Après son élection en 2017, Emmanuel Macron a fait « la mère de toutes les batailles ». Quitte à négliger ou à reporter le redressement des finances publiques. Avec 280 créations nettes d’usines entre 2017 et 2023, le défi de la réindustrialisation, sans être gagné, semblait en bonne voie.
La France a longtemps fait de la relance de la consommation la formule magique destinée à soutenir l’économie en cas de crise. Cette politique n’a pas seulement creusé le déficit de la balance commerciale. Associée à une fiscalité trop lourde pesant sur le système productif, elle a contribué à la désindustrialisation et aux délocalisations.
2 millions d’emplois créés depuis 2014
Depuis le rapport Gallois en 2012, ce n’est plus un sujet tabou. Priorité à la production basée sur une baisse de l’impôt sur les sociétés, la relance de l’apprentissage, une réflexion sur les impôts de production et un environnement normatif et réglementaire stabilisé. Permettre à la France de retrouver son attractivité. Mais aussi de créer 2 millions d’emplois depuis 2014. Dans certaines régions, les territoires industriels font la fierté.
L’instabilité politique actuelle, avec quatre Premiers ministres au cours de l’année écoulée, fragilise la France. L’incapacité à trouver un accord autour du budget et la difficulté à constituer une majorité gouvernementale créent un brouillard peu propice à la prise de risque et aux investissements. Dans cet environnement incertain, deux des moteurs de l’économie européenne, l’Allemagne et la France, sont confrontés à des vents contraires, tant politiques qu’économiques. Leur croissance potentielle (sur longue période) est désormais de l’ordre de 1 %.
Les deux pays souffrent. Seule différence : l’Allemagne peut compter sur une situation budgétaire plus saine pour se redresser. La France, quant à elle, doit éviter de retomber dans l’habitude de modifier les règles juridiques et fiscales. Et ne pas abandonner les efforts en faveur de l’apprentissage et de la recherche tout en ciblant mieux les bénéficiaires. Sans renoncer à économiser de l’argent.
Le moteur de la création de richesse de demain
Comparable à celui de nos voisins, notre modèle social coûte plus cher, rappelle le gouverneur de la Banque de France : 57,7 % du produit intérieur brut (PIB) d’une part, contre 47,7 % en moyenne pour la zone euro. Un écart estimé à 260 milliards d’euros.
Des marges de manœuvre existent, sans devoir sacrifier la politique en faveur de l’industrie, pour au moins trois raisons.
1. L’industrie est le moteur de la création de richesses de demain.
2. Les emplois y sont plutôt mieux rémunérés que dans les services et restent un facteur de promotion sociale.
3. Les usines sont le plus souvent situées dans des zones rurales ou des villes moyennes.
Sur ce sujet, la France a parcouru un long chemin. Elle reste convalescente et n’est pas à l’abri d’une rechute. L’échelle nationale ne suffira pas. Pour aller plus loin, la France aura aussi besoin de l’Europe. Cela implique la création d’un grand marché européen de l’épargne et des capitaux pour financer de nouveaux investissements dans les infrastructures et la décarbonation ; une partie de l’épargne européenne est aujourd’hui investie aux Etats-Unis. Enfin, cette bataille pour la compétitivité se jouera également sur l’énergie. Une fragilité mise en évidence par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
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