une victoire de la gauche aux législatives dans une France de droite

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Fabien Roussel, Lucie Castets, Manuel Bompard et Olivier Faure devant le palais de l’Elysée, à Paris, le 23 août 2024, dans le cadre des consultations d’Emmanuel Macron en vue de nommer un nouveau Premier ministre. JULIEN MUGUET FOR “LE MONDE”

LLes élections législatives ont donné lieu à un face-à-face entre le Nouveau Front populaire (NFP) et le président de la République, dans l’attente de la désignation d’un Premier ministre qui incarnerait la victoire relative de la gauche au second tour. Cette situation, qui semble éclipser toutes les autres forces politiques depuis ce scrutin, est née du succès inattendu du Front républicain. Mais aussi du faible professionnalisme du Rassemblement national (RN), dont les candidats n’ont pas su ou n’ont pas su s’affirmer dans un débat politique où leurs valeurs et leurs capacités semblaient en décalage avec ce que recherchaient les Français.

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Le résultat du second tour des législatives peut être interprété à juste titre comme le refus de voir Jordan Bardella arriver à Matignon. Le RN n’a pas su se dédiaboliser complètement, du fait des saillies très malheureuses de certains candidats et, surtout, n’a pas réussi à convaincre de sa capacité à gouverner à l’heure où les menaces internationales ou climatiques imposent de prendre des décisions éclairées.

Cela étant dit, il serait erroné d’en déduire que la gauche a une emprise sur les valeurs et le choix électoral des Français. A cet égard, les effets mécaniques des désistements en faveur du candidat le mieux placé au second tour face au candidat du RN peuvent être trompeurs. Les résultats de l’enquête électorale Ipsos pour Le mondela Fondation Jean Jaurès, le Centre de recherches politiques de Sciences Po et l’Institut Montaigne, réalisée du 26 au 1er juilletest Le mois d’août révèle des résultats très significatifs.

Les enseignants, seul bastion de la gauche

Si l’on regarde les résultats non pas en termes de sièges mais de voix, le RN arrive en tête dans toutes les professions et la droite domine la gauche. Par exemple, les salariés du privé ont voté au second tour 23% pour les candidats du NFP, 23% pour ceux du camp présidentiel mais 54% pour l’ensemble des partis de droite (si l’on considère que le macronisme n’est pas à droite), dont 42% pour les candidats du RN et de la droite souverainiste. L’emprise électorale du RN sur les travailleurs ne faiblit pas puisque ses candidats ont obtenu 59% des voix des ouvriers qualifiés de l’industrie, ceux des Républicains (LR) et divers partis de droite (DVD) 6%, ceux du camp présidentiel 13%, tandis que ceux de gauche ont obtenu 22%.

A cette dimension quantitative, il faut ajouter l’extension qualitative de l’électorat du RN qui continue de s’élargir et d’intégrer les catégories sociales moyennes et supérieures. Ses candidats obtiennent des scores significatifs dans les professions libérales (28%), parmi les cadres du privé (32%) qui sont également rejoints par l’ensemble des cadres des trois fonctions publiques (31% en moyenne). Au sein de la fonction publique, seuls les enseignants constituent encore un bastion de la gauche : 34% ont voté pour la gauche (dont 32% pour le NFP), 32% pour Ensemble (la coalition pour le camp présidentiel), 12% pour le DVD et LR et 20% pour le RN. Mais, en moyenne, dans la fonction publique d’Etat, la gauche totalise 26%, Ensemble 27%, LR et le DVD 11% et le RN 36%, ce qui constitue un record historique.

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