“Telegram n’a pas été créé pour être une plateforme pour les criminels”Pavel Durov s’est défendu devant deux juges d’instruction le 6 décembre. Le patron de Telegram, accusé de complicité dans la commission de plusieurs crimes et délits, a été entendu devant la justice française pendant près de dix heures. franceinfo révèle en exclusivité, vendredi 17 janvier, les déclarations de Pavel Durov devant les juges.
Le patron du réseau social est accusé de ne pas avoir pris de mesures contre la diffusion de contenus criminels sur la messagerie. La justice soupçonne en effet une possible complicité de la plateforme de messagerie avec des actions criminelles. Pourtant, le multimilliardaire – mis en examen fin août pour 16 délits – assure que ces usagers sont «nuisible à l’activité et à la réputation de Telegram».
Interrogé par les magistrats sur les contenus illicites partagés en masse sur Telegram, sur les chaînes qui permettent d’acheter facilement de la drogue, sur les coordonnées bancaires volées, sur la possibilité d’embaucher un tueur à gages, ou encore sur les groupes qui proposent des contenus pédocriminels, Pavel Durov – accompagné par trois de ses avocats – répond et promet que Telegram s’engage à « améliorer ses procédures de modération ». Il assure également que le réseau social supprime chaque mois dans le monde entier « entre 15 et 20 millions de comptes d’utilisateurs pour avoir enfreint la loi », et que Telegram n’est pas le seul réseau social concerné par ces problématiques, pointant du doigt ses concurrents.
Plus spécifiquement sur les contenus pédocriminels, le patron de Telegram dit prendre cela très au sérieux : “On les retire le jour même”assure-t-il. Devant les juges, Pavel Durov affirme même collaborer avec plusieurs associations luttant contre l’exploitation des enfants. Des initiatives lancées après l’arrestation du multimilliardaire, lui ont fait remarquer les magistrats. “C’est lors de ma garde à vue que j’ai pris conscience de la gravité de tous ces faits”» avoue le patron de Telegram.
-Pour appuyer ses propos, Pavel Durov explique qu’au cours des six derniers mois, Telegram a collaboré avec les forces de l’ordre et que 10 000 données d’utilisateurs ont été transmises aux autorités du monde entier. Entre l’arrestation de son patron fin août et fin septembre, Telegram a répondu à toutes les réquisitions de l’Ofmin (Office des mineurs) envoyées, soit une centaine, selon les informations de franceinfo. Un chiffre qui reste bien en deçà des multiples demandes formulées chaque année par les autorités françaises et auxquelles Telegram n’avait jamais répondu jusqu’à présent.
Malgré les suppressions de comptes revendiquées par Pavel Durov, l’utilisation de Telegram par les criminels n’a fait qu’augmenter ces derniers mois, soulignent les juges, chiffres à l’appui. Sur les cinq premiers mois de l’année 2024, 535 procédures ont été ouvertes uniquement par la gendarmerie, contre 808 pour l’ensemble de l’année 2023. Entre 2017 et 2024, les gendarmes ont recensé 2 000 procédures pour des infractions commises ou facilitées via Telegram. La plateforme Pharos, de son côté, en a enregistré 2 700 pour la seule année 2023, menés par le trafic de drogue, la diffusion de contenus pédophiles, les escroqueries, le terrorisme ou encore le trafic d’armes.
Mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, Pavel Durov a dû payer une caution de cinq millions d’euros. Lui, qui vit principalement à Dubaï, est contraint depuis fin août de rester en France et de se présenter au commissariat deux fois par semaine. Une autre enquête a également été ouverte contre le milliardaire pour « violences graves » commises à Paris sur l’un de ses fils né en 2017. Selon les informations de franceinfo, dans ce contexte, l’ex-compagne de Pavel Durov avait été entendue en octobre dernier par les enquêteurs français de l’Ofmin. et avait décrit un épisode de violences, en novembre 2021, sur son fils âgé de 4 ans à l’époque, commis selon ses dires à l’hôtel Le Ritz à Paris.
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