Pendant deux ans, Pecco Bagnaia a fait équipe avec Enea Bastianini, celui qui avait été pour lui un adversaire farouche en 2022, lorsque l’un courait pour l’équipe d’usine et l’autre pour Gresini. Pourtant, aux yeux du double champion du monde MotoGP, son acolyte n’a pas eu de chance une fois réunis sous la bannière officielle, privé des performances auxquelles son potentiel aurait pu le destiner.
« Enea est un pilote qui, à mon avis, a été très malchanceux durant ce chapitre de sa carrière. C’était tout à fait le cas l’année dernière. » retient Bagnaia. «Cette année, il s’est malheureusement retrouvé dans la boucle des discussions médiatiques sur le sujet Márquez, Martín et Enea, et il n’a pas pu apprécier la situation. Mais à mon avis, Enea est un pilote qui a un potentiel incroyable.
« Lorsqu’il parvient à faire en sorte que tout aille dans le bon sens, comme on l’a vu plusieurs fois à Silverstone et ailleurs, il est clairement l’un des pilotes les plus forts. C’est dommage de ne pas l’avoir eu à son maximum. Mais, en plus d’un excellent pilote, je connaissais un ami qui m’a aidé dans différentes situations”, salue le Turinois.
Touché par les paroles de son coéquipier, Bastianini a fait de leur relation l’une des meilleures choses à retenir de son passage dans l’équipe officielle : « De ce point de vue, je suis très reconnaissant pour cette aventure chez Ducati car nous nous sommes beaucoup battus mais avec beaucoup de respect. Nous formions une équipe incroyable, très solide. Nous avons travaillé tout le - pour être plus rapides et le niveau a sans aucun doute augmenté grâce au travail que nous avons fait ensemble. Nous avons parfois essayé une nouvelle pièce sur la moto et avons beaucoup parlé de la nécessité d’apporter le maximum à Ducati, et cet équipement a également été fourni à Jorge. [Martín] et Franco [Morbidelli].»
« Pecco m’a fait grandir à plusieurs points de vue. Mais cela vaut aussi pour Jorge et Marc [Márquez]qui m’a donné du fil à retordre et m’a fait grandir. Je me sens comme un meilleur pilote et j’espère pouvoir le démontrer.
Enea Bastianini a su se montrer intransigeant lors de certaines courses.
Photo de : Gold and Goose / Images de sport automobile
S’il est reconnaissant de ces échanges, Bastianini ne peut en revanche qu’admettre qu’il n’a pas effectivement obtenu les résultats espérés. En ce sens, sa première saison en rouge a fortement conditionné la suite, avec d’abord des difficultés à trouver ses marques, puis surtout des blessures qui l’ont tenu longtemps à l’écart. Au départ d’à peine plus de la moitié des Grands Prix, il n’a percé qu’en toute fin de championnat en renouant avec la victoire en Malaisie.
“Je pense qu’Enea a beaucoup souffert de sa chute l’année dernière et il lui a fallu presque un an pour s’en remettre”, note le chef d’équipe Davide Tardozzi sur le site officiel. “Mais d’un autre côté, cette année, il a prouvé qu’il pouvait se battre pour les premières places, et se battre contre un vrai champion comme Marc pour la troisième place n’est pas un mauvais résultat.”
«Beaucoup de choses à me reprocher»
La troisième place du championnat a fini par échapper à Bastianini lors de la dernière course, la faute selon lui à une certaine incohérence. « En réalité, je me sentais fort un peu partout en fin de saison. Mais les variations selon les différentes situations ont un impact. Cela peut être bon le matin et mauvais l’après-midi, ou vice versa. A part ça, je n’ai rien raté. Je pense que c’est une question de cohérence.
“Mon potentiel était probablement très proche de celui de Pecco et Jorge, mais à plusieurs reprises je n’étais pas constant et il me manquait quelque chose”, il juge. « Quand j’étais devant en qualifications, j’étais ensuite derrière en course, et la fois suivante, c’était l’inverse. Ça ne peut pas être bien de jouer pour le titre. Si nous voulons remporter le titre, nous devons changer cela. J’espère avoir plus de chance pour mon avenir car je sais que je peux faire quelque chose de plus qu’en 2024. »
« Une année de plus m’aurait été utile pour pouvoir faire la différence. Je ne peux pas prendre en compte l’année dernière car elle ne m’a servi à rien. » décide Bastianini qui, après quatre années au volant de la Desmosedici, avec sept victoires en GP et deux au format sprint, rejoint le groupe KTM pour la saison prochaine en rejoignant l’équipe Tech3.
«Je vais clairement emporter beaucoup d’expérience. Disons que ces quatre années ont été très bonnes, avec des hauts et des bas. Si on veut, on peut dire que, parfois, on n’a pas été à la hauteur, donc j’ai beaucoup à me reprocher, mais il y a eu aussi beaucoup de joies et j’ai vécu beaucoup de beaux moments.
Avec Matteo Nugnes
Dans cet article
Léna Buffa
MotoGP
Enea Bastianini
L’équipe Ducati
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