A Mayotte, le retour des enseignants n’interviendra que la semaine prochaine au plus tôt, le temps que les communes puissent remettre de l’ordre dans les écoles. Ils ont servi de lieux d’hébergement pendant le cyclone puis la tempête du week-end dernier. Malgré tout, la vie tente de reprendre un peu son cours normal. Les embouteillages sont revenus, le ramassage des déchets continue.
Même si le paysage s’est verdoyant depuis un mois, la nature est toujours en état de choc. Les grosses chauves-souris (roussettes) ne peuvent plus se cacher dans les arbres, les lémuriens (les petits lémuriens locaux) ont été désorientés et les oiseaux recherchent des graines. L’avenir de l’île dépend de la résilience de la végétation.
Le lac Karahani, près de Combani, est un paradis pour les oiseaux, la seule réserve naturelle d’eau douce de l’île. Un site fustigé par Chido. Les canneliers, les tulipiers, les cocotiers sont tombés, se souvient Anisse Ahamada du Gepomay, le groupe d’étude et de protection des oiseaux de Mayotte : « Les arbres étaient empilés les uns sur les autres et voilà, cela a créé ce paysage de cimetière d’arbres. C’est un choc, on n’y croit pas, ça change totalement le paysage.»
Même désarroi pour Daniel Nassur, en découvrant l’arrière mangrove de la baie de Bouéni, il y a un mois : « On était dans une forêt verdoyante, avec des espèces d’oiseaux qu’on entendait, une grande diversité… On arrive là-bas et tout est dévasté, tout est à terre. C’est le silence complet, il n’y a plus rien.» Emilien Dautrey, le directeur du Gepomay, pensait que la nature n’allait pas se relever : « On se demandait comment la vie allait reprendre là-bas. Et puis d’un coup, il y a une semaine et demie, deux semaines, les petites feuilles ont recommencé à pousser et c’était exponentiel.
En fait, comme les humains, la végétation a dû digérer le choc : “Nous avons des arbres tombés, qui ont encore des racines plantées dans le sol et qui repoussent.” Les arbres devraient donc pouvoir à nouveau produire des fruits et des fleurs, ce qui est indispensable pour nourrir les oiseaux et la petite faune locale.
-Espèces indigènes – c’est à dire Mahoraises – j’ai besoin de plus de temps pour partir. Il faut absolument les protéger, dit Emilien Dautrey, et empêcher que ces zones défrichées par Chido soient cultivées. : « Là-bas, si on met l’agriculture à la place des forêts, les sécheresses sont garanties chaque année. Nous nous dirigeons droit vers le mur en termes de ressources en eau et de tous les autres services écosystémiques. Car la forêt et la mangrove sont les climatiseurs de Mayotte et le refuge des oiseaux et petits mammifères.
À Mayotte, la biodiversité reprend ses droits après avoir été ravagée par le cyclone Chido. Reportage de Béatrice Dugué
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