour ralentir l’avancée de la mer », implore Bineta Sylla. Installée au bord de la plage de Diembéring, Bineta se consacre au fumage du poisson.

Elle dit avoir abandonné la riziculture pour se lancer dans cette activité. Elle déclare qu’elle n’a plus de rizière, encore moins d’autre parcelle de terrain pour faire du maraîchage.

D’une superficie de 237 kilomètres carrés, la commune de Diembéring compte 20 924 habitants. Une population répartie entre une quinzaine de villages et îles : Ourong, Carabane, Cachouane, Gnikine, Sifoka, Wendaye et Ehidj. Des localités qui, pour la plupart, sont situées entre la mer et l’embouchure du fleuve Casamance.

« À Diembéring, la situation est préoccupante. Nos rizières sont englouties par la mer. Nous risquons de mourir de faim car, aujourd’hui, notre plus grande menace pour notre survie vient de la mer», s’inquiète Daniel Diatta, un notable du milieu. lieu de communauté.

Assis au bord de la plage, le vieil homme s’inquiète de « la montée du niveau de la mer et la perte des parcelles de riz ».

A Kabrousse, plus de 4 000 ha de riz engloutis par la mer

A Kabrousse, l’un des villages côtiers de la commune de Diembéring, au sud de la station balnéaire de Cap Skirring, l’avancée de la mer a fini d’engloutir des milliers d’hectares de rizières, généralement situées dans les basses terres ou les vallées.

Ici, les conséquences de la montée du niveau de la mer sont visibles à quelques pas de la plage et menacent directement l’existence des activités rizicoles de milliers d’agriculteurs.

« Les rizières du village de Kabrousse s’étendent sur 5 000 hectares, dont 4 600 ha occupés par la mer », informe Ababacar Bernard Diatta, directeur de cabinet du maire de Diembéring. Originaire de ce village où il vit avec sa famille, il indique que près de 400 hectares de rizières échappent encore à la montée des eaux.

Mais « si nous croisons les bras, la riziculture ne sera bientôt plus qu’une vieille histoire à Kabrousse, où autrefois 2 130 riziculteurs pratiquaient la riziculture pendant l’hiver », prédit-il.

« A Kabrousse, une bonne partie des rizières sont englouties par la mer. Il est donc évident que d’ici quelques années, nous risquons de ne plus disposer de superficies propices à la culture du riz », prévient-il encore. . Il souligne que plusieurs agriculteurs autochtones n’ont déjà plus de rizières. « La mer a englouti nos rizières, sur au moins plus d’un kilomètre », révèle-t-il.

Aujourd’hui, « l’économie du village est au ralenti et en danger », s’alarme-t-il. Ababacar Bernard Diatta estime qu’en cas de disparition des activités rizicoles ancestrales exercées ici depuis des siècles, « c’est l’âme du village de Kabrousse lui-même qui disparaît aussi ». « Ici, tout est lié à la culture du riz », rappelle le directeur de cabinet du maire de la commune de Diembéring.

A Kabrousse, village du personnage historique Aline Sitoé Diatta (1920-1944), héroïne de la lutte anticoloniale, l’avancée de la mer a également fini de submerger la quasi-totalité des zones dédiées aux activités rizicoles.

Des hectares de rizières sous les eaux à Ourong

Territoire insulaire par excellence, Ourong est un village paisible et calme, peuplé de près de 950 habitants. Accessible en canoë, l’île offre un décor de maisons en dur et en terre cuite.

Après une traversée d’au moins une heure à travers des bolongs (mot pour canal en Casamance) recouverts de mangroves, une équipe de journalistes de l’APS est enfin arrivée sur l’île. Silence partout. Seul le chant des oiseaux résonne.

Ourong, comme les autres îles visitées dans la commune de Diembéring, notamment Diogué, Cachouane, Gnikine et Carabane, souffre également de l’avancée rapide de la mer.

« À Ourong, comme dans les autres îles de la commune de Diembéring, des hectares de parcelles de riz sont sous les eaux », indique Babacar Dji Coly, chargé de communication du Projet de renforcement de la résilience économique et environnementale des zones côtières de la base Casamance ( REEZO).

Il informe que des activités de reboisement de mangroves ont été réalisées dans le cadre de ce projet avec les insulaires, pour réduire la salinité des terres arables.

Saisissant cette opportunité, les populations locales ont demandé l’aide de l’Etat central, pour que leurs « habitations » et leurs « zones rizicoles » ne soient pas rayées de la carte du Sénégal, en raison de « la grande vulnérabilité » du littoral sud, face à l’avancée rapide de la mer.

MNF/AB/ASB/ASG

 
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