Vous connaissez peut-être les origines des fallas, cette fête célébrant l’arrivée du printemps, ancrée dans les traditions païennes. C’est en 1774 que l’on retrouve les premières traces de ces festivités. Célébrées chaque année, elles rythment la vie des Valenciens au mois de mars. Ils n’ont été annulés qu’une poignée de fois depuis leur création. La suspension la plus récente a eu lieu en 2020, en raison de la pandémie de Covid-19, tandis que la précédente annulation remonte à la période de guerre civile.
Les Fallas comme armes de guerre
Bien que la guerre civile espagnole ait commencé en 1936, les fallas ont continué à être célébrées jusqu’en 1937. Cette année-là, elles ont été utilisées comme outil de propagande : les factions franquistes et républicaines ont utilisé les Ninots pour diffuser leurs messages politiques. Un sujet exploré dans le documentaire « Fallas 37 : L’art en guerre ». En 1939, la guerre civile prend fin, mais il faudra attendre 1943 pour que les fallas fassent leur retour.
Fallas sous le franquisme
Avec l’instauration du régime franquiste en Espagne, les fallas reprennent, mais elles n’ont plus leur gloire d’antan. La participation chute de façon spectaculaire : seuls 12,25 % des falleros continuent d’organiser les festivités, avec une réduction significative du nombre de monuments, passant de 120 en 1936 à seulement 34 en 1940.
Le parti phalangiste autorise les célébrations car il y voit une opportunité de consolider son régime. Cela transforme les fallas en un outil de mobilisation populaire et de légitimation politique à Valence. Il faut dire que pendant la guerre civile, la capitale de la Communauté valencienne était perçue comme un bastion de l’antifascisme, un lieu de rassemblement de nombreux intellectuels et artistes espagnols opposés à la montée du franquisme.
Sous Franco, les fallas se verront donc attribuer une nouvelle fonction. Ils sont utilisés pour exercer une surveillance sur la ville et un contrôle accru sur la vie politique et sociale des Valenciens. Cette tentative de s’approprier une tradition profondément enracinée dans la culture valencienne marque un tournant dans l’histoire des fallas, transformant une célébration de la vie et de la liberté en un instrument de la politique autoritaire et répressive du régime.
La tradition de l’Ofrenda
C’est également sous le régime franquiste qu’eut lieu la première Ofrenda. Ce rituel, au cours duquel chaque Fallera défile avec un bouquet de fleurs destiné à être offert à la Vierge Marie, représente le seul élément religieux d’une fête aux racines profondément païennes.
Des débats ont émergé autour des origines de l’Ofrenda, certains affirmant que c’est le régime qui a créé cette loi de toutes pièces. Mais de nombreux spécialistes considèrent l’Ofrenda comme une initiative spontanée du maire Fallera et d’autres figures emblématiques de la célébration, souhaitant honorer la Vierge Marie à l’occasion de la Saint José. En tout cas, après la mort de Franco et avec la transition démocratique, les Fallas sont redevenues un grand moment de festivités. Cependant, la tradition de l’Ofrenda garde sa place au cœur de la fête et devient indissociable de cet événement.
