l’effort à faire pour atteindre un déficit de 3% en 2027 avec une croissance faible (OFCE)

l’effort à faire pour atteindre un déficit de 3% en 2027 avec une croissance faible (OFCE)
Descriptive text here

Emmanuel Macron saura-t-il tenir sa promesse de rétablir l’équilibre des finances publiques d’ici 2027 ? Rien n’est moins sûr. L’Insee a dévoilé ce mardi 25 mars ses très attendus comptes nationaux. Et ils ne sont pas bons. Le déficit public a atteint 5,5% du produit intérieur brut (PIB) en 2023 contre 4,8% en 2022 et 6,6% en 2021. Le gouvernement tablait sur un solde des comptes publics à 4,9% par an. dernier. Cela signifie que le déficit a gonflé de 18 milliards d’euros de plus que ce qui était prévu dans la loi de finances. « Prédire un déficit de 4,9 % et atteindre 5,5 % ne peut pas être de l’incompétence ! J’ai subi des accusations de manque de sincérité pour dix fois moins que ça ! »a réagi l’ancien secrétaire d’Etat au Budget de François Hollande, Christian Eckert.

En 2023, le ralentissement de la croissance a plongé le déficit dans le rouge. Les ministres de Bercy, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, ont réaffirmé le principe d’une rigueur budgétaire accrue lors d’une rencontre avec des journalistes. “En avril, je présenterai le programme de stabilité qui réaffirmera l’objectif de réduire le déficit public à 3% en 2027”, a fait valoir Bruno Le Maire. Quant à la dette publique, elle diminue légèrement. Après avoir atteint un pic en 2020 au moment de la crise sanitaire (114,9% du PIB), la dette rapportée au produit intérieur brut s’est établie à 110,6% en 2023. Quant aux charges d’intérêt payées sur la dette, elles ont diminué (-4,9%) entre 2022. et 2023, passant de 52,7 milliards d’euros à 50 milliards d’euros.

Une prévision de croissance « beaucoup trop optimiste » en 2023

Malgré un déficit plus élevé que prévu en 2023, le gouvernement tient toujours sa promesse de revenir sous la barre des 3 % d’ici la fin du quinquennat. Le ministre de l’Économie a notamment affirmé que la situation des finances publiques «ne change rien à la réalité économique de notre pays à croissance solide».

Or, la plupart des instituts économiques avaient revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2023 bien avant le gouvernement. « Le problème, c’est que les prévisions de croissance étaient bien trop optimistes pour 2023 »explique Christopher Dembick, économiste chez Pictet Asset Management. “Il y a un effet inflationniste à prendre en compte mais il y a clairement un dérapage”il ajoute.

Revenir à 3% de déficit en 2027 : une promesse « fantaisiste »

Parti d’un déficit public inférieur aux attentes, le gouvernement aura beaucoup de mal à se remettre sur les rails. Pour rappel, Bercy avait inscrit dans sa loi de programmation des finances publiques (LFPP) 2024-2027 présentée en décembre dernier une croissance comprise entre 1,4% et 1,8% sur cette période. “Je ne vois pas par quel miracle la prévision de croissance en France serait supérieure à la croissance potentielle (autour de 1,2%), tout en procédant à une consolidation budgétaire”demande l’économiste.

Le pari de revenir à 3% d’ici 2027 “c’est complètement fantaisiste pour le moment”, Juge Christopher Dembick. Concernant l’année 2024, la croissance du PIB oscillera entre 0,1% et 0,3% au premier semestre selon le dernier rapport de conjoncture de l’Insee. Pour atteindre l’objectif de croissance de 1% en 2024, « La croissance du PIB devrait accélérer de 0,7% au cours des deux derniers trimestres de cette année », a calculé l’institut des statistiques.

Croissance au point mort, chômage en hausse : l’Insee assombrit ses prévisions pour 2024

Concernant la fin du quinquennat, les prévisions annoncées par le gouvernement dans la loi de finances semblent intenables pour tenir les promesses sur les comptes publics. « Résoudre un déficit supplémentaire de 0,7 point par plus de croissance sur quatre ans (2024-2027) nécessiterait d’augmenter la croissance de 0,3 à 0,4 point par an, par rapport à une trajectoire déjà optimiste »calcule Olivier Redoulès, directeur des études à Rexecode. Bercy avait ainsi prévu dans le budget 2024 que le solde public s’établirait à -4,4% en 2024, -3,7% en 2025, -3,2% en 2026 et -2,7% en 2027.

Jusqu’à 80 milliards d’euros de coupes budgétaires jusqu’en 2027

Le gouvernement s’est engagé à resserrer la mainmise budgétaire en prenant une première décision de coupe de 10 milliards d’euros dans les dépenses de l’Etat à la mi-février. Et les ministres de Bercy ont annoncé que cela ne suffirait pas en annonçant 20 milliards d’euros d’économies supplémentaires étalés sur deux ans. L’exécutif compte sur la révision des dépenses publiques pour “refroidir la machine”, a prévenu Bruno Le Maire. Dans le viseur de Bercy, les collectivités locales et les dépenses de santé sont incluses.

Pour parvenir à un déficit de 3% d’ici 2027, l’institut Rexecode a calculé l’an dernier qu’il faudrait que le gouvernement réalise environ 55 milliards d’euros d’économies jusqu’à la fin du quinquennat. « Or, depuis juin dernier, le point de départ du déficit pour 2023 est moins favorable, il faudrait donc probablement plus de 55 milliards d’euros, toutes choses égales par ailleurs. En réalisant 30 milliards d’euros comme il l’annonce, le gouvernement serait donc à peu près à mi-chemin. explique Olivier Redoulès. De son côté, la Cour des comptes évoque 50 milliards d’euros d’économies d’ici la fin du quinquennat. Pour Matthieu Avion, économiste à l’OFCE, passer de 5,5% à 3% de déficit avec une croissance faible (1,2% ou 1,3%) représenterait un effort total de 70 à 80 milliards d’euros.

Des économies « incompatibles » avec les objectifs climatiques de la France

Le gouvernement ” ne prend pas en compte les effets de levier des dépenses. Cela a un impact sur la croissance », poursuit l’économiste. Le risque « c’est répéter l’erreur commise après 2010 ». Pour rappel, les mesures d’austérité budgétaire adoptées dans la zone euro avaient favorisé la crise des dettes souveraines de 2012. Le risque est « tomber dans une spirale récessive » avec « moins de croissance et moins de revenus », compléter Mathieu Plan.

Pour Christopher Dembick, les économies à réaliser « sont incompatibles avec les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France ». Pour rappel, la France s’est engagée à réduire ses émissions de 55% d’ici 2030 auprès de la Commission européenne. Pour y parvenir, le rapport Pisani Ferry/Mahfouz préconise près de 70 milliards d’euros d’investissements chaque année d’ici 2030 (dont la moitié sont des investissements publics). Promu au printemps 2023 par le chef de l’État, ce rapport semble désormais enterré par Bercy.

Une avalanche de réformes

Pour redonner un nouveau souffle à la croissance économique, le ministre de l’Économie a mis l’accent sur « réformes structurelles ». ” Ils doivent nous permettre d’avoir une croissance solide en 2024 et une croissance forte en 2025 et 2026 « . Pour le locataire de Bercy, « si nous avons le plein emploi et les cotisations qui vont avec, nous aurons des rentrées d’impôt sur le revenu ».

Déterminé à faire des économies, le ministre des Finances a réaffirmé sa volonté de réformer l’assurance chômage en abaissant la durée d’indemnisation des chômeurs. Le Premier ministre Gabriel Attal a également invité plusieurs de ses ministres à évoquer la question du travail, mercredi 27 mars. Attendu au journal télévisé de 20 heures, le chef du gouvernement pourrait annoncer un nouveau tour de vis après deux précédentes réformes depuis 2018.

Finances publiques, travail… Attal s’exprimera mercredi à 20 heures sur TF1

Garanties pour les agences de notation

A quelques semaines du verdict des agences de notation, le gouvernement veut donner l’assurance de sa volonté de réforme. Le 26 avril, Fitch et Moody’s donneront une nouvelle évaluation de la capacité de la France à rembourser sa dette. La décision de l’agence S&P, la plus redoutée, est annoncée pour le 31 mai. Une dégradation de la note de la France serait un camouflet pour le gouvernement déterminé à afficher ses ambitions de réformes. En pleine réforme des retraites, l’agence Fitch a dégradé la note de la France au printemps 2023 après plusieurs mois de vives protestations sociales et de débats électriques à l’Assemblée nationale.

L’agence Fitch abaisse la note de la France : ce que ça change

Bercy favorable à une extension de la taxe sur les entreprises énergétiques

Lors de la rencontre avec les journalistes, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’est une nouvelle fois montré inflexible sur la fiscalité. Attaché au dogme des baisses d’impôts, il souhaite maintenir cette politique économique jusqu’à la fin du quinquennat. Sur une éventuelle hausse de la fiscalité sur les plus grandes fortunes, il estime que « Frapper les riches est facile ». Il a également rejeté d’emblée la proposition de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet d’augmenter la fiscalité des superprofits.

Hausse de la fiscalité : première brèche à « Renaissance », Yaël Braun-Pivet pour taxer les superprofits et superdividendes

Lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale, le président de la Commission des Finances Eric Coquerel a expliqué qu’il allait se rapprocher des députés de la majorité favorable à une taxation exceptionnelle des superprofits pour faire un projet de loi, « n’en déplaise à Bruno Le Maire ». Le ministre s’est en revanche montré favorable à une extension de la taxe sur les entreprises énergétiques. Reconnaissant que « la taxe sur les loyers inframarginaux n’a rapporté que 300 millions d’euros, soit 10 fois moins que prévu par la CRE (Commission de régulation de l’énergie) ». Il s’est dit ouvert “aux propositions”. « Il est inacceptable que les performances soient aussi faibles que prévu ». Reste à savoir s’il validera les pistes mises sur la table.

Actuellement, la France n’a aucune difficulté à emprunter sur les marchés

Pour l’heure, les marchés sont loin d’être affolés par le dérapage des finances publiques en France. Le spread, c’est-à-dire l’écart des taux à 10 ans entre la France et l’Allemagne, considéré comme le pays le plus sûr, s’est légèrement accru depuis la semaine dernière. Mais il reste très loin de son niveau de l’automne dernier. Et des pics enregistrés en 2012 en pleine crise des dettes souveraines de la zone euro.

“Depuis fin 2023, le spread est orienté à la baisse, ce qui indique que la France n’a aucune difficulté à emprunter de l’argent sur les marchés financiers”, » a déclaré Sylvain Bersinger, chef économiste du cabinet Astères, dans une note récente. Après la poussée de l’inflation en 2022 et 2023, la BCE avait considérablement resserré sa politique monétaire. Mais il semble qu’un assouplissement monétaire se profile à l’horizon cet été.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV L’Église réformée envisage d’enquêter sur les abus sexuels
NEXT circonstances tragiques qui rappellent l’affaire Lucas Tronche