En Algérie, les migrants subsahariens entre peur de l’expulsion et rêve de sédentarisation

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Une jeune fille d’Afrique subsaharienne mendie le long d’une route à Alger, avril 2023. AFP

La vie d’Aboubacar sous le pont près de la Bridja, dans la commune de Staouéli, à l’ouest d’Alger, n’a rien de poétique. Le jeune Nigérian, âgé d’une vingtaine d’années, ne s’en plaint pas.. Depuis trois mois, il mendie à l’entrée du marché communal d’Ain Benian, une commune voisine de Staouéli où réside son « logique » sous le pont. Son objectif est de gagner suffisamment d’argent et de lancer « ses affaires » pour améliorer son quotidien et envoyer de l’argent à sa famille restée à Zinder, au Niger.

Pour rejoindre cette banlieue d’Alger, il a fait « dans un camion » un périple de près de 3 300 km. Si le trajet entre Zinder et les frontières algériennes peut se dérouler dans des conditions plus ou moins acceptables, il devient périlleux à partir d’In Guezzam, à l’extrême sud-est de l’Algérie. « Je n’ai pas de visa, donc j’entre frauduleusement et, là, il faut suivre les guides qui peuvent vous déposer en plein désert si vous êtes poursuivi par les douaniers algériens », relate-t-il.

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Source de tension entre Alger et ses voisins du sud, la question migratoire a été à l’origine d’un coup de froid entre l’Algérie et le Niger avec la convocation, le 3 avril 2024, de l’ambassadeur d’Algérie à Niamey en signe de protestation contre la « caractère violent » opérations de refoulement des migrants ouest-africains.

La page semble désormais en partie tournée avec la visite du Premier ministre nigérien, Ali Mahamane Lamine Zeine, en Algérie les 13 et 14 août, accompagné d’une importante délégation ministérielle. Ce dossier a été évoqué, d’autant plus complexe qu’Alger n’a pas de politique claire, d’où l’incertitude permanente des migrants qui vivent entre la peur d’être renvoyés et l’espoir de faire leur vie dans ce pays où les opportunités d’emploi ne manquent pas, notamment dans le bâtiment.

Les femmes font l’aumône aux carrefours

Seuls les Maliens sont exemptés de l’obligation de visa en vertu d’un accord entre les deux pays. Ils sont considérés comme “privilégié” par d’autres Subsahariens. La présidente du Croissant-Rouge algérien, Ibtissam Hamlaoui, a rappelé que seuls les Sahraouis sont considérés comme des réfugiés, tous les autres sont des migrants soumis à la législation sur l’entrée et la sortie du territoire algérien. Il est donc difficile, voire impossible, d’avoir une idée, même approximative, du nombre de ces migrants.

Aboubacar se dit ” chanceux ” d’avoir traversé le Sahara sans trop de difficultés. Il remercie une amulette, sa « talisman »qui l’a « protégé ». Il partage sa vie sous le pont avec des compagnons de traversée du désert. « Nous avons appris à nous connaître pendant le voyage, nous nous sommes habitués l’un à l’autre. C’est comme si je faisais partie de ma famille maintenant. » Une cinquantaine de migrants, en majorité des femmes et des enfants, y ont élu domicile, dans des conditions précaires. Plusieurs femmes se partagent la garde de groupes d’enfants. Un camp de fortune, entouré d’arbres fruitiers, où ils dorment à la belle étoile sur des matelas en éponge crasseux ou à même la terre ocre.

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