Raid contre l’ambassade du Mexique

(Quito) Le personnel diplomatique mexicain basé à Quito quittera l’Équateur dimanche, deux jours après la descente de police contre l’ambassade du Mexique qui a déclenché la désapprobation internationale et la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.



Mis à jour hier à 23h34

Depuis vendredi, l’Équateur est la cible d’un déluge de critiques en Amérique latine, rejointes par l’ONU, après que la police a fait irruption dans l’ambassade du Mexique à Quito pour arrêter l’ancien vice-président. L’Équatorien accusé de corruption Jorge Glas, qui s’y était réfugié.

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PHOTO DANIEL TAPIA, ARCHIVES REUTERS

Jorge Glas, ancien vice-président équatorien

Dix-huit personnes, diplomates et membres de leurs familles, partiront dimanche pour le Mexique à bord d’un vol commercial, a annoncé samedi le ministère mexicain des Affaires étrangères dans un communiqué.

Parmi eux figurent l’ambassadrice Raquel Serur – qui avait été déclarée « persona non grata » par l’Équateur – et le chef de la mission diplomatique Roberto Canseco. Tous seront accompagnés à l’aéroport par du personnel issu de “pays amis et alliés” qui ont proposé d'”assurer” leur “intégrité”, détaille le ministère.

L’intrusion de vendredi dans l’ambassade, sans précédent récent dans le monde, a été condamnée par les gouvernements de gauche d’Amérique latine, du Brésil au Venezuela, en passant par le Chili, et même par l’Argentine du président ultralibéral Javier Milei.

La plupart d’entre eux ont cité la Convention de Vienne, qui garantit l’inviolabilité des ambassades.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit samedi “alarmé” par ce raid, estimant que toute violation de l’enceinte diplomatique “compromet la poursuite de relations internationales normales”, selon son porte-parole.

La présidente du Honduras, Xiomara Castro, qui assure la présidence provisoire de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a convoqué lundi une réunion d’urgence.

L’Organisation des États américains (OEA) a exprimé son rejet de « toute action qui viole ou compromet l’inviolabilité des locaux des représentations diplomatiques ».

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a dénoncé une « violation flagrante du droit international et de la souveraineté du Mexique » et a annoncé son intention de porter l’affaire devant la Cour internationale de Justice.

Dans la foulée, Mexico a annoncé vendredi la rupture immédiate des relations diplomatiques avec l’Equateur, suivie samedi par le Nicaragua.

” Extraordinaire ”

Les États-Unis – qui condamnent « toute violation de la Convention de Vienne » – ont encouragé le Mexique et l’Équateur « à résoudre leurs différends conformément aux normes internationales », selon un porte-parole du département d’État.

Une cinquantaine de personnes ont manifesté samedi soir devant l’ambassade d’Équateur à Mexico, aux cris de “fasciste”.

L’ambassade du Mexique à Quito a été encerclée par la police samedi et le drapeau national a été retiré de son mât dans la cour du bâtiment.

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PHOTO YURI CORTEZ, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des manifestants encerclent l’ambassade d’Équateur à Mexico.

M. Glas, 54 ans, a été transféré samedi dans une prison de haute sécurité à Guayaquil (sud-ouest de l’Equateur), selon des sources gouvernementales.

Des images publiées dans les médias locaux montrent le chef de la mission diplomatique mexicaine, Roberto Canseco, criant « c’est un scandale ! » » alors qu’il courait derrière des véhicules sortant de son ambassade. Une bousculade s’en est suivie, au cours de laquelle M. Canseco est tombé au sol.

“C’est totalement hors norme, je suis très inquiet qu’ils puissent tuer Jorge Glas”, a déclaré M. Canesco à la télévision locale, toujours tremblant.

“Illégal”

Le Mexique a accordé vendredi l’asile à Jorge Glas, réfugié dans son ambassade à Quito depuis le 17 décembre et faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour corruption présumée.

Quito avait qualifié cette décision d’« illégale », dénonçant un « abus des immunités et privilèges » accordés à l’ambassade et une ingérence dans ses affaires intérieures. “Jorge Glas a fait l’objet d’une condamnation exécutoire et d’un mandat d’arrêt émis par les autorités compétentes”, a commenté le ministère équatorien de la Communication.

L’octroi de l’asile à M. Glas intervient au lendemain de la décision de l’Équateur d’expulser l’ambassadeur du Mexique à Quito, suite aux critiques du président mexicain sur le déroulement de l’élection présidentielle équatorienne de 2023.

Mercredi, M. Lopez Obrador a accusé les autorités équatoriennes d’avoir exploité l’assassinat du candidat de l’opposition Fernando Villavicencio, le 9 août 2023, pour favoriser l’élection du libéral Daniel Noboa à la présidence de l’Équateur, au détriment de la gauche. la candidate Luisa González.

Fernando Villavicencio a été abattu après un rassemblement électoral dans le nord de Quito, quelques jours avant les élections du 20 août.

Le gouvernement équatorien, qui lutte contre les bandes criminelles qui se disputent les routes du trafic de drogue, a jugé ces propos offensants.

Jorge Glas, vice-président entre 2013 et 2017 sous l’ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017), est accusé d’avoir détourné des fonds publics destinés à la reconstruction des villes côtières après un tremblement de terre en 2016.

Dans une autre affaire, il avait été condamné en 2017 à six ans de prison pour corruption dans un vaste scandale impliquant le géant brésilien du BTP Odebrecht. Il a été libéré en novembre dernier.

 
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