Alors qu’elle fêtera ses trente ans d’existence le mois prochain, Radio Ouverte (Radio ouverte
) est désormais fermé. Le Haut Conseil de la radio et de la télévision, organisme très proche du pouvoir, a décrété, vendredi 11 octobre, la fermeture de la fréquence accordée à la station. Cette radio a été sanctionnée au motif que l’expression de Génocide arménien
a été employé au cours d’un de ses programmes et a refusé de postuler
une suspension de cinq jours de ce spectacle.
La sanction qui frappe cette radio stambouliote qui compte plus d’un million d’auditeurs et met l’accent sur société civile, écologie, droits des femmes
est un coup dur pour le paysage médiatique turc. Nous étions la dernière station de radio FM indépendante ; c’est le droit de nos auditeurs d’accéder à l’information qui est remis en question »,
déclare Ilksen Mavituna, rédacteur en chef.
La perte de fréquence est irrémédiable. Pourtant, les collaborateurs de ce média, financé à plus de 50% par ses auditeurs, comptent bien continuer à diffuser leurs contenus sur internet, même s’ils savent qu’ils vont perdre une partie de leurs auditeurs, notamment les plus âgés.
Lire aussi : Séisme en Turquie : trois médias turcs sanctionnés pour avoir critiqué le gouvernement
Le pouvoir islamo-nationaliste de Recep Tayyip Erdogan a lancé depuis 10 ans une campagne de contrôle et de censure des voix dissidentes.
Il existe une volonté claire du pouvoir de réduire la pluralité médiatique, déjà très réduite ces dernières années, et de ne faire entendre qu’un seul discours officiel.
estime Erol önderoglu, représentant en Turquie de l’ONG Reporters sans frontières. Les amendes infligées aux rares chaînes de télévision d’opposition et les refus d’octroi de cartes de presse aux journalistes de l’opposition se multiplient. Tout comme les procès en diffamation, par exemple insulte au Président de la République
et même pour propagande terroriste
. Cette dernière accusation concerne principalement des journalistes kurdes, comme Serhildan Andan, arrêté vendredi 11 octobre à son domicile de Diyarbakir, la grande ville kurde de l’est du pays.
On assiste également à des menaces de plus en plus détaillées contre les journalistes, notamment les journalistes d’investigation, qui se penchent sur des affaires de corruption ou qui s’intéressent de trop près aux confréries religieuses ou aux proches du pouvoir.
déplore Erol önderoglu. C’est le cas du journaliste Murat Agirel, victime de menaces de mort, ou du journaliste Sule Aydin, régulièrement harcelé sur les réseaux et cible de menaces de violences sexuelles, comme le 11 octobre sur le mur extérieur de son appartement.
Related News :