L’ASM a encore gagné en certitude, en cohérence et en respect en Deflandre. Il ne lui manquait qu’une chose pour ajouter trois points précieux.
En une semaine, les Clermontois ont mis le pied dans deux lieux infernaux, l’Aviva et Marcel-Deflandre, et ont entrevu, à deux reprises, le paradis. Sept jours après avoir mené la vie dure aux Leinstermen, Baptiste Jauneau et ses partenaires étaient clairement en mesure de s’imposer à La Rochelle. Mais le corps du colosse Will Skelton s’est interposé entre leur ballon de match et la terre promise, trois minutes avant le coup de sifflet final : “Sur le dernier maul, j’aurais aimé qu’il prenne la vidéo, murmura ensuite Christophe Urios. Parce que bébé (Massa) nous a dit qu’il avait marqué. Et le gérant dit : « Nous devons gagner le match. Lorsque vous tombez trois fois dans le but, vous devez gagner la partie.
Clermont n’y est pas parvenu et a fini par envoyer ses dernières munitions en tribunes via Sébastien Bézy : “Je décide de botter le dernier ballon en touche alors qu’on aurait peut-être pu mettre plus de pression dessus, explique le demi de mêlée. Mais nous étions cinq ou six sur le terrain et, vu la première mi--, je me suis dit que ce bonus défensif était bien… » Son patron valide : «Je pense qu’il avait raison. C’est ce que j’ai dit à Seb et au vestiaire. Il a raison parce que nous n’avions pas d’élan. Nous étions à domicile, face à une équipe qui mettait la pression. Nous n’étions pas en sécurité. Les conditions étaient très difficiles, il a fallu reculer de 50 mètres… Pour le moment, c’est important de prendre des points partout. Si trois unités supplémentaires auraient été d’une valeur précieuse, surtout dans ce contexte, l’essentiel était ailleurs, samedi, pour les Auvergnats. Cette partie a confirmé leur montée en puissance et l’impression que l’ASM fait encore une fois peur en Top 14, dans le sillage d’un peloton à la densité redoutable : « Depuis la reprise, nous avons pu être sur la route comme à la maison : c’est-à-dire une équipe difficile à battre, analyse Christophe Urios. On a gagné en régularité, on est plus solides, plus forts. Nous croyons en nous, nous avons confiance en nous. Même si nous ne gagnons pas le match, je crois que nous avons mérité ce respect. Pour moi, cela ne se mesure pas. Je veux que nous soyons craints à la maison mais surtout à l’extérieur.
« Nous sommes venus de si loin »
Dans cette opération de reconquête, ce déplacement en Charente marque une étape importante. Samedi, Clermont a tenu tête aux montagnes russes maritimes et peut même crier victoire à coups de poing : “Quand tu viens à La Rochelle, si tu ne fais pas la loi, tu es mort, continue Urios. Avec Bordeaux, à chaque fois, on a dit qu’on allait faire la loi mais on ne l’a jamais fait. Nous étions écrasés. Là, nous avons eu envie de leur expliquer. On les a mis en difficulté, on les a même fait sauter physiquement.»
A ce point fort, l’ASM doit désormais ajouter une pointe de maîtrise technique dans la transformation du jeu. Et dans la zone de vérité. Christophe Urios en est conscient : « Nous avançons mais nous ne sommes pas encore une grande équipe. Nous ne sommes pas dans la cour de La Rochelle. D’un autre côté, nous posons les bases qui feront en sorte que, demain, nous repartirons. Et partout. Si nous continuons à travailler comme nous le faisons, si nous continuons avec l’état d’esprit que nous avons, ce club va bientôt gagner à nouveau. Nous n’avons pas encore cette confiance en nous, cette qualité de certaines équipes mais nous progressons. Samedi soir, les supporters auvergnats avaient autant à rager qu’à espérer : «Nous avons parcouru un long chemin», se souvient le manager. Quand je vois où en était l’équipe il y a huit mois… » On est surtout curieux de savoir où il en sera dans six mois… La promesse est faite.
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