les bonnes idées ne font pas toujours de bonnes photos

Le photographe étant constamment à la recherche d’une scène originale à capturer, il imagine souvent des scénarios et tente d’anticiper l’action. Il peut avoir une certaine composition en tête et essayer de prédire où seront placés les différents sujets.

En étant patient, il obtiendra régulièrement la photo souhaitée après plusieurs minutes de tentatives infructueuses. Mais parfois, même après plusieurs tentatives, les résultats peuvent ne pas être bons. Et il faut savoir le reconnaître.

Nous sommes à Saint-Pétersbourg, en . Les cadets russes se préparent pour une cérémonie le 9 mai pour marquer la victoire russe contre les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale.

La photographe Olga Maltseva a repéré un soldat immobile et l’a placé au premier plan. Derrière, un groupe de cadets se dirige vers elle à un rythme rapide.

Laissez-moi interpréter son raisonnement : en prenant des photos avec une vitesse d’obturation faible (environ 1/8 ou 1/15 seconde), l’arrière-plan sera soumis au « flou de mouvement » (ou « motion blur »), ce qui créera un bel effet. et montrer que le défilé est en cours. Si le soldat tenant un fusil reste très immobile, il apparaîtra net sur la photo malgré la faible vitesse, ce qui fera un joli contraste avec les troupes derrière.

Une très bonne idée, à essayer. Par ailleurs, on constate que l’effet de mouvement des soldats qui défilent est parfaitement réussi.

En revanche, le sujet devant n’est pas net : lui aussi souffre d’un certain flou de mouvement ou peut-être d’un « motion flou » (induit par un mouvement de la main) – sans doute accidentel –, qui bousillent l’idée.

On a souvent le réflexe de vouloir publier une photo car on a passé beaucoup de temps dessus. Erreur. Il faut être capable de lâcher prise et de lâcher prise sur son idée. Mieux vaut se concentrer sur le prochain plan.

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak lors d’une visite officielle à Varsovie, le 16 avril 2024.

Photo : Getty Images / AFP / SERGÉI GAPON

Lorsque l’on couvre la politique, en particulier, accorder une attention particulière au positionnement des mains et à l’expression du visage permet de prendre de très bonnes photos. J’ai déjà consacré une chronique aux gestes de la main.

Le photographe Sergei Gapon a choisi d’exploiter cette notion la semaine dernière alors que le Premier ministre britannique Rishi Sunak était en visite à Varsovie, en Pologne.

Mais ici, la main est mal localisée et cache la quasi-totalité du visage de M. Sunak. L’accent était mis sur ses doigts. Et son œil, que l’on voit partiellement, est flou. Son expression faciale est donc difficile à interpréter. Résultat : une photographie déroutante.

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Un travailleur examine mardi une lucarne cassée du Capitole à Washington.

Photo : Getty Images / Andrew Harnik

Le Congrès américain a adopté mardi un plan d’aide militaire et économique d’urgence de 95 milliards de dollars à l’Ukraine, à Israël et à Taiwan. Il a reçu un très large soutien au Sénat.

Le photographe Andrew Harnik était au Capitole pour illustrer ce vote. Il a choisi de montrer un ouvrier mesurant une lucarne brisée. En arrière-plan, on aperçoit l’architecture imposante du bâtiment. Le projecteur de gauche est défectueux.

Quel est le concept derrière cette photo ? Quel rapport y a-t-il entre un homme qui va réparer une vitre cassée et le Sénat américain qui accorde une aide financière de 95 milliards ? Quelles informations proviennent de cette image ? Je cherche toujours.

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Un artiste en costume traditionnel se produit mardi pour le président du parti Bharatiya Janata, Amit Shah, à Bangalore, en Inde.

Photo : Getty Images / AFP / IDREES MOHAMMED

Avant le deuxième tour des élections générales en Inde, une fête a été organisée pour le président du parti Bharatiya Janata, Amit Shah, à Bangalore.

Un homme en tenue traditionnelle regarde le photographe avec de grands yeux et tire la langue. Cela devient inévitablement un élément important de l’image.

Qui est ce personnage ? Que fait-il? Ce geste fait-il partie d’un spectacle ? Quel lien faut-il faire avec les élections générales dans le pays ? Autre irritant : la femme à gauche de la photo nous regarde, ce qui détourne inutilement notre attention.

Quand on pose autant de questions sur une photo, c’est qu’elle passe à côté du but.

Mon clin d’oeil de la semaine

Dans le cadre d’un reportage des journalistes Daniel Boily et Davide Gentile sur les hospitalisations à domicile, j’ai accompagné l’infirmier Marc-André Tremblay lorsqu’il allait voir des patients à domicile.

Mon idée était de prendre une photo à travers le dossier d’une chaise de cuisine. Il était important de démontrer que l’action s’était déroulée au domicile du patient. Equipé d’un objectif grand angle, j’ai utilisé un trou dans le dossier pour cadrer la scène. Et j’ai attendu plusieurs minutes un moment qui démontrait clairement les soins prodigués à domicile.

>>L'infirmière prend la tension artérielle d'un patient dans la salle à manger du patient.>>

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L’infirmière Marc-André Tremblay effectue un suivi médical à domicile en avril 2024.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Je ne vous montrerai cependant pas les photographies les moins réussies (plus d’une centaine) que j’ai prises avant d’arriver à un résultat qui m’a plu…

 
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