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Les producteurs de truffes sont déçus : la saison n’est pas aussi bonne que prévu dans le Lot. Les pluies de décembre ont favorisé la prolifération des limaces. En trufficulture, les dégâts sont importants avec des récoltes réduites de moitié dans certaines filières.
Autant le dire tout de suite : limaces et truffes ne font pas bon ménage. Et pourtant, les planètes étaient alignées. Les producteurs de truffes du Lot avaient même accordé leurs violons début décembre pour prédire une très bonne saison. Un mois plus tard, c’est la douche froide. « On pensait que ce serait une belle année et finalement, on commence à manquer de truffes », reconnaît Delphine Vigne, truffière et présidente des Amis de la Maison de la Truffe, à Cuzance. Elle a compté, les calculs ont été vite faits et n’étaient pas bons : « Actuellement, on sait déjà qu’il y a moins de truffes que l’année dernière, à la même époque. Nous sommes moitié moins. L’année dernière, les week-ends de janvier, j’ai récolté 12 kg. Cette année, c’est plutôt 6 kg. Autour d’elle, dans le Nord, les producteurs lotois qui fournissent habituellement 3 kg par semaine n’ont, cet hiver, qu’un kilo.
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Le marché de Sainte-Alvère, en Dordogne, qui ouvre la saison, a donné le ton : sur les étals, contre les 75 kg de truffes noires présentes en 2023, il n’y en avait que 35 l’an dernier. La faute à la pluie et donc, à des limaces. « Cette saison est un véritable fléau. Il a beaucoup plu en décembre et les limaces sont arrivées. Nous avons trouvé des truffes trouées et abîmées de début décembre jusqu’à Noël », explique le producteur. Les truffes ont été ramassées mais déclassées. Certains ne pouvaient pas vendre. Car une truffe mangée par une limace se voit : elle est ajourée et présente des galeries, une fois coupée en deux.
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« Nous nous sommes retrouvés avec beaucoup de tri à faire en décembre. Sur un kilo collecté, la moitié, ce n’était vraiment pas génial», se souvient Delphine Vigne. Celui qui est aussi restaurateur n’a rien gâché : les truffes les moins élégantes ont été fendues et râpées dans du sel, du beurre ou serviront à réaliser des glaces. Autant de produits dérivés. Ceux qui n’étaient vraiment pas utilisables ont été ressemés. Même constat dans le secteur de Lalbenque, cette fois au sud du Lot. « Nous avons moins que ce qui était prévu. La pluie de l’automne et la sécheresse de cet été n’ont pas joué en notre faveur. Les arbres ont trop souffert de la chaleur ces deux dernières années et les naissances de truffes espérées n’ont “pas eu lieu”, résume Jean-Jacques Fourès, le président de l’association des trufficulteurs du canton de Lalbenque et les Causses du Quercy. Ceux qui ont arrosé vont un peu mieux. Mais la quantité n’est toujours pas là. Ici aussi, les limaces ont fait des ravages. « Dans ma mémoire de producteur, c’est la première fois que je vois autant de limaces causer des dégâts sur les truffes », annonce le trufficulteur. Outre les limaces, il existe un autre élément perturbateur : les liodes.
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Un petit insecte rouge qui perce la truffe de 2 à 3 millimètres de diamètre, la grignote et rejette les morceaux dans la terre. Un procédé naturel qui permet de réensemencer mais qui abîme également la truffe. « Mardi dernier, j’ai vu sur le marché des truffes qui étaient entièrement mangées, au moins à moitié. J’encourage les producteurs à couper le morceau endommagé et à vendre ces truffes séparément, en deuxième choix », poursuit Jean-Jacques Fourès. Dans son secteur, la récolte est équivalente à celle de l’année dernière. 25 kilos affluent sur le banc contre 50 kilos les années prolifiques.
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Pour l’heure, depuis l’ouverture du marché de Lalbenque mardi 3 décembre, 130 kg ont été écoulés. « Ce n’est pas suffisant. Les truffes manquent encore de saveur mais ce qui m’inquiète le plus c’est la quantité. Car si la situation se reproduit d’année en année, les marchés auront du mal à survivre pendant dix ans ou plus”, prédit-il. A noter également qu’en raison de la pluie, certains producteurs ne sont pas sortis pour céder. Les truffes se vendent environ 750 euros le kilo sur le marché.
Toutefois, les truffes devraient passer au travers ce mois de janvier. « Ça va mieux depuis Noël, il y a eu moins de dégâts. Le froid a commencé à faire son effet et a tué les limaces. La truffe commence à être belle et noire”, poursuit Delphine Vigne, au nord du Lot, qui constate depuis plusieurs jours moins de “gaspillage” dans sa production. Espérons que ça dure.
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