Même gamme de médicaments, deux pays, deux pratiques : depuis mercredi dernier, les vasoconstricteurs, ces sprays, poudres ou comprimés « magiques » qui débouchent les nez froids ne sont plus en vente libre en France – une ordonnance est indispensable. En Suisse, au contraire, aucune prescription médicale n’est nécessaire.
Derrière le tour de vis français, un souci : la pseudoéphédrine. Ce composant peut, dans de rares cas, provoquer des complications cardiaques, des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a donc décidé de limiter l’accès aux décongestionnants.
En Suisse, c’est Swissmedic qui autorise la commercialisation. C’est basé sur des études cliniques, explique-t-elle. Puis, si elle constate des écarts et d’éventuels effets indésirables dans le -, elle procède à des ajustements – « simples (ex. adaptation de l’information destinée aux patients) » ou « plus graves (ex. arrêt ordonné des médicaments) ».
« De nouveaux risques identifiés »
Pour la pseudoéphédrine, Swissmedic a changé de position en avril : pas d’interdiction, mais obligation d’ajouter sur la notice du médicament de « nouveaux risques identifiés » : survenue de syndromes d’encéphalopathie postérieure réversible (SEPR, augmentation) et de vasoconstriction cérébrale réversible (SVCR), qui notamment provoque des maux de tête aigus.
Aucun décès signalé
Ces conditions « peuvent s’accompagner d’une réduction de l’apport sanguin au cerveau et, dans certains cas, entraîner des complications graves, voire mortelles ». Swissmedic note qu’un «petit nombre de cas» ont été signalés. Aucun décès n’a été signalé, mais ces « nouveaux risques » doivent être considérés « à la lumière du profil de sécurité global de la pseudoéphédrine, qui inclut déjà d’autres événements ischémiques (ndlr : liés à l’obstruction d’un vaisseau sanguin) cardiovasculaires et cérébrovasculaires ».
Hypertension, maladie rénale : danger !
Alors, ces médicaments contre le rhume sont-ils dangereux ? Swissmedic “ne peut et ne doit pas avoir de position explicite” sur tel ou tel remède. Mais il précise qu’ils « ne doivent pas être utilisés chez les patients souffrant d’hypertension sévère ou de maladie rénale grave ». Christophe Berger, président de la Société vaudoise des pharmaciens, ajoute les femmes enceintes.
Il pense donc qu’à long terme, “on ira dans le sens de la France” : la balance entre bénéfices et risques est “de plus en plus défavorable, alors qu’il ne s’agit que d’apaiser les symptômes”. Car, confirme-t-il, même si « c’est vraiment rare », la pseudoéphédrine « peut vraiment accentuer les problèmes cardiaques du public le plus à risque ».
Les comprimés plus dangereux que les sprays
Il juge qu’à minima, les vasoconstricteurs sous forme de comprimés ou de poudre seront bientôt soumis à prescription. « Avec ce mode d’ingestion, beaucoup plus de matière passe dans le système sanguin » qu’avec un simple spray, qui dépose la substance sur les muqueuses.
Au Danemark, l’interdiction pure et simple
L’interdiction des décongestionnants est en tout cas lancée en Europe : le Danemark a par exemple totalement interdit les produits à base de pseudoéphédrine. «Ça se passe très bien, les gens ne sont plus malades ni gênés», assure Christophe Berger. Toutefois, selon lui, il n’y a pas urgence à serrer la vis en Suisse, sachant que ces médicaments ne sont vendus qu’en pharmacie, où le client est conseillé, et où d’éventuelles contre-indications peuvent être détectées.
Huit anti-rhumes sous surveillance
En Suisse, huit médicaments contre le rhume contiennent de la pseudoéphédrine :
-Complexe d’aspirine, granulés
-Pretufen Rhume et douleur associés au rhume, comprimés pelliculés
-Pretuval grippe et rhume, comprimés pelliculés
-Pretuval grippe & rhume C, comprimés effervescents
-NeoCitran Rhume/Froid, comprimés pelliculés
-Algifor Dolo Rhinogrippal, gélules
-Rinoral, capsules retardées
-Fluimicil Grippe Jour & Nuit, comprimés effervescents
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