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Dans l’Hérault, le secteur du BTP va droit dans le mur

Dans un contexte politique incertain depuis l’été 2024 et un environnement économique dégradé depuis deux ans, la catastrophe s’empare du secteur de la construction. En Occitanie, la Fédération française du bâtiment (FFB) annonce un besoin de 47 500 logements par an pour une moyenne de 41 000 logements construits par an sur la période 2013-2023, mais une production de seulement 26 950 en 2024 et des prévisions de 25 800 en 2025. . Avec des effets dévastateurs sur la santé des entreprises et de l’emploi.

Dans l’Hérault, les propos de Gilbert Comos, le président de la FFB départementale, ont du mal à être optimistes.

« Au niveau national, la construction représente 6,5 % du PIB, mais elle est de 10 % dans l’Hérault, a-t-il rappelé à la presse le 17 janvier. Ce que nous redoutions arrive : une crise sans précédent depuis le début des années 1990. Dans l’Hérault, le secteur de la construction emploie 26 000 salariés et environ 3 000 intérimaires. En 2024, nous avons perdu plus de 1 000 emplois, et les lignes directrices pour 2025 nous font craindre d’en perdre 2 000 de plus. »

La FFB n’hésite pas à parler de « effacement du bruit » : après 3 800 emplois supprimés en Occitanie sur les dix-huit derniers mois, et 10 000 menacés en 2025 « si le gouvernement n’entreprend pas de politiques proactives pertinentes », la FFB estime qu’en moins de trois ans, 14 000 salariés seraient perdus en Occitanie, « soit cinq fois le nombre de salariés inscrits au plan social actuellement mis en œuvre dans la grande distribution.

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“On commence à manquer de cartouches”

En 2024, on compte 1 300 faillites d’entreprises en Occitanie, dont 360 dans l’Hérault (où le BTP compte 19 000 établissements), « de toutes tailles, dont certaines existent depuis plus de trente ans », précise Gilbert Comos. Une hausse de 31% par rapport à la moyenne des dix dernières années. Le président de la FFB énumère les raisons multifactorielles désormais connues de cet effondrement (crise sanitaire, guerre en Ukraine, crise énergétique, inflation, hausse des coûts de construction, hausse des taux d’intérêt et marché immobilier en chute libre). , ” avec tous les curseurs que nous avons déplacés simultanément ».

« La construction fournit des emplois – la masse salariale représente 40 % du prix de vente – mais affiche de faibles marges de 2 à 3 %, il explique. Des entreprises dont beaucoup ont passé un EMP [prêt garanti par l’Etat] qu’ils doivent rembourser en cas de contraction de l’activité, n’ont pas la capacité de faire face sur une longue période. Nous commençons à manquer de cartouches.

Au niveau national, la FFB se dit pessimiste pour 2025, prévoyant un scénario similaire à celui de 2024 : une baisse des nouvelles constructions de 14,6%, dont 14,2% en logement et 15% en non résidentiel, couplée à l’amélioration et à l’entretien. des travaux qui n’avanceraient que de 0,9%. L’activité de construction pourrait ainsi reculer encore de 5,6%.

« Nous sommes à la croisée des chemins, prévient Gilbert Comos. Soit notre secteur continue de décliner avec une telle destruction d’emplois et de compétences qu’il lui faudra quinze ans pour s’en relever. Soit il y a une vraie prise de conscience, notamment de la part des politiques qui doivent être responsables.»

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Message politique

Le président de la FFB héraultaise essaie cependant de ne pas être trop alarmiste. Et tente (laboratoirement) de trouver de bonnes raisons de croire en un avenir meilleur…

“Ce que le Premier ministre a dit dans son discours de politique générale va dans le bon sens, comme le rétablissement du prêt à taux zéro, dit-il. Valérie Létard a été retenue dans son ministère. Et la petite musique sur le logement est partout aujourd’hui, nous commençons à nous faire entendre… Nous avons toujours trouvé le ressort pour nous adapter, même si toutes les entreprises n’ont pas cette même capacité de résilience. »

Le secteur pourrait-il mieux se redresser dans ce département à forte démographie ? Gilbert Comos veut y croire : « Cette démographie nous convient, car les besoins en logement sont colossaux. Nous avons la chance d’avoir une Métropole Montpelliéraine dynamique, qui a lancé un choc d’offre [8 000 logements sur deux ans] en 2022 ». Mais il adresse un autre message au président de la Métropole de Montpellier : une péréquation différente de celle pratiquée aujourd’hui entre typologies de logement.

« Puisqu’il n’y a plus de système d’aide à l’investissement locatif, il faut revenir à 25 % de logements sociaux et intermédiaires, car actuellement, ce sont les 25 % de logements gratuits qui doivent financer le reste, ça ne marche pas. Pour faire baisser les prix, il faut construire. Il nous faut donc une volonté politique pendant deux ou trois ans, le temps que les gens puissent accéder au logement et que notre secteur se rééquilibre. »

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« Ce serait un coup dur ! »

En attendant des jours meilleurs, les entreprises du BTP misent notamment sur des marchés publics engagés qui pourraient encore les soutenir en 2025, » les opérations lancées par Altemed [l’aménageur de la Métropole de Montpellier] ou la Ville de Montpellier comme la construction de nouveaux groupes scolaires, mais aussi celle de collèges, lycées et logements sociaux », liste Gilbert Comos.

Il appelle les maîtres d’œuvre publics à maintenir leurs investissements et à protéger les projets déjà financés. ” Sinon, ce serait un coup dur ! » il prévient. Une demande qui intervient à un moment où les collectivités locales elles-mêmes doivent composer avec des budgets contraints.

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