En début d’année, le président du Conseil départemental fait le point sur la situation financière de la collectivité et les projets à réaliser pour la région. Le socialiste aborde également les prochaines élections avec une ligne de conduite bien définie.
Objectif Gard : L’instabilité gouvernementale est sans précédent. Quel regard portez-vous sur la situation en France ?
Françoise Laurent-Perrigot: Nous avons vécu de nombreuses situations, mais celle-ci est sans précédent ! Nous, malgré le contexte, continuons, nous rebondissons. Les députés PS sont allés dans le bon sens, en ne votant pas la motion de censure. De plus, grâce aux socialistes, des progrès ont été réalisés (suppression des deux jours d’attente supplémentaires dans la fonction publique, maintien de 4000 postes d’enseignants, etc.). Nous sommes la clé. Maintenant, la France doit se relever.
Le gouvernement Barnier avait demandé au Département de réaliser 5% d’économies sur le budget 2025. Quelle est la situation aujourd’hui ?
Pour élaborer notre budget 2025, nous nous sommes basés sur la loi Barnier. Nous avons retenu le scénario le plus pessimiste avec 55 millions d’euros d’économies. Le problème est que, dans le même temps, nos dépenses limitées, notamment sociales, augmentent. Il y a des domaines que nous refusons d’aborder, comme l’aide aux communes de l’ordre de 8 millions d’euros. Même s’il n’est pas énorme, il permet aux entreprises de travailler et donc de faire vivre les familles gardoises.
Où allez-vous économiser de l’argent ?
Nous n’allons pas faire les choses de manière drastique. Plus précisément, nous allons arrêter d’embaucher des contractuels cette année. Cela représentait 5 millions d’euros en 2024. De même que le nombre d’apprentis sera réduit à 100 au lieu de 140. Ensuite, on passera à l’exécution du budget. Nous examinerons au cas par cas. Nous avons deux décisions modifiant le budget, en juin et en octobre. On verra si nous avons de bonnes surprises…
Ces bonnes surprises pourraient concerner vos recettes fiscales liées aux ventes immobilières (DMTO) ?
C’est un peu mieux, mais il ne faut pas s’emballer. On pensait que ces revenus allaient stagner… Nous sommes arrivés à 124 M€ en 2024 contre 100 M€ prévus. En 2023, le chiffre d’affaires a été de 185 millions d’euros.
Quels projets allez-vous entreprendre en 2025 ?
Il y a le collège de Saint-Gilles et Villeneuve qui sont lancés. Sur le barrage Sainte-Cécile-d’Andorge, les travaux se poursuivent. Tout comme pour le complexe sportif de Méjannes même s’il a fallu adoucir certaines opérations. Notre siège social, c’est-à-dire les élus, leurs collaborateurs et notre service juridique, déménagera courant mars dans nos locaux en face. Ici, nous rapatrions les services des ressources humaines, actuellement installés dans des locaux que nous louons au triangle de la gare. Nous avons beaucoup de biens immobiliers comme la préfecture, le palais de justice… L’idée est donc de supprimer le plus possible les loyers.
En parlant de rénovation du collège, où est celle de Pont-Saint-Esprit ?
Il y a un conflit avec le maire qui ne devrait pas exister. Le maire estime qu’il n’est pas obligé de céder le terrain au Département pour la reconstruction du collège. Sauf que ce ne sont pas nos règles. D’ailleurs, toutes les communes n’ont pas tardé à nous confier des terrains pour la reconstruction de leurs équipements. Alors, j’ai reçu le maire. Mais je ne vais pas attendre éternellement. S’il ne nous fournit pas de terrain, il faudra faire quelque chose, peut-être le déplacer à Saint-Nazaire. Derrière, il y a des étudiants qui doivent étudier dans de bonnes conditions.
En quelques années, la subvention de fonctionnement des pompiers du Gard a augmenté de plus de 10 millions d’euros. Votre prédécesseur, Denis Bouad, était plutôt enclin à faire des économies…
-C’est de l’argent bien dépensé. Regardez à Mayotte, nos pompiers ont été très utiles. Et quand nos pompiers sont mobilisés à l’extérieur, il faut les remplacer dans le Gard. Nous avons également des projets comme le centre d’urgence de Bagard, les casernes de Bellegarde, Quissac et Vigan. Le Département participe aux investissements. Cela va dans le bon sens pour les communes. Par ailleurs, notre contribution au budget du SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours) est de 60% et de 40% pour les communes. Dans d’autres départements, c’est l’inverse.
Parlant d’argent bien dépensé… Le président de Nîmes métropole, Franck Proust, a critiqué la réduction des fonds du Conseil départemental pour le projet de contournement ouest de Nîmes.
Nous nous alignons sur le Conseil Régional. La Région, dans un premier temps, a participé à hauteur de 27,7%. N’oublions pas qu’il s’agit d’un contrat de plan « Etat-Région ». Nous venons en complément et c’est déjà une opportunité pour la région. De toute façon, je ne crois plus aux grands projets. Il y a tellement de contraintes, de blocages… Ça n’avance pas.
Les prochaines élections municipales se préparent. Participerez-vous au vote en tant que président du Conseil départemental en soutenant les candidats de gauche ?
Je les soutiens automatiquement. Ce que je combat, ce sont les idées du Rassemblement national. Cependant, j’estime que ce n’est pas à moi de mettre en œuvre le plan d’action. Chacun dans sa communauté doit faire ce qu’il veut. Aux élections municipales, je ne vois pas ce qu’on apporte le plus. Ce n’est pas tant l’étiquette qui compte, mais les idées qui prédominent.
De nombreux maires s’arrêteront aux prochaines élections municipales comme à Fourques ou Redessan. Le Rassemblement national n’a jamais été aussi fort dans ces territoires. Est-ce que cela vous inquiète ?
Nécessairement. Mais je pense que la population en est consciente.
Derrière les élections municipales, il y a les élections sénatoriales… Cette élection va définir un nouveau paysage politique. Pensez-vous pouvoir l’influencer ?
Oui, je serais prêt à aider, mais ce n’est pas à moi de m’imposer.
Vous êtes à la tête du Conseil départemental depuis cinq ans. Comment le vivez-vous ?
Je suis assez satisfait, il y a une bonne ambiance, un bon fonctionnement. Aujourd’hui, les vice-présidents sont pleinement impliqués dans leur délégation. Au début, beaucoup n’aimaient pas ma méthode. Eh bien, je pourrais comprendre cela. J’ai aussi pris des décisions. Je me suis demandé si j’avais fait les bons choix et, au final, regardez : l’argent économisé s’est avéré utile.
Souhaitez-vous remplir un autre mandat de président ?
Je ne prends pas de décisions à l’avance (…) J’insiste : j’aime profondément mon département.
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