Le sentiment d’avoir raison monte crescendo chez les musiciens pyrénéens de NinjA Cyborg. Le duo composé du Palois Martin Antiphon et du Bigourdan Marc Botté a lancé une procédure judiciaire contre le groupe allemand Rammstein. Au cœur des débats depuis plusieurs mois, de fortes similitudes entre le groupe français et son titre « The Sunny Road » et le hit « Deuschland » du groupe de métal.
Un récent rapport d’expert indépendant soutient NinjA Cyborg et conclut qu’il y a eu « un emprunt volontaire » de plusieurs éléments de la pièce allemande aux Français. Ce que Rammstein conteste formellement.
Les origines de la dispute remontent à 2020. Le groupe français, créé en 2015 et s’inscrivant dans la mouvance synth wave, a déposé le single « The Sunny Road » auprès de la Sacem le 15 novembre 2018. Puis un clip en stop motion a été diffusé. sorti sur YouTube en décembre 2018. Ce dernier connaît un petit succès, remportant quelques prix ou étant nominé dans plusieurs concours.
Parallèlement, Rammstein publie « Deutschland » en mars 2019. Ce dernier est l’un des morceaux phares du groupe de metal rock et compte aujourd’hui plus de 360 millions de vues sur YouTube.
« Devant une copie »
Les difficultés surviennent alors que NinjA Cyborg fait, en juillet 2020, la promotion de son EP éponyme « The Sunny Road ». Les auditeurs accusent les Français de plagiat, les obligeant à arrêter la communication autour de leurs morceaux.
Le duo pyrénéen est lui-même perplexe face aux troublantes similitudes entre les deux titres. Il affirme avoir composé le riff – le motif musical – en 2015 et note que la diffusion de leur son est antérieure à celle de Rammstein. Il lance donc le bras de fer pour déterminer s’il y a ou non plagiat de la part des Allemands. Après avoir été déboutés une première fois, ils ont obtenu de la cour d’appel de Paris, en novembre 2022, la désignation d’un expert indépendant pour comparer les deux ouvrages.
Les deux riffs ont trop de similitudes pour que ce soit une rencontre fortuite.
Il a récemment publié ses conclusions. Et ils sont accablants pour le groupe Rammstein. Le spécialiste estime qu’« il y a sans aucun doute un emprunt délibéré du riff et d’autres éléments mélodiques de « The Sunny Road » pour créer « Deutschland ». » « D’après notre étude comparative, il y a de telles similitudes entre les deux titres que nous sommes bien face à une copie », ajoute-t-il.
L’homme s’intéressait particulièrement aux riffs : les deux œuvres partagent « 100 % du même rythme, 87,5 % des mêmes notes, à la même octave, un son très proche du synthé style années 80, le même mouvement ascendant et les deux dernières notes. rapprochés en descendant. « Une ressemblance presque parfaite » est constatée.
Rammstein oublie une note
Depuis le début de la procédure, Rammstein a avancé plusieurs arguments. Selon les Allemands, chaque parti s’inspire d’une Source commune. Les avocats et experts de Rammstein ont produit plusieurs exemples d’antériorité. Lesquels ont été balayés par le spécialiste. « Aucun de ces morceaux n’est aussi proche que les riffs controversés des deux chansons impliquées. » « L’existence d’un art antérieur n’exclut pas la contrefaçon », ajoute-t-il.
De même, il exclut toute ressemblance due au hasard. “Les deux riffs de “Deutschland” et “The Sunny Road” ont trop de similitudes pour que ce soit une rencontre fortuite.”
Reste à déterminer la paternité des pièces. Outre les dates de dépôt à la Sacem, chaque acteur a été invité à présenter sa démarche créative lors de confrontations. L’expert a relevé des « incohérences » dans les réponses du guitariste de Rammstein qui prétend être le compositeur. L’Allemand a même joué le riff controversé sans convaincre l’expert.
Une seconde rencontre est du même acabit, le musicien oubliant à plusieurs reprises l’une des seize notes du motif musical. Une assez fausse note qui conforte le spécialiste dans son expertise en faveur de Ninja Cyborg.
