La Bourse suisse a quelque peu creusé ses pertes jeudi en fin de matinée, à l’image des marchés européens. Les marchés sont toujours affectés par l’annonce de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui s’apprête à ralentir le rythme de ses baisses de taux.
La Fed a certes abaissé son taux directeur d’un quart de point comme prévu mais a laissé entendre qu’il ne pourrait y avoir que deux nouvelles baisses l’année prochaine, alors qu’elle en évoquait encore quatre en septembre. “Si tel devait être le cas, l’écart de taux entre la Fed et la BCE devrait encore se creuser et pénaliser, entre autres, l’euro face au dollar”, commente John Plassard de Mirabaud Banque.
Ce coup de frein de la Fed “a choqué et déstabilisé les marchés”, note la Landesbank Baden-Württemberg LBBW dans une note analytique. Cette dernière “a manifestement réagi de manière agressive”, commente l’expert de Swissquote, Ipek Ozkardeskaya, estimant que la Fed qui “a commencé à baisser ses taux il y a à peine trois mois avec une réduction massive” agit désormais de manière “erratique”.
A l’inverse, les analystes d’UBS jugent ce positionnement « logique » au vu de la situation économique. Et « comme c’est souvent le cas, les attentes du marché à l’égard de la Réserve fédérale étaient trop optimistes », explique Frank Sohlleder d’ActivTrades. Cette dernière a en effet revu à la hausse ses prévisions de croissance du PIB pour 2024 et 2025, alors que l’inflation est désormais attendue à 2,5% fin 2025, contre 2,1% auparavant. Le président de l’institut émetteur, Jerome Powell, a également souligné les incertitudes liées à la future administration Trump. Il n’en reste pas moins que cette annonce de la Fed laisse présager une augmentation de la volatilité à court terme sur les marchés, notent les experts de la grande banque suisse.
Ce sera au tour de la Banque d’Angleterre de se réunir cet après-midi, où le statu quo est attendu. Les dernières estimations du PIB américain pour le troisième trimestre sont également attendues. Toujours sur le front de l’actualité macroéconomique, le consommateur allemand entame l’année à venir moins pessimiste, alors que le pays se retrouve en plein tumulte politique en attendant les élections législatives prévues le 23 février. En Suisse, les exportations ont chuté le mois dernier, plombées par la chimie. et pharmaceutique, ainsi que le secteur horloger.
Vers 10h50, l’indice SMI reculait de 1,51% à 11.462,8 points, le SLI perdait 1,66% à 1895,2 points et le SPI abandonnait 1,40% à 15.291,04 points. Aucune des trente principales valorisations ne sortait de la zone rouge.
Les valeurs suisses du luxe Richemont (-2,2%) et Swatch Group (-1,3%), ont subi le recul des expéditions de montres suisses à l’étranger en novembre, marquées par un effondrement de 27% vers la Chine et de près de 19% vers Hong Kong. Les mois à venir seront cruciaux pour le secteur.
Du côté des poids lourds, Roche (-1,9%) a tiré les conséquences de l’échec d’une étude de phase IIb sur son traitement pasinezumab contre la maladie de Parkinson. Novartis (-0,3%) et, dans une moindre mesure, Nestlé (-0,1%) ont quelque peu pesé sur l’indice.
Zurich Insurance (-1,9%) a vu sa recommandation et son objectif de cours abaissés par UBS, en raison de sa forte exposition aux taux d’intérêt et à sa dette.
Le rouge du bas revient à TVA Group (-4,6%), suivi de Partners Group (-3,9%) et ABB (-3,7%), sans nouveauté particulière. Straumann s’essoufflait également (-3,4%), tandis que son objectif de cours était abaissé par Barclays.
Sur le marché plus large, l’éditeur de solutions logicielles Softwareone s’est distingué (+8,5%) après l’annonce de sa fusion avec son homologue norvégien Crayon. Le chiffre d’affaires cumulé est attendu à 1,6 milliard de francs.
De son côté, la foncière Novavest, fusionnée depuis juin avec son homologue Senioresidenz, a perdu quelques plumes (-0,6%). L’entreprise avait annoncé plus tôt qu’elle avait réussi à réduire le nombre de logements vacants dans son portefeuille. (AWP)
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