Face à la hausse des prix alimentaires et à l’impact de la sécheresse sur la production agricole, le Maroc a décidé de suspendre temporairement les taxes sur les importations de riz pour l’année 2025.
Cette mesure, inscrite dans la Loi de Finances 2025, vise à renforcer l’offre de produits essentiels et à soulager le pouvoir d’achat des ménages. Avec un quota de 55 000 tonnes de riz cargo autorisé à l’importation sans droits de douane ni TVA, cette initiative soulève des questions sur son impact potentiel sur la sécurité alimentaire et la stabilité des prix.
Le riz, un élément d’une stratégie de diversification
Le Maroc, confronté à des défis agricoles accrus par le stress hydrique, cherche à diversifier les sources de son approvisionnement alimentaire. Si le riz est un aliment bien connu des consommateurs marocains, son rôle dans l’équilibre des marchés alimentaires pourrait être renforcé par cette mesure. Produit dans des régions moins touchées par la sécheresse, notamment en Asie, le riz représente une option complémentaire aux céréales locales. Il serait toutefois hâtif de conclure que cette suspension des taxes réduira immédiatement la pression sur d’autres produits comme le blé dur ou l’orge, également en hausse.
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Mesures pour stabiliser les prix des denrées alimentaires
L’exonération des taxes sur le riz s’inscrit dans une politique globale visant à atténuer les tensions sur les prix alimentaires. Outre le riz, le gouvernement marocain a adopté des mesures similaires pour d’autres produits essentiels, notamment les viandes rouges, les animaux vivants et l’huile d’olive. Ces exonérations, accompagnées de quotas spécifiques, visent à stabiliser les prix tout en garantissant une offre suffisante pour répondre à la demande intérieure. Par exemple, 150 000 bovins et 700 000 ovins pourront être importés sans droits de douane, selon les dispositions de la loi de finances 2025.
Répondre aux défis de la sécheresse et de l’inflation
La sécheresse persistante, qui a gravement affecté les cultures céréalières et l’élevage au Maroc, reste un obstacle majeur à la sécurité alimentaire. En réponse, le gouvernement mise sur les importations stratégiques pour combler les déficits locaux. Toutefois, ces mesures, bien qu’essentielles à court terme, ne résolvent pas les causes structurelles de la crise. Les prix élevés des intrants agricoles et la dépendance à l’égard des marchés internationaux continuent d’affaiblir l’économie nationale.
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Le riz, dans ce contexte, pourrait jouer un rôle plus large, en réduisant la dépendance à l’égard de certains produits sensibles aux aléas climatiques. Cependant, son impact sur la sécurité alimentaire globale reste à évaluer, notamment en termes de coût pour les ménages et d’équilibre des marchés.
Vers une alimentation durable ?
Si ces mesures offrent un répit temporaire, elles soulignent l’importance d’une vision à long terme pour renforcer la résilience alimentaire. Le Maroc devra intensifier ses efforts pour mieux gérer ses ressources en eau et diversifier sa production agricole. Des projets de dessalement, comme la station prévue à Rabat en partenariat avec Veolia, ou des investissements dans des cultures adaptées au climat local, sont des pistes prometteuses.
L’exonération des taxes sur le riz pour 2025 est une réponse immédiate à une situation critique, mais elle invite également à réfléchir à des solutions structurelles. Diversifier les sources d’approvisionnement tout en renforçant la production nationale apparaît comme une double nécessité pour assurer une sécurité alimentaire durable.
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Une mesure temporaire aux effets encore incertains
L’exonération des taxes sur le riz illustre une volonté de s’adapter aux défis économiques et d’offrir un répit face à la flambée des prix alimentaires. Cependant, son impact à long terme sur la sécurité alimentaire et l’accessibilité financière reste incertain. Le Maroc se trouve à un carrefour stratégique, où des actions immédiates doivent être combinées à des réformes profondes pour construire un système alimentaire résilient et durable.
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