Commentaires recueillis par Yohann Ruelle.
Comment abordez-vous cette nouvelle scène solo, après la tournée « Star Academy » ?
Je le comprends très bien car grâce à la « Star Academy », j’ai réussi à avoir un certain éclairage pour mes futurs projets. Maintenant, cela devient réel. C’est maintenant qu’il faut travailler et il faut réussir à se faire un nom, réussir aussi à effacer l’« Helena de la Star Ac » qui est bien essentielle. Nous faisons cela en essayant de faire des projets qui nous correspondent, des musiques qui nous parlent et qui nous plaisent. Et donc en fait, c’est assez excitant. Le plus crucial en quittant l’aventure, c’est de réussir à être simplement Helena.
Avez-vous ressenti le besoin de faire une pause après tous ces événements ? Tout s’est passé super vite !
Directement après la visite, pas du tout. J’ai fait une série de plateaux de radio, d’interviews, de studios… Mais c’était ma volonté aussi ! Parce que j’avais trop peur de vraiment passer un mauvais moment après Star Ac. Là, c’est fini, il n’y a plus de visite, il n’y a plus de château, c’est fini ! J’avais peur de tomber dans une sorte de grosse dépression qui allait me faire beaucoup de mal alors je me suis dit : allez on continue, on continue, on continue comme ça je n’y pense pas, et c’est ce que j’ai fait. Je pense que c’était une bonne décision.
La notoriété est quelque chose de nouveau pour vous. Comment apprend-on à le gérer ?
Je pense que chacun gère à sa manière. Parce que je suis convaincu qu’aucun être humain n’est fait pour ça. Nous n’avons pas été éduqués pour vivre cela d’une manière aussi soudaine et donc j’y parviens en essayant de garder les pieds sur terre autant que possible, de réaliser ce qu’est la vie. Il y a beaucoup de paillettes, il y a beaucoup de belles choses, on est invité, on reçoit des vêtements, beaucoup de cadeaux, mais en fait, ce n’est pas la vie. La vie c’est la famille, c’est les amis, c’est faire ce qu’on aime, c’est être heureux, épanoui. Je reste très proche de ma famille, je passe beaucoup de temps à Bruxelles. Je ne veux pas vivre à Paris. Tout cela me permet de gérer.
Il y a notamment eu beaucoup de rumeurs de fans autour de votre relation avec Pierre. Peut-on relativiser alors que cet aspect prend autant d’importance ? On se dit que c’est ça le jeu ?
C’est compliqué quand on est une femme, je pense. On arrive vite à cette conclusion du « Si ça existe c’est grâce à un homme ». C’est un peu mon combat quotidien pour faire comprendre aux gens que non, je suis un artiste et lui aussi, mais séparément. (Sourire) Il s’est fait sa place assez vite dans l’industrie musicale, moi j’arrive doucement… Et je ne me dis pas « c’est le jeu ». Parce que pour moi, c’est trop facile de faire passer ça pour une histoire d’amour qui n’en est pas une. Alors oui je pense que quand on est une femme, c’est plus compliqué de s’en détacher, contrairement à un homme. C’est l’un de mes combats au quotidien.
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Votre premier single « Aimée pour de vérité » vient d’être certifié disque d’or en Belgique. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Cela signifie beaucoup car c’est mon premier single, mon premier vrai pas dans la musique en tant qu’artiste solo ! Le fait que c’est arrivé ce jour-là, alors que j’étais sur la Grand-Place de Bruxelles, le jour où il y a un an j’ai appris que j’étais au « Star Ac »… Tout s’est passé comme si c’était mon anniversaire ! (Rires) C’était définitivement ma journée. J’ai été très ému oui, car cela représentait bien plus qu’un simple disque d’or. Cela signifiait bien plus pour moi que cela.
Les chiffres, les flux, sont-ils importants ou secondaires ?
Le plus important pour moi, c’est que je l’aime par-dessus tout. Je ne veux pas sortir une chanson que j’aime, à laquelle je ne suis pas sûr de pouvoir m’identifier, ou que les gens se disent : “Mais ce n’est pas elle, c’est sa maison de disques qui l’a fait.” Non, je veux qu’il me représente. Tant que ça me plaît, tant que ça plaît aux autres, même s’il n’y a pas beaucoup d’écoute, c’est vraiment le principal. Evidemment, ça fait toujours plaisir de voir que ça marche vraiment, qu’il y a des chiffres derrière, mais ce n’est pas le principal.
Durant la tournée, vous avez commencé à créer vos premières chansons. Aviez-vous déjà une idée de la direction dans laquelle vous souhaitiez aller ou y êtes-vous allé au ressenti ?
Ce n’est pas la bonne voie pour commencer avec la direction artistique avant les chansons. Tout le DA qui s’est créé autour de « Summer Body » et « Nouveau coeur » a été fait autour des deux textes. « Nouveau coeur » a été enregistré en mars et je savais que je voulais faire une chanson pour l’été, je savais précisément de quoi je voulais parler et faire autour de ce thème. Quand nous avons eu “Summer Body”, nous nous sommes dit : “D’accord, nous avons quelque chose.” Mais tout a commencé avec la musique.
Comment avez-vous travaillé les mélodies, les sons… ?
Je l’ai peaufiné en rencontrant Vincha, avec qui j’ai co-écrit tous mes titres et tous les suivants également. Avant de faire quoi que ce soit ensemble, nous avons fait connaissance et il m’a demandé : « Comment te vois-tu ? En tant que chanteur, dans vos thèmes, dans votre façon d’écrire, comment voyez-vous les choses ? Alors je lui ai donné un exemple très concret : je ne me vois pas écrire comme Zaho de Sagazan, d’une manière très poétique, mais je ne vois pas l’écriture comme un Camille Lellouche où c’est très cru. Je me vois bien écrire comme lorsque je parle dans la vraie vie, de façon spontanée, drôle, avec toujours une petite dose d’espoir. C’est un peu l’exemple que j’ai montré lors de « Star Ac », cet entre-deux : pas poétique, pas trop brut mais explicite. Tout cela a fait « Summer Body » et toutes les chansons que j’ai créées depuis et c’est assez cohérent avec ce que j’ai dit.
Est-il facile de dire non à des personnes plus expérimentées que vous ?
J’ai fait mes premiers pas dans la musique à la sortie d’« Aimée pour real ». Avant cela, je n’étais jamais allé en studio, je n’avais jamais écrit, jamais composé. Alors je ne me permets pas de dire « Non mais je sais que j’ai raison ». Parce que je ne sais pas ! J’apprends tous les jours et je m’entoure également de personnes en qui j’ai confiance. Alors je me permets de faire confiance à ces gens. Je n’ai pas de connaissances complètes, notamment en musique. Je suis trop nouveau.
Que souhaites-tu défendre avec ton univers artistique ?
Je veux défendre des causes qui me tiennent à cœur. Je ne peux pas écrire une chanson si elle ne me parle pas. Je ne peux pas non plus en chanter un, si ce n’est pas moi qui l’ai écrit, quand ça ne me parle pas. Je veux aborder des thèmes qui abordent vraiment notre société actuelle comme je l’ai fait dans « Summer Body ». C’était un thème trop important pour moi et qui était très actuel, dans notre société, mais aussi très actuel dans ma tête et dans mon corps. Je suis dans cet esprit de défense des causes mais qui me parle à 22 ans en tant que femme.
Vous préparez votre premier album. Comment progresse-t-il ?
Franchement, je suis très content car ça commence à prendre forme. On n’en est pas encore là mais on a déjà pas mal de titres et ça avance, ça avance bien et ça avance comme je le souhaite. Tout me représente. La plupart des idées de textes, sinon la totalité, viennent de moi. J’ai l’impression d’avoir déjà beaucoup appris sur les idées ou les thèmes. Tout ce qui concerne le son ou la production musicale, je m’y mets un peu moins car ce n’est vraiment pas mon domaine. Je suis intéressé mais je me sens si loin ! J’ai tellement à apprendre que je ne pourrais pas le faire seul, c’est sûr. Quand je vois Romain Botti, l’ingénieur du son avec qui je travaille beaucoup, sur son ordinateur avec les programmes, je me dis : Waaaah c’est quoi ce truc ? (Rires) Pour l’instant, je me concentre davantage sur le texte, la topline, sur la petite note qui donne des frissons et à laquelle on ne s’attend pas, avec l’aide de Jonathan Cagne, qui joue du piano sur « Summer Body ». Nous sommes en harmonie ensemble et nous parvenons à faire de belles choses. Là où je peux mettre ma patte et là où je suis sûr, je la mets. Mais voilà ! Ça avance vraiment bien et je suis tellement content.
À quoi ressemblera ce disque ?
Cet album me ressemblera. Je n’écris que sur ma vie, sur des événements que j’ai vécus directement ou indirectement, c’est très précis. On est sur des détails où on essaie toujours de faire parler les gens, pour que les gens puissent s’identifier à la chanson mais franchement, c’est moi et seulement moi.
Y aura-t-il des duos ?
Pas pour l’instant. Pas sur cet album. C’est un sujet, on en a discuté mais en fait, ça parle tellement de moi, c’est tellement privé que je ne me vois pas inviter quelqu’un à faire un petit refrain avec moi. On m’a vu si souvent associé à des candidats, à des artistes, à la « Star Ac ». Pour moi, c’est super important que sur cet album je sois tout seul. Après, c’est encore en discussion et on ne sait pas de quoi demain sera fait ! Evidemment s’il y a des propositions qui me donnent envie d’épater, je ne vais pas dire non…
Lorsque nous avons interviewé Lenie, elle nous a dit qu’il fallait se détacher les uns des autres. Êtes-vous d’accord?
Oui, évidemment je suis d’accord. Et pour moi, il ne faut pas voir cela de manière négative. C’est complètement humain. On sort d’une émission comme « Star Academy », c’est tellement gros ! Et pour les gens, c’est « Helena de la Star Academy » ou « Lenie de la Star Academy ». Pour l’instant, seul Pierre a réussi à avoir Pierre Garnier. Nous voulons juste nous séparer parce que nous voulons que les gens nous aiment pour qui nous sommes, tout seuls. Cela ne veut pas dire que nous ne nous aimons pas. Cela veut simplement dire que nous voulons que les gens nous écoutent parce qu’ils aiment notre projet personnel.
Vous êtes nominé pour la première fois aux NRJ Music Awards. Félicitations !
Merci ! (Rires)
Comment avez-vous réagi ?
J’étais en vacances avec ma famille et ma belle-soeur, qui est ma manager. Et soudain, je l’entends crier : “Hélé, Hélé, descends !” Je pense qu’il se passe quelque chose parce que mon filleul de deux ans était là. Alors je me dis : « Que se passe-t-il, que se passe-t-il ? Je pensais qu’il y avait un problème ! En descendant les escaliers, je ne sais pas pourquoi, une petite voix dans ma tête m’a dit : « Imagine, c’est la NMA ». Et là, nous pleurions tous, nous étions si heureux, c’était une nouvelle que nous attendions. On savait que l’annonce allait arriver donc on l’espérait mais en si peu de temps ? Pour moi, c’était presque inimaginable, même si c’est vrai que j’ai été un peu prévenu en me disant que c’était possible. C’était la meilleure nouvelle de la journée ! Nous sommes allés au restaurant, mon frère a bu du champagne. (Rires)
Le public a évidemment remarqué que vous étiez nominé face à Pierre Garnier dans la même catégorie. Est-ce que ça vous amuse ?
C’est normal que les gens s’en souviennent ! Car ils sont nombreux à passer en demi-finale du « Star Ac » où nous étions les uns contre les autres. Cela a déchiré le cœur de nombreuses personnes ! (Rires) Et là, c’est encore pareil. Je suis très fier d’être nominé dans cette catégorie avec lui. Quand on sort d’un grand spectacle comme celui-là, c’est génial de pouvoir se retrouver aussi rapidement dans cette cérémonie. Je n’avais aucun doute qu’il serait là. J’en doutais beaucoup. Je suis donc très content même si je ne vois pas cela comme une sorte de compétition. Il y a aussi d’autres artistes nominés dans cette catégorie qui sont vraiment forts et qu’on a beaucoup entendu cette année. Il n’y a pas que Pierre devant moi, il y a aussi de grands artistes. C’est juste une fierté pour moi, c’est assez symbolique.
C’est une belle preuve du tremplin qu’est la « Star Academy »…
Oh ouais! Je pense que cela donne encore plus envie aux artistes de participer au spectacle. « Star Ac », ce n’est pas que ça : on peut se retrouver aux NMA huit mois plus tard. C’est toujours aussi incroyable !
Quels conseils donneriez-vous aux nouveaux académiciens ?
J’ai toujours la même réponse à cette question car pour moi, c’est la plus véridique. Il s’agit vraiment d’être soi-même, absolument. Et profitez-en en donnant le meilleur de vous-même ! Quand je repense à cette aventure, je ne regrette rien. L’essentiel est de tout donner pour ne pas sortir de là et se dire : “J’aurais dû faire autrement, j’aurais dû être comme ça, comme ça”. Vous devez être vous-même.