Depuis plusieurs semaines, face aux contours tracés par la Commission européenne, concernant la création d’un marché unique de la Défense, dans le cadre du programme EDIP, l’écosystème de défense français est en pleine tourmente.
Cette initiative d’Ursula von der Leyen repose en effet sur la création d’un marché unifié, en Europe, destiné à encadrer les grands programmes d’équipement de l’armée, à accroître la part européenne, aujourd’hui très insuffisante, et à améliorer son application, avec une réduction prix et délais, ainsi qu’une meilleure interopérabilité.
Mais pour Paris, une telle trajectoire marquerait la fin de l’autonomie stratégique française, héritée du gaullisme, et des prérogatives nationales en matière d’arbitrage en matière d’équipements de défense, avec le risque bien réel de voir l’industrie de défense française se dissoudre dans un système européen. bloc qui n’aurait pas, en même temps, atteint lui-même l’autonomie stratégique.
En effet, du côté de la commission comme d’une grande majorité de pays européens, il n’est pas question d’exclure les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de ce marché commun de l’armement, Washington étant toujours perçu comme le pivot protecteur de l’Otan, dans toutes les capitales européennes. sauf un, Paris.
Quels sont les mécanismes à l’œuvre dans cette affaire très complexe ? La France a-t-elle les moyens d’influencer les décisions de la Commission européenne en la matière ? Et quelles seraient les alternatives pour Paris, face à une majorité européenne opposée à ses positions ?
Résumé
Le constat : les Européens s’équipent majoritairement de matériel militaire conçu ou fabriqué hors d’Europe
Plusieurs rapports sont apparus ces dernières années pour montrer la position très fragile de l’Europe en matière de défense, et plus particulièrement d’équipements de défense. Ainsi, IRIS estimait, en septembre 2023, que les armées européennes avaient consacré 78 % de leurs crédits d’équipement à l’acquisition de matériels conçus et/ou produits hors d’Europe, en 2022 et 2023, dont 65 % pour des équipements européens.
En mars 2024, le rapport du SIPRI allait dans le même sens, estimant que les importations européennes d’armes avaient connu un bond de 94 % sur la période 2019-2023, par rapport à la période précédente, 2014-2018. , dont une majoration de 35% pour les seuls équipements d’origine américaine.
-Il est vrai qu’en marge de l’invasion russe de l’Ukraine, plusieurs armées européennes ont annoncé des programmes d’acquisition très importants de matériel militaire américain, qu’il s’agisse de systèmes de défense aérienne, de missiles, de véhicules blindés, de systèmes d’artillerie, d’hélicoptères et surtout d’avions, notamment l’omniprésent F-35, désormais choisi par plus de la moitié des forces aériennes européennes.
Une étude plus récente, de l’IISS, tend cependant à tempérer quelque peu ces affirmations, en estimant la part des équipements importés pour les armées européennes à seulement 52 %, dont 34 % pour les États-Unis, depuis 2022, sur la base d’une une étude plus large, ne se limitant pas aux seuls programmes d’équipement majeurs.
C’est pourtant le rapport Draghi, publié en septembre 2024, qui a finalement convaincu le président de la nouvelle Commission européenne de doter l’Union européenne d’un commissaire dédié à la mission de défense et spatiale, poste attribué à l’ancien Premier ministre lituanien. Andrius Kubilius, et de confier à son homologue estonien Kaja Kallas le poste de haut représentant de l’Union pour la politique étrangère et les affaires de sécurité.
La solution européenne : un marché unique EDIP Défense, pour augmenter les flux d’équipements, réduire les coûts et augmenter la part européenne
Pour répondre à ce constat, la présidente de la Commission européenne, soutenue par ses deux alliés baltes, a élaboré un programme visant à encadrer et harmoniser les programmes d’acquisition d’équipements de défense au sein de l’Union.
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