Rencontre entre Philippe Katerine et Philipp Catherine
“Je vous présente Philippe Katerine !“
« Et je m’appelle Philippe Catherine !
« Mais ce n’est pas la même orthographe. Et nous ne sommes pas pareils.
“Non, mais nous sommes toujours des êtres humains et nous avons deux oreilles.”
À les voir rire comme des enfants, se jeter des fleurs et finir leurs phrases comme un vieux couple, on croirait qu’ils se connaissent depuis des années. Mais non, le chanteur français Philippe Katerine (avec un K) de 55 ans et le guitariste de jazz belge Philip Catherine (sans E et avec un C) de 82 ans se sont rencontrés pour la première fois en novembre 2024 dans les locaux. de Moustique lors d’une visite promotionnelle du chanteur venu présenter « Zouzou », son nouvel album.
L’opportunité était trop belle pour ne pas la saisir. Deux coups de téléphone et quelques échanges de SMS ont réussi à convaincre le Belge Philippe Catherine d’y participer. “J’écoute Philippe Katerine avec grand plaisir. De bonnes idées, calmes, originales, créatives. Très agréable», nous avait-il confié quelques jours avant la rencontre, après avoir consulté sa discographie.
Une histoire de banane
A ses côtés ce jour-là, Marianne, son épouse, qui elle aussi avait envie de faire connaissance »celui que tout le monde pense être mon mari.” “Ce sont mes petits-enfants qui m’ont présenté Philippe Katerine il y a quelques années. Ils regardaient un clip avec une histoire de banane et des gens nus. j’ai trouvé ça drôle», se souvient-elle.
C’est d’ailleurs par hasard que le guitariste belge a découvert l’existence du chanteur français. “J’étais à la maison, j’allume la radio et j’entends: “Et maintenant, Philippe Katerine va vous jouer sa plus belle chanson d’amour”. Je me demandais quel gâchis c’était. Et puis j’entends chanter quelqu’un qui n’a rien à voir avec moi. C’est comme ça que j’ai découvert qu’il y avait quelqu’un d’autre qui s’appelait comme moi», lance Philippe Catherine. “Et puis un jour dans un bon restaurant en France, les serveurs m’ont chouchouté en apprenant mon nom. Mais à un moment donné, ils ont réalisé que je n’étais pas toi et ils ont arrêté de prendre soin de moi.” “Ah les poubelles ! Cela n’a pas d’importance», rétorque le Français.
La plus belle mélodie du monde
De son côté, le chanteur français a appris l’existence de son homonyme lors d’une visite à Bruxelles. “J’ai été émerveillé puis j’ai écouté la musique et je l’ai trouvée fabuleuse. Il y a notamment une chanson qui m’obsède et que tu as composée qui s’appelle Nayram. L’avez-vous vraiment composé ? C’est une splendeur. Un jour, un journal m’a appelé pour me dire « Alors tu as composé pour Robert Wyatt ? (le chanteur britannique a repris, sous le nom de Maryan, le titre Nayram, composé par Philip Catherine pour sa femme – NDLR) et je devais dire “Hé non, ce n’est pas moi qui ai composé la plus belle mélodie du monde.” J’adore ça, mais la mélodie est très difficile à mémoriser. Il faut se lever tôt mais j’aimerais essayer de le chanter, humblement.»
»Mais la voilà, Marianne ! Vous l’avez devant vous.», dit Catherine, ravie, en désignant sa femme du menton. “Ah d’accord ! Ravi ! Alors la plus belle mélodie du monde, c’est toi. Je ne le savais pas.»
Si leurs univers semblent à des années lumières l’un de l’autre, les deux artistes partagent bien des choses, à commencer par une sincère autodérision et un amour inconditionnel pour le jazz. “J’ai joué avec beaucoup de jazzmen. Je ne suis pas à ce niveau musicalement mais ils m’ont beaucoup apporté. La première fois que j’ai entendu Chet Baker chanter, de manière si féminine, ça m’a vraiment parlé. Et puis j’ai écouté tous ses disques, dont un enregistré avec Philippe Catherine sur la Grand-Place de Bruxelles en 1985 où il chante Ma drôle de Valentine» Il y a aussi Charles Mingus et Thelonious Monk. Je suis fou de cette musique.»
Banquet
Mais tout cela ne nous dit toujours pas qui est le véritable Philip/pe K/Caterine. C’est le chanteur qui tranche finalement la question. “Je suis un touriste. Ce n’est pas mon vrai nom, je m’appelle Philippe Blanchard en réalité. Mais c’est toi, ton vrai nom. Quand j’entends Philippe Katherine, je me retourne mais je te regarde. On devrait faire un banquet avec tout le monde, il y aurait beaucoup de monde.»