C’est le sujet qui a marqué toute la journée du jeudi 19 décembre 2024 devant la cour d’assises de Vienne jusqu’au dernier jour du procès pour l’enlèvement meurtrier de Khaled Bouderbala : y a-t-il suffisamment d’accusés pour répondre ? de ce crime pour lequel ils risquent la prison à vie ?
« Pour le bien de la famille, il faut supporter les zones grises dans cette affaire »a souligné l’avocat des parties civiles en début de matinée. UN « crime horrible » par lequel « Comme des lâches, à quatre contre un, vous avez massacré Khaled », lâche Me Sabilellah, pour le frère, la mère et les neveux de la victime.
« Un nouveau type de bataille juridique se profile »
Quatre contre un, comme le racontait la veille Deho-Guy Sery, lors d’aveux qui ont surpris le tribunal en fin de journée. Car, dès le début, il a soutenu l’incroyable histoire d’une bande d’Espagnols venus se venger et qui l’ont eux aussi attaqué. Finalement, hier, lui et Boinali M’ze ont reconnu les faits. Oui, ils ont bien kidnappé Khaled Bouderbala ce dimanche 6 septembre 2020. Mais ils n’étaient pas seuls. Sery a clairement dénoncé la présence de deux autres complices, des hommes venus témoigner à la barre le matin même et mardi.
« La compagne de Khaled m’a posé la question ce matin : comment pouvons-nous maintenant garantir que l’homme qui a été accusé hier et qui a dormi la nuit dernière à seulement 15 km de chez elle réponde ? »suite Me Takhedmitt. “Nous contacterons toutes les instances judiciaires compétentes pour ce que la cour d’assises ne peut pas faire ici, il a promis. Mais c’est triste qu’on ne puisse pas se dire qu’après ce procès c’est fini […]. Nous ferons tout notre possible pour trouver les moyens de rendre justice. »
“Depuis le début du dossier, il est établi que les trois n’ont pas agi seuls, a convenu l’avocat général lors de son réquisitoire. […] Je ne dis pas qu’il n’y avait pas de soupçons. » Mais les éléments objectifs n’étaient pas suffisants pour continuer. “Je n’aurais pas pu vous soutenir avec une manifestation” sur les deux autres accusés, dont l’un avait pourtant été mis en examen au cours de l’enquête. Concernant les nouvelles poursuites à leur encontre, Jean-Dominique Trippier a ajouté que les propos des deux accusés n’avaient pas plus de valeur que ceux des autres. “Je ne peux en tirer aucune conclusion” a conclu le représentant du ministère public.
« Une décision aberrante de non-culpabilité »
Les avocats de la défense ont mis le doigt sur le problème, citant le “erreurs et insuffisances d’une enquête” formulairee Minkowski, conseil à Boinali M’ze. “Parlons de ceux qui sont absents, de ceux qui devraient être avec eux pour partager la responsabilité”les prévenus qui, selon lui, en ont bénéficié, « une décision aberrante et définitive de non-culpabilité » et contre lequel “Nous ne pouvons rien faire de plus.”
Me Valls, pour Deho-Guy Sery, a dénoncé « Inégalité de traitement devant la justice pénale, car il y a deux accusés dans le box au lieu de quatre ». «C’est inacceptable, les deux autres sont à l’état sauvage. »
« Ce qui se profile aujourd’hui, c’est un nouveau type de bataille juridique » une promesse Me Takhedmitt, pour la compagne et les enfants de Khaled Bouderbala.
En attendant, demain vendredi 20 décembre, le verdict tombera pour les trois accusés jugés cette semaine.
Un acquittement et trente et vingt ans d’emprisonnement requis
« Vous avez semé la mort et le chaos dans la famille Bouderbala »a assuré l’avocat des parties civiles. Une famille qui n’habitait pas les quartiers mais à Mignaloux-Beauvoir, une sorte de « Wisteria Lane local, un quartier calme »complète Me Takhemitt, s’adressant ensuite à Deho-Guy Sery qui a juré hier qu’il n’avait pas de sang sur les mains : « Vos mains sont trempées dans le sang de Khaled Bouderbala. »
Une culpabilité également constatée pour le procureur général, qui a requis trente ans de prison pour celui qui s’est désigné comme l’organisateur de l’enlèvement. Éléments « objectif et solide » (téléphone, utilisation de la carte bancaire de la victime et caméras) qui existaient pour les deux principaux accusés avant le début du procès, assure-t-il.
Il a requis vingt ans de prison contre Boinali M’ze. « Il n’y a ni leader, ni suiveur, seulement des participants »pour le procureur de la République. Me Minkowski, son conseil, a dénoncé des réquisitions injustes et une peine habituellement demandée pour « des meurtriers en série, des terroristes ». «M’ze a kidnappé Khaled Bouderbala, il ne s’est pas suicidé»a-t-il expliqué, assurant que la victime était encore en vie au moment de son départ. Pour Ousmann Guirassy, innocenté hier par les deux autres, Jean-Dominique Trippier a demandé l’acquittement. “C’est un des dommages collatéraux de cette enquête, certes complexe, mais qui a donné lieu à des erreurs inexcusables”, a plaidé son avocat, Me Coutand.
Deho-Guy Sery, enfin, contre toute attente, a craqué lors de la plaidoirie de son avocat, qui a rappelé son parcours difficile. Me Valls a souligné l’action de l’accusé, qui a appelé les pompiers et a emmené Khaled à l’hôpital lorsqu’il a constaté l’étendue des blessures : « Le geste d’un homme désespéré qui tente de sauver un autre homme, après avoir été l’auteur de son martyre. »
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