Après avoir fait un tube, vous avez sept ans ou vous aurez fini si vous ne faites pas une deuxième chanson. Cela m’a marqué. C’est vrai qu’il faut avoir un peu de courage et être capable de regarder le point focal, d’aller plus loin pour essayer d’y aller, de rêver plus loin.
Cet album n’est constitué que de hits, et le moins que l’on puisse dire c’est que vous avez marqué plusieurs générations.
J’ai toujours voulu essayer de faire des hits. Je respecte beaucoup les adolescents qui accrochent des posters de leurs chansons, des chanteurs qu’ils aiment. Les tubes sont comme le parfum. Dès qu’on l’entend, même dix ans plus tard, on ressent cette odeur. C’est inutile, mais c’est essentiel.
Vous avez collaboré avec Catherine Ringer, pourquoi l’avez-vous choisie ?
A l’époque, j’avais choisi Catherine Ringer parce que c’était la chanteuse que j’aimais, j’adorais ce qu’elle faisait. Et puis nous sommes restés amis. Cela fait maintenant 40 ans que nous chantons.
C’est une femme à laquelle je me suis beaucoup attaché car elle est comme Françoise Hardy ou Jane Birkin : ce sont des gens respectables, qui font du bien à ceux qui les écoutent. Ce sont des gens modestes, et leur modestie est à la hauteur de leur talent. Quand Catherine Ringer est là, quand elle danse et chante, elle devient une sorte de gitane merveilleuse. Il y a aussi un côté Edith Piaf en elle.
Dans ces années-là, nous étions peu nombreux à aller en Indochine. Mylène Farmer, Daho, Rita Mitsouko… Nous étions peu nombreux. Il y a Florent Pagny, Bruel. Mais rares sont ceux qui restent. Cela veut dire que leur talent, c’est du travail, c’est du travail permanent. Je suis heureux et fier d’être avec eux.
L’amour à 60 ans et l’amour à 20 ans, c’est la même chose ?
Tomber amoureux, c’est l’enfance, ce rêve d’enfant. C’est surtout lié aux parents, à ce qu’ils ont vécu aussi. Ma mère est très importante dans mes choix, et je ne le fais pas exprès.
L’amour est quelque chose qui n’est pas sérieux, qui est déraisonnable, qui nous saisit. Il faut être prudent. C’est fragile.
Avec vous, on a l’impression que toutes les expériences de votre vie doivent être vécues intensément. Pour quoi ?
J’essaie d’être calme quand je travaille, car ceux qui sont trop intenses ratent souvent leur cible. Mais oui, je crois qu’il faut tout donner à chaque fois.
Vous savez, quand on écrit une chanson ou un roman, on ne sait pas où vont les mots, où ils vont nous mener. Parfois ils reculent, parfois ils avancent, parfois c’est réussi. Mais c’est surtout du travail.
Être artiste n’est pas un choix. C’est quelque chose qui vous est venu d’on ne sait où. Moi, je suis comme ça. Dans la création, j’essaie d’être le plus proche possible de la vérité, de ce que je crois être la vérité.
Les sentiments sont une chose merveilleuse. Les lettres de déportés que j’ai lu commencent toujours par la même chose : « Mon amour, j’ai deux mots à te dire. Et la lettre commence, toutes les lettres sont comme ça.
L’amour est une révolution. Vous embrassez une femme, quelqu’un vous photographie, les gens critiqueront cela comme si c’était mal de faire ça, mais ce n’est pas mal. Alors, les gens qui s’aiment, on les attaquera. C’est une provocation, mon amour. C’est vraiment une forme de révolution. Je pense qu’aimer est la chose la plus importante au monde.