Déjà vu au Hellfest, ce groupe de heavy metal caennais fête ses 20 ans avec un album et un concert

Déjà vu au Hellfest, ce groupe de heavy metal caennais fête ses 20 ans avec un album et un concert
Déjà vu au Hellfest, ce groupe de heavy metal caennais fête ses 20 ans avec un album et un concert

Par

Christophe Jacquet

Publié le

13 octobre 2024 à 16h28

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Du collège Guillaume de Normandie à Caen (Calvados) au Hellfestdes répétitions dans un garage à Soliers au tout dernier clip réalisé avec l’intelligence artificielle, le groupe métal lourd Chargeur de tête passé par tous les états de la musique indépendante. Garder Caen comme port d’attache.

Le 8ème album du groupe Headcharger a « quelque chose de plus coquin »

Cet automne, le survivant de la scène rock locale fête ses 20 ans. Pas en publiant un best of en fin de contrat – vraiment pas le type de la maison. Le combo bouscule les bacs et playlists des plateformes numériques (Amazon Music, Apple Music, Deezer, Spotify) avec fils 8e album Se balancer.

Sway, 8ème et dernier album du groupe, synthétise toutes ses influences. ©Document fourni par Headcharger

Un disque « qui ressemble vraiment au groupe tel qu’il est aujourd’hui », juge Romain Neveu, l’un de ses trois fondateurs. « Nous l’avons préparé pendant deux ans et, pour la première fois, nous l’avons composé avec cinq musiciens. » Dont les deux derniers arrivés en 2011, Antoine Cadot à la batterie et David Vallée, guitariste. « Nous avons eu le temps d’essayer de nombreuses versions d’ajustement. Faisons quelque chose de plus méchantavec beaucoup de cris et de chants. »



Un style qui sied bien au bassiste, éternel habitant de la rive droite à Caen. S’il a trouvé et imposé le nom définitif du groupe (« Headcharger, aujourd’hui ça fait référence à un chargeur de téléphone portable, mais pour nous, en 2004, cela signifiait qu’on faisait une musique qui envoie les gens »), Romain Neveu est peut-être celui qui a fait le plus de concessions. En laissant la guitare aux autres.

Son truc, c’est le hardcore – une version extrême et politique du punk américain. Mais « c’est drôle chez Headcharger, les cinq membres écoutent des choses très différentes ». Et tu peux toujours l’entendre Se balancer. « Cet album est la synthèse. » Un morceau peut démarrer sereinement et éclater en un « cataclysme sonore » ou combiner des riffs métalliques, un « pont plus planant » et un rythme limite rap à la batterie.

Du garage Soliers aux grands festivals de métal

A l’origine du groupe, dans sa préhistoire même, il y a un quatuor réunissant Nirvana et grunge. « On était une petite bande de copains, les durs du collège », rembobine Romain Neveu. « On n’a pas arrêté depuis la fin de la 3ème [au collège Guillaume-de-Normandie, entre Guérinière et Grâce-de-Dieu]. »

Tout s’enchaîne assez vite : répétitions dans le garage de la maison du batteur à Soliers, avec la voix mutante du chanteur Sébastien Pierre ; « le rendez-vous du samedi » autour des VHS de l’émission Le meilleur des déchets sur M6 ; le premier concert dans l’ancien Big Band Café (BBC) sous le surnom de Fresh Apple ; le premier K7 en 1997, « une musique cool avec un nom merdique : Doggystyle », qui lui a valu une menace de procès de la part d’un groupe punk de Los Angeles, via un message sur Myspace.

“Nous sommes trop compliqués à vendre”

A l’aube des années 2000, la composition change. Un premier album est enregistré au studio Swan Sound à Souleuvre-en-Bocage. Sous la houlette du producteur suisse Serge Morattel, le contenu est « un peu plus concret, plus intéressant musicalement », estime Romain Neveu. « La composition n’est pas toujours facile. On essaie de tout intégrer. » Fin 2004, le blaseux Headcharger est adopté lors d’un concert à la BBC.

S’ensuit une décennie prospère, avec cinq albums sortis tous les deux à trois ans, de Regarder le soleil a Hexagrammeet autant de virages plus ou moins bien négociés sur la route reliant métal lourd et plus de rock indépendant des années 90. « Avec le 5ème album, Serpent de diamant noir (2015), nous avons voulu approfondir stoner [un sous-genre venu du désert californien, avec basse lourde, rythmique répétitive, presque psychédélique] », rappelle Romain Neveu. « Aujourd’hui, on ne peut plus l’écouter. »

C’est aussi le temps des grands festivals. Dont le Sonisphere itinérant, lors de son escale à Madrid, aux côtés de Rammstein, Alice in Chains, Slayer et Iron Maiden. Autant de noms gravés au marqueur sur les kits des « hardos du collège ».

« C’est la première fois qu’on joue devant 4 à 5 000 personnes, assure Romain Neveu. « La France se dit, ce groupe devient intéressant. Les magazines nous repèrent. On fait plus de concerts, on est payé un peu plus. Mais ensuite nous avons dû changer de tourneurs à chaque album. »

Comme nous sommes trop rock pour les ‘metalheads’, et trop metal pour les rockers, nous sommes trop compliqués à vendre. Nous sommes habitués à tout faire nous-mêmes.

Romain Neveu, bassiste fondateur du groupe Headcharger

Le Hellfest a failli mal tourner

Jusqu’à trouver une autre étiquette, quand le patron de la précédente repart avec la caisse. « Et puis le Covid-19 arrive », déplore Romain Neveu. Les musiciens quittent le navire au quai. Ceux qui sont restés à bord « se téléphonent chez eux sur leur ordinateur » : « On s’envoyait des fichiers tous les jours. Tout le monde était réactif, des riffs aux parties de batterie. Nous avions beaucoup de choses à faire à la maison. » Cela donne l’avant-dernier album Renaître des cendres« le plus rock ». Mais « difficile à promouvoir » : « Les programmateurs étaient prudents, les gens avaient peur de retourner en salles. »

Il ouvre encore les portes de la grande messe du heavy metal, le festival Hellfest, fin juin 2022, à Clisson (Loire-Atlantique). Au démarrage. «Ben Barbaud [son créateur] nous appelle trois semaines à l’avance pour remplacer un groupe. »

Et pour un set de 45 minutes, sur la grande scène, devant Metallica, dont Romain Neveu a failli passer un mauvais moment. « Je n’ai pas pu jouer le cinquième morceau. Lors de l’insertion du jack, quelque chose explose à l’intérieur de la basse. » Un technicien sauve la situation.

Toute l’histoire du groupe Headcharger revisitée à la BBC

L’expérience, devant 25 000 spectateurs, a été « très cool », mais le Hellfest n’a pas eu les répercussions escomptées. « On pensait faire plus de dates pour la fin de la tournée Renaître de ses cendres.«

Headcharger revient au combat avec le label At(h)Ome et vous pouvez l’entendre sur Se balancer. « Nous avons parcouru un long chemin, nous pouvons être fiers de nos progrès. C’est ce qu’exprime cet album, sa pochette : ça vacille, un groupe, ce n’est pas facile », raconte Romain Neveu. « Nous avons réussi à franchir les étapes sans nous déchirer. Nous travaillons en tant que techniciens à côté [lui, entre autres, au Zénith de Caen ou sur le festival Beauregard]on se voit dehors. »

Headcharger revisite tous ses albums lors d’un concert à la BBC le 31 octobre 2024, à Hérouville Saint-Clair (Calvados). ©Simon « Chubbycoon » Gosselin

Un beau voyage pour les collégiens fans de Kurt Cobain, qu’ils retrouveront en concert à la BBC le 31 octobre. « En 1h10, on scanne tous les albums. »

En 2025, Headcharger compte bien reprendre la route. « Notre objectif ? 45 dates d’ici la fin de l’été. » Avec le Hellfest en ligne de mire et, cette fois, le nom du groupe caennais à l’affiche.

Pratique. Concert, avec Cemented Minds en première partie, jeudi 31 octobre 2024, à 20 heures, au Big Band Café, sur le site de la Fonderie, 1, avenue du Haut Crépon, à Hérouville Saint-Clair (Calvados). Tarifs : de 8 € à 13 €. Contact : 02 31 47 96 13. Réservation sur le site de la BBC.

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