les 20 qui font la coupe

Qui a plus d’influence qu’un musée, un CV long comme le bras et autant de décorations qu’un ministre ? La femme à la tête d’une des plus grandes fondations privées. Depuis plus de vingt ans, ce bourreau de travail s’impose dans le paysage institutionnel. Après avoir été commissaire d’exposition d’art contemporain au Centre Pompidou, dirigé Pompidou-Metz puis le Palais de Tokyo, elle passe de l’autre côté du miroir en 2021, après plus d’une cinquantaine d’expositions à son actif. Certains se sont démarqués : « Danse ta vie », en co-commissariat avec Christine Macel, ou « Rêvolutions », avec l’artiste Céleste Boursier-Mougenot à Venise. Aujourd’hui, à la Bourse de Commerce, on la voit prendre – ou plutôt donner – le pouls de l’art dans les foires internationales.


Hélène Nguyen-Ban, collector and entrepreneur

Après une première vie chez LVMH, cette parisienne globe-trotteuse a ouvert sa galerie dans les anciens murs d’Yvon Lambert. Amoureuse autant de Soulages que de céramique chinoise, elle cultive des amitiés avec les artistes Mai-Thu Perret, Ludovic Nkoth et Luc Tuymans. Avec Mathieu Rosenbaum, de l’École Polytechnique, elle fonde en 2020 Docent, une startup art-tech à l’intersection de l’art et de l’IA. Membre du conseil international de la Tate, jury des prix AWARE et Fluxus, elle accompagne les institutions dans la transformation numérique.


JR, artiste, 41 ans

JR

Portefeuille Mondadori/Getty Images

Derrière ses lunettes noires, JR cultive depuis vingt ans le mélange des genres et a fait de l’espace public son lieu d’exposition privilégié. La façade du Palais Garnier, spectaculairement animée l’an dernier, s’inscrit dans la lignée de ses installations de collages photographiques, des faubourgs de la capitale au Panthéon, de la Pyramide du Louvre ou d’une favela brésilienne, mais aussi d’un travail de chorégraphe entamé au Nouveau York il y a dix ans. Un jour en France, le lendemain dans une prison américaine de haute sécurité, ce pur autodidacte adepte des méga trompe-l’œil et de « l’art invasif » vient de dévoiler un nouveau court métrage à la Mostra de Venise, tout en cultivant un cinéma projet avec l’une des plus grandes stars du cinéma mondial : Robert de Niro.


Guillaume Houzé, président de Lafayette Anticipations, 43 ans

Guillaume Houzé

Bertrand Rindoff Petroff/Getty Images

Il crée la fondation Galeries Lafayette, ancrée dans le Marais à Paris, dont la particularité réside dans son accès gratuit. Dans ce bâtiment aux plateformes modulables conçu par Rem Koolhaas, les expositions sont gratuites et le lieu ouvert à tous. La mission est claire : « Soutenir les artistes et faciliter la rencontre des idées avec un public toujours plus large, jeune et engagé », dit-il, toujours affable. Résultat : son groupe est partout. Partenaire de Paris+, quinze ans après avoir créé le secteur des galeries émergentes en 2009 à la Fiac ; à la recherche d’artistes grâce au fonds de dotation dont la collection comprend 400 pièces ; pionnière de noms encore peu exposés en France, comme l’Américaine Martine Sym, prévue en novembre à la Fondation. Et qu’en est-il de ses acquisitions personnelles ? Lors de notre entretien en juillet, il nous avait confié avoir craqué pour une œuvre du peintre figuratif allemand Florian Krewer. Nous le comprenons.

Dubuffet réactivé chez Lafayette Anticipations

Depuis plusieurs mois, le monde de l’art parisien porte sa curiosité au maximum sur les projets des Galeries Lafayette. La famille Moulin/Houzé, propriétaires du groupe, collectionne avec assiduité et discernement, et avait fait courir des rumeurs sur l’éventuelle ouverture d’une fondation d’art.

Flèche


Antonia Scintilla, directrice de la Fondation Pernod Ricard, 41 ans

Antonia Scintilla

Antonia Scintilla

Antoine Doyen

Elle est le couteau suisse de notre liste. Entrée chez Pernod Ricard en 2010 comme chef de projet, elle gravit les échelons, rejoint la direction de la communication du groupe et participe à la création puis à la gestion du pôle philanthropique : résidences d’artistes et commandes d’œuvres, partenariats prestigieux, mécénat au Centre Pompidou et remise de prix. cérémonie… Avant de reprendre la direction de la Fondation. Question : comment se différencier des autres fondations privées en art contemporain ? En n’ayant pas de collection ! Ici, nous soutenons les artistes émergents. Nouveauté depuis l’entrée en fonction du médiateur italien : accroître l’influence internationale. En 2025, murmure-t-elle joyeusement, la fondation coproduira l’exposition de l’artiste franco-portugais Wilfrid Almendra à la Kunsthalle de Berlin.


Cécile Verdier, présidente de Christie’s Paris, 57 ans

Valeurs Cécile

Cécile Verdier

Francesca Mantovani

Son palmarès est impressionnant, depuis les collections d’Hubert de Givenchy et de la Maison de Verre jusqu’à Barbier-Mueller et la vente aux enchères record de 27 millions d’euros pour Le Melon a commencépar Chardin. Dans un marché français bouleversé par l’ouverture à la concurrence internationale en 2000, elle fait le lien entre deux mondes : l’Hôtel Drouot, ancien monopole où elle a débuté, et les grandes maisons internationales, comme le concurrent Sotheby’s, où elle a travaillé pour plusieurs années à Londres. Qui mieux qu’un initié, ayant été témoin des évolutions et des turpitudes du marché parisien, tout en cultivant une parfaite connaissance des enchères internationales, pour tenir la tête d’une grande maison ?


Patricia Marshall, conseillère artistique

Patricia Marshall

Patricia Marshall

Luc Castel/Getty Images

Une confidentialité absolue, tout en étant partout, tout le temps. Voici les mots d’ordre du conseiller en art qui murmurait aux oreilles des grands collectionneurs : Bernard Arnault, Claude Berri, Thierry Gillier et Eugenio Lopez. Elle-même collectionneuse, à la tête de l’espace parisien No Name, c’est à Los Angeles qu’elle découvre – et fréquente – Ed Ruscha, Larry Bell et John Baldessari dans les années 1980, avant de lancer son propre compte en 1991. Sa passion pour le minimaliste l’art et la scène latino-américaine sont deux des (nombreuses) facettes de ce globe-trotter français, qui doit beaucoup au rayonnement de Paris sur la scène artistique mondiale.


Kamel Mennour, galeriste, 58 ans

Kamel Mennour

Kamel MennourLuc Castel/Getty Images

Initialement spécialisé dans la photographie, il se tourne vers l’art contemporain, exposant des artistes majeurs tels que Daniel Buren, Claude Lévêque ou Anish Kapoor. Un quart de siècle plus tard, Kamel Mennour possède quatre implantations à Paris et est présent sur les plus grands salons. Entre rayonnement sur la scène française et stratégie tournée vers l’international, sa galerie a trouvé son équilibre. Son originalité ? Expositions atypiques. L’installation Empires, de l’artiste Huang Yong Ping chez Monumenta, au Grand Palais en 2016 – un immense dragon serpentant sur plus de 250 mètres – a laissé des traces. Mais ce galeriste aime aussi organiser des confrontations entre maîtres anciens et contemporains, qui attisent la curiosité du public et des collectionneurs. L’année dernière, sa branche philanthropique a été lancée : le Mennour Institute finance la recherche et l’éducation en histoire de l’art par le biais de ventes caritatives, d’ateliers et de partenariats.


Clément Delépine, director of Art Basel Paris, 43 years old

Clément Delpine

Clément Delépine

Matthieu Croizier

Avec son apparence de jeune homme bien habillé, il est depuis 2021 à l’origine de la métamorphose parisienne de la foire suisse : plus cool, plus ouverte et désormais avec un parcours ambitieux hors les murs. Ce doctorant frustré en sociologie, anthropologie et histoire de la médecine, est allé travailler, puis diriger le Swiss Institute de New York pendant neuf ans, avant de prendre la tête de Paris Internationale, pendant de la jeune génération de la Fiac. Fin connaisseur du médium – il a également travaillé pour la galerie Mitterrand et la galerie Bortolami à New York –, il a été repéré par Marc Spiegler, directeur d’Art Basel, qui l’a contacté sur Instagram. Il préside sa première édition sous la verrière du Grand Palais, rouvert après quatre ans de travaux.


Chris Dercon, directeur de la Fondation Cartier, 66 ans

Chris Dercon

Chris Dercon

Thibaut Voisin

 
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