Référendum sur la sécurité, un directeur de prison assassiné

(Quito) L’Equateur a voté dimanche plusieurs mesures proposées par le gouvernement pour lutter contre la criminalité, un vote éclipsé par l’assassinat d’un directeur de prison dans l’ouest du pays.


Publié à 13h07

Mis à jour à 19h10

Paola LÔPEZ

Agence France-Presse

Quelque 13,6 millions d’électeurs ont été appelés aux urnes pour répondre par oui ou par non aux onze questions posées par le président Daniel Noboa. Selon l’autorité électorale (CNE), 72 % des électeurs équatoriens se sont rendus aux urnes.

Les premiers résultats officiels seront dévoilés à partir de 19h00 locale (20h00 Est).

Le vote lui-même s’est déroulé sans incident notable sur l’ensemble du territoire. Mais la journée a été marquée par l’assassinat du directeur du pénitencier N.4 de Manabi (sur la côte Pacifique), “victime d’un attentat”, selon l’administration pénitentiaire. L’homme a été tué par balle par des assaillants inconnus alors qu’il était assis dans un restaurant.

L’Équateur, en proie au trafic de drogue et à la corruption, devenu la principale plateforme d’exportation de la cocaïne produite dans les pays voisins, la Colombie et le Pérou, est confronté depuis la mi-janvier à une grave crise sécuritaire provoquée par des gangs.

L’un des épicentres de cette crise est le système carcéral, dont le gouvernement tente de prendre le contrôle, théâtre de massacres récurrents et de luttes de pouvoir entre groupes criminels.

Le président Noboa, élu en novembre pour 18 mois et qui devrait briguer un nouveau mandat en 2025, a déclaré le pays en « conflit armé interne » et déployé l’armée pour neutraliser une vingtaine de ces groupes.

Depuis, près d’une quinzaine d’hommes politiques, maires, élus locaux ou encore procureurs ont été assassinés. Vendredi, un nouveau maire a été abattu.

Oui à l’extradition

Parmi les principales propositions de cette consultation qui définira notamment « les orientations et la politique de l’Etat […] contre la violence, le crime organisé, la lutte contre la corruption», selon le chef de l’État, comprenait l’extradition de ressortissants équatoriens liés au crime organisé, notamment vers les États-Unis, une mesure particulièrement redoutée par les narcos.

La proposition a été approuvée par 72 % des votants, selon les sondages à la sortie des urnes.

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PHOTO CÉSAR MUNOZ, PRESSE ASSOCIÉE

Le président Daniel Noboa

Mauricio Lopez, 36 ans, employé à Quito, dit avoir « voté oui, notamment à l’extradition ». « L’idée est que les criminels ont plus peur, c’est aussi une manière plus rigoureuse de les punir. »

Dulce Negrete, 61 ans, juge de son côté que l’extradition “ne sert à rien” et “a voté non à tout”.

Les Équatoriens se sont prononcés sur la participation de l’armée au contrôle des armements, sur l’augmentation des sanctions pour les délits liés au crime organisé et sur la possibilité pour les forces de sécurité d’utiliser les armes saisies.

Sur toutes ces questions sécuritaires, les électeurs semblent avoir soutenu les revendications du président Noboa, toujours selon des sondages publiés par les médias en fin de journée, donnant 9 oui aux 11 revendications de Noboa, une « victoire » pour ce dernier, a conclu dimanche soir le presse nationale.

Les Équatoriens ont toutefois rejeté deux propositions, selon la même Source : l’une sur la formalisation du travail rémunéré à l’heure, une mesure qui a été vivement critiquée par les syndicats et les organisations indigènes. L’autre sur la reconnaissance de l’arbitrage international pour résoudre les différends en matière d’investissement et commerciaux.

L’Équateur a mis fin aux traités bilatéraux et s’est retiré des organes d’arbitrage sous le gouvernement de l’ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017), aujourd’hui opposant en exil après sa condamnation pour corruption.

Cette consultation s’est déroulée dans un contexte particulièrement complexe pour le pays.

Outre le défi sécuritaire, l’Équateur connaît depuis début avril une tempête diplomatique provoquée par une attaque policière contre l’ambassade du Mexique à Quito pour capturer l’ancien vice-président de Rafael Correa, Jorge Glas (2013-2017), qui fait l’objet d’une enquête pour corruption.

Malgré une image ternie à l’étranger, M. Noboa, 36 ans, dit n’avoir “aucun regret” concernant ce raid, qui a coûté au pays un procès – toujours en cours – devant la Cour internationale de Justice (CIJ), et une condamnation internationale et une gauche particulièrement en colère. gouvernements de l’aile latino-américaine.

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PHOTO CÉSAR MUNOZ, PRESSE ASSOCIÉE

Au niveau national, l’urgence du moment est énergétique, avec un rationnement sévère de l’électricité (jusqu’à 13 heures par jour) et une révision en urgence des installations hydroélectriques.

Conséquence de la sécheresse, du phénomène El Niño, mais aussi d’une mauvaise gestion administrative, de l’aveu même des autorités, cette pénurie d’électricité serait aussi le résultat d’un « sabotage » lié à ses ennemis politiques, selon le président Noboa.

Un décret présidentiel a ordonné vendredi la mobilisation de la police et de l’armée « pour garantir la sécurité des infrastructures énergétiques ».

 
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