“Britney sans filtre”, série documentaire à voir sur Arte.tv, revient sur le destin conflictuel de la chanteuse pop, entre tourbillon médiatique et industrie vorace. Sa directrice, Jeanne Burel, nous l’explique.
By Cécile Marchand Ménard
Publié le 15 janvier 2025 à 15h03
«J.Je n’arrive pas à dormir, je suis tellement en colère, je veux retrouver ma vie. » Entre les murs d’un tribunal de Los Angeles, la voix de Britney Spears résonne. Dehors, des centaines de fans fêteront bientôt la levée de la tutelle jugée abusive qui dure depuis treize ans. En 2021, l’événement est relayé par les journaux télévisés du monde entier, partagé sur les réseaux sociaux et donne lieu à de nombreuses des documentaires plus ou moins heureux.
Quatre années se sont écoulées depuis cet épisode médiatique. Et c’est avec un recul bienvenu que Jeanne Burel s’attarde à son tour sur ce procès et la trajectoire de la princesse de la pop dans une passionnante série disponible sur Arte.tv. ” En 2021, le monde a découvert l’ampleur de cette situation abusivese souvient le documentariste. Deux ans plus tard, Britney Spears publiait ses mémoires. En les lisant, je me suis rendu compte qu’elle était bien plus lucide sur son histoire qu’on aurait pu le croire. Je voulais signaler cela. »
Dans La femme en moi (éd. JC Lattès), le chanteur décrit : « J’ai souri poliment aux présentateurs qui regardaient mes seins, pendant que mes parents m’accusaient de corrompre leurs enfants et que mon père et ma mère me traitaient comme le diable. » Avec Britney sans filtre, Jeanne Burel propose une relecture de son parcours à la lumière de ce témoignage édifiant. Ses débuts sur le petit écran avec le Club Mickey Mouseson ascension à l’ère des clips, ses confrontations avec les paparazzi omniprésents… » Sa carrière embrasse l’avènement des nouveaux médias, underlines Jeanne Burel. Britney Spears est à la fois un pur produit de la société du divertissement des années 1990 et 2000 : elle a grandi devant la caméra, chacun de ses mouvements est scruté, elle incarne une célébrité « proche de nous ». Et en même temps, elle était piégée par ce mécanisme qu’elle n’avait pas prévu. » D’innombrables images d’archives, savamment retouchées, illustrent ce tourbillon médiatique… et son effet sur la star.
“En tant que public, nous avons également une responsabilité dans la façon dont les choses se sont déroulées pour Britney, insiste également le réalisateur. Nous sommes une génération qui a consommé ces images, sans toujours avoir adopté la distance critique nécessaire. » Elle-même, adolescente dans les années 2000, ne manque pas de questionner le regard qu’elle porte sur l’artiste à l’époque, ainsi que celui de ses intervenants. “En 2007, je pensais moi aussi que Britney était devenue folle », dit l’auteure Sandrine Galand. Comme elle, journalistes, blogueurs et sociologues combinent dans cette série une approche intellectuelle et émotionnelle, avec un ton singulier qui bouscule, éclaire, et permet finalement un mea culpa collectif.