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Dans un livre hyper détaillé sur les six premiers mois de la gestion de la crise du COVID en France, les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme retracent l’enquête extraordinaire menée par la Cour de justice de la République contre trois ministres.
Trois juges, ceux de la Cour de justice de la République (CJR). Un assassin, le COVVI-19, qui a fait 170 000 personnes en France ces cinq dernières années. Une enquête extraordinaire contre trois ministres impliqués dans la crise pandémique : Edouard Philippe, Agnès Buzyn et Olivier Véran. C’est le décor du livre publié ce mercredi 22 janvier par des journalistes de Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui ont eu accès au dossier, tandis qu’Emmanuel Macron n’a pas été concerné par ces enquêtes, protégé par son statut de président de la République.
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Les auteurs ont retracé, avec des centaines de milliers de documents à l’appui (notes confidentielles, textes, emails), la gestion des six premiers mois de la crise sanitaire en 2020. Si la CJR – Enquête rapprochée depuis fin novembre dernier – n’a pas N’ayant abouti à aucune mise en examen des trois anciens membres du gouvernement et devant donner naissance à un probable limogeage, il a le mérite de pointer du doigt les nombreux couacs de l’appareil d’Etat, écrasé par le poids de la bureaucratie.
Un travail de longue haleine de près de cinq ans pour ces trois juges, qui n’ont pas hésité à perquisitionner au domicile des ministres et de leurs ministères, voire celui de la justice avec l’ouverture au broyeur d’un tronc- A l’ancien Jardin du Scelle Eric Dupont-Moretti au « Black Regard ».
La solitude d’Agnès Buzyn
Dès les premières pages, les auteurs font état de la solitude d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé, qui a exprimé à plusieurs reprises ses inquiétudes dans une forme d’indifférence générale envers le plus haut sommet de l’État. “M. PR, une petite information qui n’est pas encore médiatisée mais qui peut remonter, écrit-elle à Emmanuel Macron dans un SMS le 11 janvier 2020, soit un peu plus de deux mois avant le début du premier confinement le 17 mars. est en Chine depuis deux semaines.
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Ou, le 13 février, dans un message au locataire de Matignon Edouard Philippe : « Nous traversons une crise d’ampleur et très longue (plusieurs mois). J’aurai besoin de renforts au ministère. Trois jours plus tard, elle quitte pourtant l’avenue de Ségur avec Olivier Véran pour successeur, pour remplacer Benjamin Griveaux à la Bataille des municipales de Paris. Avec le succès qu’on connaît.
Masques, « la pénurie était connue »
L’enquête montre que les autorités sanitaires avaient, en 2013, identifié la nécessité de constituer un stock stratégique d’un milliard de masques. Mais son nombre diminuera progressivement d’année en année au vu des différents acteurs de santé, dans une logique de réduction des coûts.
Alors qu’« aucun masque n’a été acquis par Santé publique France (SPF) en 2016, 2017, 2018 », constate Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (2018-2023). Le 23 janvier 2020, écrivent les journalistes, « il ne reste plus que 65,9 millions de masques chirurgicaux à disposition de la plateforme des Marolles (Marne), gérée par le SPF. […] Un chiffre dérisoire, il devrait y en avoir au moins dix fois plus… »
“La pénurie était connue mais au nom de la raison d’Etat, il fallait… la cacher”, démentent Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui reviennent aussi sur les nombreux couacs de communication gouvernementale, avec Sibeth N’Diaye alors au première ligne.
Raoult, “con comme la lune”
Dans l’ouvrage également, quelques passages sur Didier Raoult, jugé “con comme la Lune”, selon un proche d’Edouard Philippe. Cela n’a pas empêché le chef de l’État de se rendre à l’IHU de Marseille en avril 2020 pour rencontrer le chercheur. Car malgré la méfiance à son encontre, « Didier Raoult, en authentique fou du roi, a longtemps été au tribunal, à l’Élysée, mais aussi à la tête du ministère de la Santé, et pas seulement au début de la crise ».
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