La remyélinisation corticale précoce a un effet neuroprotecteur dans la sclérose en plaques

La remyélinisation corticale précoce a un effet neuroprotecteur dans la sclérose en plaques
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La sclérose en plaques est une maladie hétérogène dont les manifestations varient considérablement selon les patients et dont l’évolution est apparemment imprévisible. D’où l’importance de trouver les facteurs qui déterminent l’évolution du handicap. Dans une nouvelle étude Publié dans Cerveau, des chercheurs du Brain Institute montrent que chez les patients présentant une maladie précoce et des lésions moins étendues, la remyélinisation spontanée des fibres nerveuses du cortex a un effet neuroprotecteur : elle réduit de moitié le risque d’aggravation des symptômes, cinq ans plus tard. Ces résultats joueront un rôle déterminant dans le recrutement de patients de manière ciblée dans le cadre de futurs essais cliniques, au cours desquels les chercheurs testeront des médicaments favorisant la réparation de la myéline.

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie inflammatoire dans laquelle le système immunitaire attaque la myéline, la gaine protectrice des fibres nerveuses. Cette anomalie provoque des lésions plus ou moins étendues au niveau du cerveau et de la moelle épinière, qui sont associées à des troubles moteurs, sensoriels ou cognitifs. En l’absence de traitements capables de cibler les causes de la SEP, les chercheurs du Brain Institute s’intéressent à la remyélinisation – capacité de l’organisme à régénérer spontanément la gaine de myéline – et à ses effets sur l’évolution de la maladie.

Nous étudions la remyélinisation dans le cortex cérébral – également appelé matière grise – qui comprend les corps cellulaires des neurones. En effet, plusieurs études indiquent que la remyélinisation est plus étendue et plus complète dans le cortex que dans la substance blanche, composée d’axones, explique le Pr. Benedetta Bodini (AP-HP), neurologue et co-auteur de l’étude. C’est un mécanisme biologique dans lequel on place beaucoup d’espoir. Mais lorsqu’on veut comparer le niveau de remyélinisation corticale chez différents patients, ou évaluer l’efficacité de molécules susceptibles de favoriser la réparation de la myéline, on se heurte à un problème majeur : il est très difficile de voir la myéline avec l’IRM conventionnelle.. »

Une utilisation innovante de l’imagerie

Pour surmonter ce problème, l’équipe utilise une technique d’imagerie par transfert de magnétisation quantitative, ou MTI (pour imagerie par transfert de magnétisation).

Cette technique n’est pas nouvelle ; mais jusqu’à présent, il a été principalement utilisé pour observer la substance blanche, une région du cerveau dans laquelle le signal est perturbé par d’autres processus, tels que l’inflammation. Nous sommes les premiers à utiliser le transfert de magnétisation pour étudier la remyélinisation corticale ! Dans ce contexte, cette technique permet de quantifier très précisément la myéline et de suivre l’évolution des lésions chez chaque patient. précise le clinicien.

Armés de ce nouvel outil, le Pr Benedetta Bodini et sa collègue Andréa Lazzarotto (AP-HP, Sorbonne Université), premier auteur de l’étude, s’est fixé un objectif ambitieux : identifier dans quelles conditions la myéline était susceptible de dégénérer ou de se reconstruire.

L’un des grands défis de cette recherche est que les patients sont très différents les uns des autres. Même lorsqu’ils auront la même forme de SEP et présenteront le même nombre de lésions, l’un aura un handicap modéré là où l’autre présentera des symptômes très sévères qui évoluent rapidement. En bref, le nombre et la taille des lésions ne permettent pas de déduire directement le handicap des patients, et vice versa.. Pour tenter de mieux expliquer ces différences, nous avons donc examiné leur dynamique de remyélinisation sur le long terme » précise Andrea Lazzarotto.

Les effets de la remyélinisation en question

L’équipe, le réseau européen MAGNIMS, a recruté 140 patients atteints de sclérose en plaques (37 avec un syndrome cliniquement isolé, 71 avec une forme cyclique, 32 avec une forme progressive) et 84 personnes en bonne santé dans quatre centres neurologiques européens — Graz, Milan, Paris et Sienne. Chaque participant a bénéficié d’une évaluation clinique au début de l’étude et au bout de 5 ans, et a subi un examen d’imagerie en début d’inclusion, puis au bout d’un an.

Les résultats des chercheurs montrent que la remyélinisation corticale s’est produite spontanément chez la moitié des patients, quels que soient leur âge, la durée de la maladie ou la forme de SEP dont ils souffraient. Mais surtout, chez les patients dont la maladie était récente et les lésions corticales peu étendues, une remyélinisation importante était associée à une faible neurodégénérescence après un an, et à un risque de progression du handicap réduit de moitié après cinq ans. A l’inverse, les patients qui ne remyélinaient pas beaucoup s’en sortaient moins bien au bout de cinq ans, même sans avoir connu de poussée inflammatoire caractéristique de la maladie.

Ces nouvelles données indiquent que la remyélinisation corticale a un effet neuroprotecteur et constitue un mécanisme clé contribuant au handicap clinique, dit le chercheur. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un processus biologique optimal – la myéline régénérée n’est pas toujours aussi bonne que celle d’origine –, il suffit probablement à protéger les axones, au point de retarder la progression de la maladie.. »

Selon les chercheurs, l’imagerie par transfert de magnétisation pourrait être utilisée dans de futurs essais cliniques pour sélectionner les patients susceptibles de bénéficier le plus des médicaments remyélinisants. De plus, le MTI est plus facile à utiliser et moins coûteux que la tomographie par émission de positons (TEP) pour quantifier la myéline.

Le jour où nous disposerons d’un traitement remyélinisant efficace et sûr, nous saurons qu’il doit être utilisé dès les premiers symptômes, en même temps que des médicaments immunomodulateurs ou immunosuppresseurs.conclut le professeur Benedetta Bodini. Le temps c’est la myéline ! Chez les patients éligibles, le bénéfice sera potentiellement très significatif. »

Source

Lazzarotto, A. et al. Le temps, c’est la myéline : la réparation précoce de la myéline corticale prévient l’atrophie et la progression clinique de la sclérose en plaques. CerveauMars 2024. DOI : 10.1093/brain/awae024.

 
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