Pause déjeuner de bienvenue, ce mercredi, à 14h30. Abdoul Soumana semble tiré malgré une sieste rapide et à moitié réparatrice. Les dernières nuits ont certainement été agitées par un petit bonhomme de 13 mois souffrant de gastro et d’un rhume. Mais surtout, celle qui est technicienne d’élevage chez Poulailles de Kerguilavant travaille dur, comme toute l’équipe, en cette période de pré-fêtes.
Abdoul, aujourd’hui âgé de 27 ans, connaît la musique : il travaille depuis trois ans dans cette ferme de Pleuvenn réputée pour ses poulets bio. Il y est arrivé grâce à un cursus d’enseignement supérieur qui l’a conduit du Niger au Zoopôle de Ploufragan, en passant par l’Algérie et le lycée agricole de Kernilien, près de Guingamp. Avec deux BTS et un certificat de spécialisation avicole en poche, l’étudiant a rapidement suscité les envies des chefs d’exploitation qui avaient beaucoup de mal à recruter.
Satisfaction au travail
Pour certains, ni sa couleur de peau ni son origine africaine ne constituaient un sujet. « L’intégration dans cette entreprise a été très simple. La famille de Guénaël Kernévez est sympathique et solidaire. Elle m’a aidé à trouver un logement et du mobilier », commente le jeune homme, plutôt satisfait de son travail et de la grande confiance qui s’instaure dans une relation de travail. “De toute façon, si je n’avais pas apprécié mon travail, je serais parti.”
La famille de mon employeur est amicale et solidaire. Elle m’a aidé à trouver un logement et des meubles.
Après avoir signé un CDI, Abdoul Soumana a rapidement quitté le Foyer des Jeunes Travailleurs de Quimper – où nous l’avons rencontré il y a presque trois ans jour pour jour – pour un appartement dans la commune de Pleuven. Gage de stabilité et de sérénité, il s’est installé dans un logement décent pour une vie de travail. « Je n’ai pas beaucoup de temps pour faire partie d’un club ou d’une association », regrette celui qui se dit désormais intéressé par le bénévolat auprès des pompiers.
Jardin et pommes pour atténuer la solitude
Reste qu’à 6 000 km de chez soi, les soirées à Fouesnant sont parfois très longues, même avec une journée de travail à son actif. Pour vaincre cette solitude qui le faisait parfois douter, Abdoul a d’abord reconstruit un réseau relationnel. Le frère de son patron, aujourd’hui retraité, avec qui il s’entend particulièrement bien, par exemple. Auxquels s’ajoutent quelques rencontres au fil du quotidien. « Je vois aussi régulièrement des compatriotes à Audierne, Brest ou Morlaix.
Quand je me sens trop déprimé, je prends ma voiture et pars à Guingamp retrouver une famille qui m’a accueilli. C’est vrai que les hivers sont longs ici.
Abdoul sait aussi activer le lien d’amitié profond qu’il a noué avec la famille Crenn de la région de Guingamp. « Quand je me sens trop déprimé, je prends ma voiture et je monte. C’est vrai que les hivers sont longs ici.
Solitaire, curieux et travailleur, le jeune aviculteur s’est mis au jeu du potager durant les belles saisons avec l’aide d’un maraîcher professionnel de Mousterlin. Abdoul savait aussi récolter les pommes boudées ces dernières années par les propriétaires de Kerguilavant, pour en faire un jus dont il commence à comprendre les secrets de fabrication.
Devenu père et rejoint par sa femme
Car Abdoul Soumana veut continuer à apprendre. Il nourrit discrètement de l’espoir pour son pays : « Le Niger est riche en eaux souterraines. Si les jeunes réinvestissent l’activité agricole et la terre avec les technologies et les connaissances d’aujourd’hui, il existe des possibilités de développement et d’autonomie », affirme-t-il. Il est également passé à l’action en achetant 2 000 m2 à proximité du domicile de ses parents, en périphérie de Niamey. Ses frères y développèrent une petite plantation de citronniers et de manguiers. Abdoul rend visite à sa famille une fois par an pendant ses longues vacances qu’il prend en hiver.
Pour le moment, mon projet de vie est ici avec ma femme et mon fils.
Calendrier et grands projets ont été bousculés par la naissance au Niger de Billo, son petit garçon, aujourd’hui âgé de 13 mois. Redistribution des cartes.
Son épouse Nadia, 23 ans, et son fils l’ont rejoint à Pleuven en septembre. Elle souhaite terminer ses études en économie sociale et familiale et travailler ici. Abdoul a engagé une procédure pour obtenir la nationalité française. « Pour le moment, mon projet de vie est ici avec ma femme et mon fils », sourit-il. « Je dois trouver une petite maison avec un jardin. J’ai besoin d’être proche de la nature.
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