« Bienvenue au nouvel employé de la radio ! », s’enthousiasme Xavier Laissus Pasqualini, le patron de Nostalgie. Car dans son effectif, le leader compte désormais un animateur pas comme les autres : Julien Clerc !
A 75 ans, la célèbre chanteuse à qui l’on doit “Faites-moi une place” ou “Ma préférence” se mue en animatrice radio. A partir du jeudi 7 septembre, les auditeurs pourront l’écouter chaque semaine entre 19h et 20h dans “Jeudi, c’est Julien”, une émission dans laquelle il livrera ses anecdotes sur des titres sélectionnés par lui, autour d’une thématique. . . Rentrée bien sûr pour cette première, avant les villes la semaine suivante, à deux jours de son concert samedi prochain à Paris Paradis, le festival parisien prévu du 8 au 10 septembre à La Villette.
“N’hésite pas à me le dire quand tu n’es pas content !” », dit-il en souriant à ses nouvelles équipes avant de sortir une impressionnante pile de feuilles, sur lesquelles il a écrit à la main toutes les anecdotes qu’il souhaite évoquer au micro. Le chanteur qui vient de vivre un drame personnel avec la disparition de son frère Gérard Leclerc dans un accident d’avion se confie pour la première fois depuis l’accident.
Comment vous êtes-vous retrouvé animateur sur Nostalgie ?
JULIEN CLERC. L’idée vient de moi. J’aime beaucoup la radio. Je suis donc allé voir la direction et je leur ai dit que, s’ils voulaient m’en donner l’opportunité, j’avais très envie de faire ce concept, très simple mais qui permet à la fois de raconter des histoires et de jouer la musique qu’on aime.
Vous êtes venu très préparé !
Quand j’ai dit à Carla Bruni il y a deux mois que j’avais ce projet, elle m’a dit Vous êtes conscient qu’il va falloir écrire ! je lui ai dit Oui oui sans penser un mot. (Il rit.) Et finalement, j’ai tout noté ce matin. Même si bien sûr, j’avais déjà toutes les idées ainsi qu’un petit carnet où je note toutes les chansons. Et puis il y a la recherche de toutes les anecdotes. On disait à l’époque que les chanteurs devaient balancer leur cœur sur le bord de la scène, vers la salle. C’est un peu pareil à la radio, finalement, avec un rythme et un ton de voix particuliers.
Vous vous ouvrez également puisque vous allez parler de votre relation avec France Gall. C’est important ?
Je pense que dans un tel spectacle, il faut raconter des histoires aux gens. Et cela a été mon rôle toute ma vie : chanter d’abord, et maintenant parler. Je suis dans le paysage depuis quelques temps donc je partage mon expérience avec les auditeurs.
Comme en musique, la force de ce micro est-elle de pouvoir être intime sans être impudique ?
Je le pense aussi. Les chanteurs peuvent dire des choses sans vergogne car la musique est un excellent support pour faire passer des messages. Nous pouvons nous permettre de dire beaucoup de choses. Et là aussi, ça m’amuse de raconter ces petites histoires entre les titres car il y a des choses qu’on a oublié, qu’on ne sait pas… ou que je suis le seul à pouvoir savoir !
Est-ce la première fois qu’on vous propose de faire de la radio ?
En effet ! J’ai fait beaucoup d’interviews et j’ai déjà compris quand certains animateurs disaient qu’ils préféraient ce média à la télévision, car on n’a pas affaire à une caméra. Même si la radio de l’époque n’existe plus et que vous êtes désormais filmés, les auditeurs sont surtout là pour vous écouter.
Vous avez signé pour une saison complète…
-Mais j’ai déjà plein d’idées de thèmes dans mon petit carnet. Près d’une trentaine, je dirais ! Il existe des façons de faire des choses très amusantes. Et tout est possible quand la musique est belle. D’un autre côté, je ne veux pas seulement choisir l’amour, car c’est une question que l’on retrouvera dans de nombreux thèmes au final. Pour le deuxième numéro, nous allons parler des villes mais nous avons déjà réalisé qu’il y avait de quoi faire deux ou trois numéros. Et je ne parle même pas de Paris, qui aura droit à une spéciale !
Allez-vous diffuser vos chansons ?
Je souhaite principalement avoir de la variété dans la programmation : dans la langue comme dans la musique. Et je veux que tout le monde soit là parce qu’il y a tellement de bonne musique dans le monde. Pour cette première, les équipes de la station m’ont proposé de diffuser « Mademoiselle ». Mais je ne pense pas que mes chansons seront présentes à chaque émission ! Il y a le chanteur Julien Clerc et, ici, l’animateur Julien Clerc. (Il sourit.)
Allez-vous interpréter vos chansons samedi 9 septembre lors du festival « Paris Paradis », organisé par Le Parisien ?
Oui bien sûr ! J’avais prévu un programme de 50 minutes, avec de nombreux titres. Parce que pour moi, chanter n’est pas un métier. C’est une façon d’être et cela aura été toute ma vie. De plus, je crois que le rôle d’un artiste est de rendre cette vie plus facile et plus heureuse.
Le 15 août dernier, votre demi-frère Gérard Leclerc est décédé dans un accident d’avion. Vous lui avez rendu hommage deux jours plus tard, lors d’un concert à La Baule. Était-ce important d’être sur scène ?
(Les yeux embrumés.) Serge Lama m’a envoyé un texto pour me dire Chante, chante, chante. C’est tout ce qu’il y a à faire. J’ai presque envie de dire que c’est notre devoir en tant qu’artistes. Et ce soir-là, j’ai donc chanté en pensant à mon frère, et c’était peut-être encore plus amusant que d’habitude. Car Gérard devait venir à cette date. La vie nous réserve vraiment toutes sortes de surprises. Et là, il a disparu à l’endroit même où je chantais deux jours plus tard. C’est un drôle de signe de vie.
Aviez-vous une relation très forte avec lui ?
J’étais son frère aîné. Nous n’avions que quatre ans d’écart. Nous dormions dans la même chambre quand nous étions enfants. Et il a toujours été très proche de moi et notamment, je dirais, de l’artiste. Il était le plus fidèle des fans. Comme je l’ai dit à cette date, c’était agréable d’être admiré par son petit frère. C’était très réconfortant pour moi.
Allez-vous lui rendre hommage dans l’émission ?
Cela arrivera très certainement puisque j’ai parlé de nous dans plusieurs titres. Comme ces chansons me rappellent souvent des souvenirs personnels, il y a aussi des choses familiales qui me reviennent.
Un nouvel album est-il prévu ?
Assez. Je prévois de remonter sur scène dans trois ans, donc un disque sortira avant. Il est même très avancé en termes de composition. Cela m’étonne d’ailleurs car, plus de cinquante ans après avoir débuté ma carrière, je me retrouve toujours aussi motivé derrière un piano, avec un vrai plaisir de chanter. Ce métier, que je ne considère pas comme un travail, m’a permis de vivre la vie sans voir les choses laides. C’est une chance incroyable.