Petit à petit, sacs et meubles s’accumulent devant le rideau baissé des anciens locaux de Destination Famille, pendant que les derniers occupants attendent de savoir où ils seront hébergés. Ce mardi matin peu après 9 heures, la Ville de Marseille a évacué les habitants du 43, rue d’Aubagne, situé à peine 100 mètres en contrebas des immeubles effondrés. Comme dernier point dans les déboires du bâtiment qui abritait l’association de solidarité emblématique au rez-de-chaussée jusqu’au printemps 2023 et qui avait été frappé par des arrêtés de sécurité successifs depuis le 2 février 2023, avant d’être préempté en octobre dernier.
Au total, sept familles de locataires ont été immédiatement relogées par la municipalité, tandis que la préfecture a pris en charge les nuitées d’hôtel d’une dizaine de personnes qui occupaient les lieux sans droit ni titre. ” On nous a dit la semaine dernière que nous devions partir aujourd’hui pour emménager dans un logement, mais nous ne l’avons pas encore vu. », témoigne l’un des évacués, attablé à la boulangerie voisine avec un thé à la menthe. Un soulagement pour le septuagénaire, après un an et demi de galère. Sans solution après avoir vendu sa maison, elle y a trouvé un logement avec sa fille, qui a arrêté de travailler pour s’occuper d’elle, chez une connaissance. Mais elle découvre un appartement infesté de punaises de lit, et doit payer un loyer en espèces variant, selon les mois, de 400 à 500 euros. Autour d’eux, les logements sont occupés par des squats dont certains occupants doivent payer un loyer. à un seigneur des taudis « . Une plainte a été déposée auprès du parquet, ont expliqué les services de la Ville sur place. Quant à celui qui héberge la septuagénaire et sa fille, lui-même locataire, « il nous a soudainement lâchés », soupire le retraité.
« C’est un ancien hôtel meublé qui a changé de destination », décrit le directeur du logement de la Ville de Marseille, Florent Houdmont. Si la commune était propriétaire des locaux du rez-de-chaussée occupés par Destination Familles, les étages supérieurs appartenaient à un seul propriétaire. Mais alors que les services de la Ville ont prescrit des premiers travaux en février 2023 en réponse aux dégâts des eaux qui menaçaient certains sols et certains éléments de façade, « le propriétaire qui a la majorité et peut bloquer n’a pas été très actif », déplore Florent Houdmont. Certaines fuites sont réparées dans les salles de bains, pas assez, notamment pour l’association du rez-de-chaussée, qui alerte au printemps avec un droit de retrait. Ainsi, en octobre, un nouvel arrêté a été pris, puis en décembre face à la dégradation de la situation, avec interdiction d’occuper deux logements. Ce n’est que l’été dernier, alors que la municipalité préparait les travaux officiels, que le propriétaire a soudainement décidé de mettre ses maisons en vente. Des biens préemptés le 15 octobre par la Ville pour 300 000 euros, selon l’estimation de Domaines de France, en dessous du prix de vente. Mais alors que se préparent des travaux de restauration du bâtiment, de nouveaux dégâts des eaux surviennent, après une fuite de machine à laver. ce qui fragilise encore davantage les éléments porteurs des planchers « . Un incident de trop qui nécessite une évacuation.
Le bâtiment étant désormais vidé, la municipalité espère lancer les premiers travaux d’amélioration avant Noël. Une première étape avant de rechercher un acquéreur susceptible d’y créer des logements sociaux. ” D’ici l’été, nous aurons défini le projet », assure Florent Houdmont. Avant un long chantier, pour enfin réhabiliter le bâtiment.
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