la méthode Spinette, maire « omniprésente » et « ultra colérique » de Saint-Gilles, se pose des questions

la méthode Spinette, maire « omniprésente » et « ultra colérique » de Saint-Gilles, se pose des questions
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Le fantôme d’Uneus

Depuis les récents événements de la Porte de Hal et déjà depuis qu’il a pris ses fonctions de maire en septembre 2022 en remplacement de Charles Picqué, Jean Spinette n’a cessé de défendre la police et d’exiger “plus de bleus dans la rue.” Il semble qu’il n’ait pas toujours partagé cette vision. La Dernière Heure a obtenu un procès-verbal, signé de la main du premier commissaire de la zone de police du Midi, relatant un incident entre Jean Spinette et des policiers de la brigade Uneus. Nous sommes en avril 2020. La police, alors en intervention square Jacques Franck, voit arriver un agent de prévention de Saint-Gilles et celui qui, à l’époque, était échevin de la Prévention. Jean Spinette a sermonné les policiers devant les jeunes avec lesquels ils discutaient pour leur demander de respecter la distanciation sociale (on était alors en pleine période covid). Dans le rapport, destiné au maire Charles Picqué, on peut lire que Jean Spinette a déclaré à un commissaire de police “qu’elle n’intervient que dans la partie basse de Saint-Gilles, qu’elle n’ose pas intervenir auprès des bobos de la partie haute, qu’elle n’a aucune connaissance de l’espace dans lequel évoluent les jeunes de la place et que la place C’était leur jardin dans lequel la police n’avait rien à faire.

Malgré les excuses de l’intéressé, mentionnées dans le rapport, le commissaire avait jugé à l’époque que l’intervention du maire actuel était « fou, scandaleux, voire criminel » puisqu’elle “avait mis en danger la sécurité des agents” Et “A ravivé les tensions entre les jeunes et les forces de l’ordre dans un lieu sensible”. Le commissaire présent lors de l’altercation avait d’ailleurs menacé de dresser un procès-verbal pour «incitation à l’émeute ». La collaboration avec le service de prévention a été « torpillé » par cette intervention et la confiance entre prévention et police « sérieusement endommagé, voire complètement perdu ».

Contactée, la zone de police se souvient de l’incident qui aurait dû rester confidentiel mais défend le maire : «la situation actuelle oblige à un changement de vision, nous collaborerons de plus en plus étroitement avec la commune de Saint-Gilles comme avec les deux autres du secteur.

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Pourtant, un témoignage d’un ouvrier de Saint-Gilles sème le doute : «J’ai récemment parlé avec la police, ils sont très en colère contre Jean Spinette et assurent que même s’il rampe, ils ne viendront pas l’aider étant donné les obstacles qu’il leur a mis sur le chemin.

Le maire reconnaît l’altercation mais nie formellement avoir affirmé que la police n’avait rien à voir avec Jacques Franck : « L’échange et le contenu de nos propos n’étaient sans doute pas appropriés et le faire devant tous les agents n’était pas une bonne chose. Cependant, le rapport me semble disproportionné et incriminé avec une interprétation de mes propos qui n’a aucune raison de l’être. Je m’engage en faveur d’une collaboration entre la police et la prévention.

Le maire blâme principalement le timing : « Si ce document voit le jour maintenant, c’est parce que certains ne veulent pas de cette collaboration. Nous sommes en train d’affecter certains privilèges au sein de la zone. Tout le monde n’aime pas ça. 99% des agents sont très impliqués et dévoués au service des citoyens. Mais certains souhaitent son échec. Peut-être pour orienter la politique afin de donner plus de marge de manœuvre à la police. J’ai toujours dit que la brigade Uneus apportait aussi des choses en termes d’efficacité. Nous n’avons jamais pu l’évaluer. Cela a pu gêner les dealers qui se sont appuyés sur le comportement raciste de certains agents pour mettre fin à cette brigade. Il faut évidemment dénoncer ce comportement. Mais l’idée de départ d’Uneus était de travailler avec le monde associatif et la prévention. Nous avons appris à travers cette expérience que cette coopération ne se décrète pas, elle se construit. C’est ce que nous essayons de faire aujourd’hui. Oui, je suis allé dire à la police que je ne trouvais pas leur méthode opératoire appropriée. En revanche, des jeunes m’accusent de protéger des policiers racistes. Personne ne m’aime, peut-être que je suis au bon endroit.

“Tu me demandes d’être zen ?”

Des attaques sanglantes du maire comme celle-ci font visiblement très souvent trembler les murs de la mairie : «Il ne se passe pas un collège sans qu’il se brouille avec Ecolo” Un jeu politique musclé ? Pas seulement. Cela dépasse souvent le cadre fermé de l’exécutif saint-gillais. Quel employé municipal n’a pas entendu parler de l’altercation entre les médiateurs dans la rue la nuit et le maire sur la place de Saint-Gilles ? “Il leur a crié dessus devant tout le monde pendant une heure. nous dit un ouvrier. Des faits qui sont connus dans tous les services avec lesquels nous avons eu des contacts. « Il est très souvent en colère, m’a-t-il crié dessus à plusieurs reprises, souvent devant d’autres personnes. C’est particulièrement humiliant. Le problème est qu’il veut tout contrôler. Il souhaite gérer tous les dossiers, même ceux qui ne le concernent pas, et il le fait avec beaucoup d’émotion. Quand Picqué était maire, il l’avait, mais depuis qu’il est devenu maire lui-même, il n’y a plus de filtre. A force de vouloir être partout il n’est nulle part. Cela crée des problèmes, il se met en colère et crie après les ouvriers.» Un autre décroche. “Le secrétaire municipal devrait l’en dissuader. Il est le chef de l’administration, le tampon contre les ingérences politiques. Mais non. A Saint-Gilles, il y a une sorte de tradition de ne pas évaluer la secrétaire (la municipalité tente désormais de mettre en place ce processus d’évaluation, NDLR). Beaucoup d’entre nous ont eu peur lorsqu’il est devenu maire. Et nous avions raison. Beaucoup le disent : s’il est réélu, ils partiront. “Je ne supporte plus son caractère ultra colérique. Je reste pour le service au citoyen, pour mes collègues. C’est ce qui me motive, mais c’est difficile à maintenir.

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Mea culpa et mise en contexte du maire : « Peut-être que je deviens incontrôlable. Je travaille 70 heures par semaine, je suis tout le temps sur le pont avec des agents sous-payés. Les gens m’envoient tout le temps des WhatsApp. Des situations toujours terribles. Quand on devient agent, est-on formé ? En termes de management, et de savoir être… En tant que président du CPAS, j’étais insupportable au début. Mais j’ai mûri, j’ai mis des cadres en place. Je me suis entraîné à cela et je suis devenu beaucoup plus calme. Le travail du maire est plus compliqué. Oui, je suis un maire proche du terrain avec la volonté de répondre aux attentes des habitants et des agents d’accompagnement. Alors oui, je suis omniprésent. Nous avons les besoins d’une ville, les moyens d’un village. C’est l’urgence quotidienne. Tu me demandes d’être zen ? Ma faute, c’est d’être exigeant. Si je constate que quelque chose ne va pas ou que les agents n’interviennent pas dans une situation, je le dirai. En gestion, il faut apprendre à prendre le temps mais les citoyens sont dans l’urgence. Si je n’agite pas les travailleurs, les citoyens se jetteront sur moi mais je suis surtout incapable de prendre mes distances face à une urgence sociale. Ai-je eu des sautes d’humeur ? Oui. Ai-je mordu ou viré des gens ? Non. Et je m’excuse à chaque fois. Et je me bats pour accompagner au mieux les agents, avec nos moyens, afin qu’ils soient considérés et trouvent du sens à ceux qui l’ont perdu.

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« Copain ou meurs »

La direction laisse également à désirer selon de nombreux témoignages. Dans plusieurs départements et sur plusieurs périodes, nous avons été informés de cas de licenciements qualifiés “injurieux”, pour le moins discutable. Le schéma semble toujours le même : un agent, supérieur hiérarchique ou non, qui se sent “protégé par le maire” et qui prend des libertés en se permettant de ne rien faire, voire d’insulter ou d’attaquer certains collègues. Les agents qui en paient le prix ont à chaque fois tenté une médiation ou contacté les syndicats. L’inspection du travail a également été sollicitée dans certains cas. Pourtant, rien ne change : «on commence à faire pression sur ceux qui se plaignent ou qui veulent simplement faire leur travail correctement. Nous leur donnons des avis négatifs. Nous poussons aux arrêts de travail et au burn-out. » puis tombe la sanction : le licenciement.

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Certains services sont «déserté depuis plusieurs mois, » avec un impact sur leurs missions. « Tout le collège est au courant de ce type de cas, cela concerne aussi les compétences d’Ecolo (au moins deux prestations selon les témoignages que nous avons recueillis) mais ils préfèrent ne pas libérer les protégés de Spinette qui sont très souvent des Saint-Gillois. Ici, c’est le copinage ou la mort. Les personnes visées par les témoignages sont soit toujours en fonction, soit ont été mutées dans d’autres services, parfois à des postes de responsabilité, malgré plusieurs informations.

Pour ne rien arranger, dans un cas, le dossier de licenciement a été rédigé par l’un d’entre eux. “protégé.” L’agent licencié a alors contesté presque point par point les arguments du licenciement, les courriels et les pièces justificatives, et a montré par la même occasion les lacunes de cette procédure. “protégé”. Tout s’est passé avant le collège… sans résultat. Le licenciement a été confirmé. Le service concerné s’est alors insurgé pour défendre son collègue dont le travail était très apprécié : un autre licenciement a été prononcé.

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Sur ce point, peu de réponses de Jean Spinette si ce n’est une invitation pour les plaignants à saisir les prud’hommes. Le maire se cache derrière la méthode : « Il n’est pas normal qu’un représentant public accède à la direction. Si on licencie des gens, on est attaqué politiquement mais, à l’inverse, il y a des gens qui ne sont pas licenciés parce qu’il y a un enjeu politique. Ce n’est pas normal. Lorsqu’il y a une brèche, la ligne hiérarchique fait un rapport et on s’en sert pour prendre une décision. J’ai demandé que l’administration fasse son rôle. J’aurais mieux fait de ne pas évaluer ? Je plaide pour que l’administration se professionnalise dans ce type de procédure. Personne n’échappe à l’évaluation. Je comprends que certains ne soient pas forcément contents que je sois devenu maire, mais je n’ai ni comptes ni revanche à régler. Nous essayons de mettre en œuvre les meilleures pratiques. Et oui, cela peut déranger certaines personnes, qui étaient peut-être par exemple proches de l’ancien responsable des ressources humaines. (Cathy Marcus, concurrente battue par Jean Spinette dans la course à la succession de Charles Picqué à la mairie, NDLR). Certains cherchent peut-être à se venger. Ce n’est pas mon cas. Je veux évaluer et m’améliorer. Oui, je dérange.

Interrogé en mai dernier par le PTB au conseil municipal au sujet de cas de harcèlement, le maire a répondu que les cas de harcèlement au sens juridique du terme n’étaient pas avérés mais qu’une analyse des risques psycho-sociaux allait être lancée. Un prestataire externe a été désigné. Cette analyse est prévue pour cette année.

 
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