Isabelle a craqué pour cet hôtel particulier du centre-ville de Marmand en plein Covid avec son escalier en colimaçon qui date d’il y a des années. À l’époque, les taux d’intérêt étaient bas et la propriété constituait une aubaine pour le commerçant. Au point d’investir dans des travaux importants. « Ce que j’aime avant tout, c’est la rénovation, comme dans les salons de décoration. Le but était de la féliciter. Depuis, nous avons accueilli les acteurs du film « Fêlés », partenaires du festival Garorock », raconte le propriétaire. Mais elle n’a jamais pensé à y vivre.
Quatre ans plus tard, comme de nombreux acheteurs de ce type de produits de luxe, elle souhaite « passer à autre chose ». « La Charmeuse », d’une superficie de 300 m², est en vente depuis six mois au prix de 1 million sur le site d’une agence immobilière. Mais La Bazeillaise ne compte pas le confier à n’importe qui, même si elle n’a aucun souvenir sentimental entre ces murs.
Un prix médian inférieur ici
« La seule façon de gagner de l’argent ici dans le Lot-et-Garonne, c’est de rénover l’ancien pour créer de la valeur ajoutée », confirme Alexander James Green, agent immobilier à Duras. De grandes demeures, quelques châteaux et surtout des complexes de gîtes : son agence compte en portefeuille 17 biens « de prestige », c’est-à-dire avec un prix de vente supérieur à 700 000 euros, tandis que dans des régions comme la Côte d’Azur, la côte atlantique ou Dans des villes comme Paris, le prix médian de ces biens dépasse 1,4 million d’euros. Car le département n’est pas forcément une destination privilégiée par les plus fortunés. Mais la situation pourrait-elle changer un peu ?
Dans le Marmandais et le pays de Duras, on peut en tout cas constater un « effet Trump ». Oui, déjà. « Les Américains avaient anticipé son élection six mois avant les votes et, en fait, cherchaient à acheter en France et pourquoi pas ici. Étonnamment, de nombreux acheteurs viennent de Floride », ajoute Alexander James Green.
Grandes surfaces
Que recherchent-ils ? « Propriétés d’une superficie supérieure à 200 m² et avec possibilité de construire une piscine, si elle n’est pas déjà présente. Ils arrivent avec de bons budgets et ne négocient pas : une visite virtuelle peut leur suffire. C’est un marché qui n’existait pas auparavant. Cela continuera pendant toute la durée de son mandat, mais après ? », demande encore les Duraquois.
Les taux de change sont favorables pour les clients britanniques et américains.
L’un de ses biens les plus chers ? Un château proche de Casteljaloux sur un domaine de 35 hectares qui comprend 25 pièces dont 10 chambres, et dont les propriétaires préfèrent garder l’anonymat. Prix de départ : 1 990 000 euros.
Toujours selon ce dernier, l’âge moyen de ces acheteurs se situe autour de 55 ans et le secteur Duras attire les étrangers dans un rayon de 15 km autour de la cité ducale. « Généralement, on les vend en trois semaines, c’est rapide, d’autant que les taux de change sont favorables aux Britanniques et aux Etats-Unis. »
Tout le monde s’accorde à dire qu’en termes de transactions, les prix stagnent. « L’année 2024 a été un peu calme dans le Lot-et-Garonne et ailleurs. La situation politique de 2024 en France y est pour quelque chose, selon moi. Je pense que 2025 verra une augmentation des ventes, notamment pour les maisons ou châteaux qui ne nécessitent pas de rénovations », assure Jane Vernon, commerciale chez Maxwell-Baynes/Christie’s International Real Estate. En activité depuis dix-huit ans, elle compte dans son portefeuille une trentaine de propriétés de prestige. Pour 1,16 million d’euros, vous pourrez vous offrir un petit château à tourelles avec plus de 2 hectares de terrain et une piscine chauffée dans le Marmandais, ou encore un château datant du XIIe siècle avec sa piscine à débordement, affiché près de 1,5 million d’euros.
Pour ces dernières, les transactions peuvent durer entre six et douze mois. « De nombreux acquéreurs, du nord ou de la région parisienne, les ont acquis comme résidence secondaire ou résidence de vacances et s’ils s’en séparent, c’est qu’ils ne peuvent plus vraiment se déplacer », ajoute l’intéressé. .
Entre 100 et 150 propriétés
Parisiens, Britanniques et acheteurs du nord de l’Europe sont également les clients majoritaires de Franck Chatelet, président de l’Amepi du Lot et du Lot-et-Garonne, le plus grand groupe d’agences franchisées et indépendantes, (30) qui regroupe 140 salariés. « C’est un marché aux formidables opportunités, reconnaît le professionnel, même s’il ne représente aujourd’hui que 3 % du chiffre d’affaires global. »
Selon cette dernière, 100 à 150 biens de ce type sont disponibles dans le département et plusieurs critères motivent le choix des acquéreurs, dont l’âge moyen oscille entre 50 et 70 ans.
Le climat joue en notre faveur et nous ne souffrons pas de pénurie d’eau.
« Ils se dirigent vers le Lot-et-Garonne, car d’une part, ici, on peut s’offrir quelque chose de remarquable avec une surface habitable bien plus grande que dans leur région d’origine. Ensuite, le climat joue en notre faveur et nous ne souffrons pas de pénurie d’eau. Et puis dans le département, ils bénéficient d’une intégration « facilitée », se réjouit le directeur de la Maison de l’immobilier, à Villeneuve-sur-Lot.
Au-delà d’un secteur, c’est le calme et l’absence de vis-à-vis, ainsi que la présence d’un village à proximité pour « vivre à la française », qui les guident dans leur achat. Les propriétés sont aussi souvent équipées d’hébergements, ce qui leur permet d’exercer une activité et de « rencontrer du monde ». La maison la plus chère qu’il a vendue ? Un bâtiment de 600 m², avec 20 hectares de terrain, vendu 1,5 million d’euros. Mais les nouveaux propriétaires, pour vivre heureux, préfèrent se cacher…
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